Fleur Pellerin ou la mort de la culture

Mccarthy2Fleur Pellerin, Madame le ministre de la Culture, qui a réussi récemment la reductio ad Hitlerum de l’année en qualifiant d’acte nazi, le dégonflage du plug anal d’un bouffon scatologique, a lors des 24e Rencontres cinématographiques de Dijon, expliqué ce que devait être le rôle de son ministère.

Pour Fleur Pellerin, il n’y a plus de spectateur, de lecteur, de visiteur de musée, mais uniquement des « consommateurs » à qui il faut fournir ce qu’ils attendent. Transformer le spectateur ou le lecteur en simple consommateur nous met à des années-lumière de la naissance ce ministère créé par de Gaulle et dirigé par Malraux, le « seul capable de donner le ton et la grandeur qui s’imposent » pour offrir « au génie français du panache, du rayonnement ».

Madame Pellerin en fait une dépendance de celui de la Macron-économie de Bercy.

Car dans l’esprit de Madame le Ministre, la Culture n’est qu’économie et technologie.

«Il faut partir des usages des consommateurs»,  a dit Fleur Pellerin dans la capitale de la moutarde.

Même Jack Lang qui, jadis vendit un tag comme l’égal d’un Michel-Ange et un roulement de tamtam pour une symphonie de Mozart, a émis quelques réserves.

Il y a de quoi.

Si Fleur Pellerin inaugure encore quelques festivals et rouvre un musée en compagnie de l’hôte élyséen, c’est sans conviction. Pour elle, la Culture ce n’est plus cela.

Elle préfère l’utilisation d’algorithmes mathématiques pour la déterminer. Ces fameux algorithmes qui permettent sur Internet de vous proposer des « objets », des « contenus », d’après ce que vous avez consulté précédemment : « Si vous aimez ça, alors vous allez aussi aimer ça ».

Evidemment, à ces temps où Zemmour vend si bien « Le suicide français », Fleur Pellerin donne une touche hexagonale à son propos. Il faudra que les algorithmes mettent le doigt sur des « contenus » français. « Si vous aimez The Avengers 38, alors vous allez aussi aimer euh ! »

Ce gouvernement adore la diversité – mais seulement si elle est ethnique.

Côté culture, il préfère visiblement l’uniformité commerciale puisque, bien évidemment, les algorithmes ne désigneront que des choses semblables. Ils proposeront les mêmes sons, les mêmes écrits, les mêmes images. La même façon d’être.

Par une telle démonstration, Fleur Pellerin démontre surtout qu’il faut fermer de toute urgence son ministère puisque qu’il (et elle) ne sert plus à rien. Ce seront des dépenses en moins toujours appréciables en ces années de disette.

Avouant ne pas lire autre chose que des textes de lois et des dépêches, Madame le Ministre de la Culture n’a jamais parcouru un livre de Modiano, dont pourtant les « œuvres » sont loin d’être des romans-fleuves.

Une question de contenu et d’algorithme peut-être ?

Marcus Graven

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