Eric Besson à Calais, un vrai discours républicain face au politiquement correct

Voilà un ministre qui décoiffe, même pas peur semble dire ce ministre qui droit dans ses bottes à décider de passer outre la bien-pensance et le politiquement correct. Alors que la plupart des ministres avaient peur de leur ombre : Avez vous le moindre souvenir d’une déclaration de M.Borloo qui fut pourtant chargé des mêmes dossiers entre 2005 et 2007 ? Éric Besson, lui n’hésite pas à foncer. Connaissant bien ses amis de gauche, il n’hésite pas à répondre au GISTI ou à Harlem Désir et à défendre sa politique. Par rapport à la droite, il est cependant plus à l’aise, et maîtrise mieux les dossiers que son prédécesseur.
Après une première visite à Calais le 27 janvier 2009, dès après sa nomination, il y est retourné le 23 avril comme il s’y était engagé après avoir examiné quelles solutions apporter : fermeté et répression contre les passeurs, renforcement des contrôles sur l’autoroute. Suppression de la « jungle » cette zone de non droit, d’habitat de fortune mais où a trouvé place une mosquée. Il est vrai que pour arriver à franchir le Channel, mieux vaut implorer l’aide de Dieu, Inch Allal ! En lisant le Monde, on apprend que les entreprises en ont assez de se faire piquer leur matériel et que les salariés se font agresser en venant travailler. C’est bien la première fois que la réalité est ainsi décrite alors que ce phénomène ne doit pas être nouveau.

Fermeté mais aussi humanité : ouverture de sanitaires, d’un point de distribution des repas ainsi qu’un dispositif d’information pour ceux qui voudraient demander l’asile ou profiter du dispositif de rapatriement volontaire. Miracle ! Pour une fois, les associations se sont déclarées satisfaites ! Enfin, celles qui ont l’habitude de gérer les problèmes comme France terre d’asile ou Forum réfugiés. Pas celles qui font dans la charité et qui pensent que « cela ne règle rien, ils iront ailleurs ».
Rappelons que la gauche qui dénonce la politique de Besson n’avait rien fait que de s’empêtrer dans Sangatte qui a été crée en 1999 par Élisabeth Guigou. C’est aussi sous le gouvernement Jospin que les demandes d’asile ont explosé, la France devenant le premier pays de destination des demandeurs d’asile. La création de Sangatte a généré un afflux ingérable. La fermeture de Sangatte décidée par Sarkozy, ministre de l’intérieur, a quelque peu entraîné une diminution des flux. Mais le tunnel sous la Manche agit comme un aimant et les filières ont en outre bien intégré, dans le choix des passages, la présence d’associations caritatives et les instrumentalisent. Rien n’empêche effectivement les clandestins d’emprunter d’autres ports. Quand les bénévoles disent qu’ils ne font rien de mal et qu’ils n’écoutent que leur bon cœur, on veut bien les croire. Il faut tout de même qu’ils sachent que leur attitude est indéniablement prise en compte dans les stratégies des passeurs. Et qu’ils participent sous couvert d’humanité, qu’ils le veuillent ou non, à la stratégie des filières.
Reste à négocier fermement avec le gouvernement de sa majesté qui comme toujours est dedans et dehors de l’Europe. N’ayant pas signé la convention de Schengen de libre circulation, la Grande-Bretagne fait porter le coût du contrôle de la frontière à la France et la gestion d’une situation inextricable. Attirés par la diaspora communautaire, les Afghans, Irakiens, Érythréens n’ont qu’une idée en tête, rejoindre leurs cousins en Angleterre. Soit la Grande-Bretagne les laisse passer, soit elle doit afficher clairement sa position en envoyant des émissaires en France et prendre sa part dans la lutte contre les filières qu’elle attire.
Lors de cette visite ministérielle, il était assez cocasse d’entendre des étrangers en situation irrégulière, sur le sol français, déclarer qu’ils ne bougeraient pas, qu’ils resteraient quoiqu’il arrive. Ce qui n’empêche pas, certains de dénoncer la quasi dictature que serait devenue la France !
Un carton rouge au passage pour Canal Plus, dimanche 26 avril dans l’émission « dimanche plus » mettant en parallèle une déclaration d’Éric Besson à l’occasion d’une cérémonie de naturalisation et l’arrestation des clandestins de Calais. Quelle comparaison peut-on faire entre des étrangers en situation régulière en France qui deviennent Français et qui manifestent, n’en déplaise à Canal plus, leur joie avec la situation de personnes en situation totalement irrégulière ! Dans l’ultra mondialisme béat de ces journalistes, être étrangers irréguliers ou Français quelle différence, nous sommes tous des hommes dit l’humanitariste, qu’importe des nationalités et les frontières Cette caricature de la désinformation illustre parfaitement la mauvaise foi de cette chaîne qui combine l’ultra-gauchisme et l’ultralibéralisme.
Comme d’habitude, le PS n’a rien à proposer. Il se contente de s’aligner sur la charité chrétienne et de la bienpensance médiatique et après avoir projeté à l’Assemblée nationale le film de Lioret « Welcome »a déposé une proposition de loi pour protéger les « aidants » des sans papier ». Le PS a été beaucoup plus discret sur le film de Kean Loach « It’s the free World », – et totalement muet sur « la journée de la jupe » – qui dénonçait de manière beaucoup plus politique l’exploitation scandaleuse des immigrés en Grande-Bretagne dans un pays dirigé par Tony Blair, système admiré par Ségolène Royal et de Bertrand Delanoë, qui depuis a fait faillite de manière magistrale. Le niveau de conscience de ce parti dit de gouvernement est tombé au niveau de la charité chrétienne, c’est un bon pas pour s’entendre avec Bayrou. Mais s’apitoyer sur la misère humaine ne permet ni d’analyser les causes profondes de ce phénomène d’immigration clandestine ni a fortiori de trouver des solutions.
Dans un article de France-Soir du 24 avril, un journaliste évoque le cas d’un jeune afghan de 10 ans dont le frère aurait été tué par des Talibans. Il rapporte qu’il aurait fui l’Afghanistan, traversé la Turquie à pied. A aucun moment le journaliste ne met en doute son explication. Le frère de ce jeune garçon est peut être mort mais ce n’est pas pour cela qu’il vient au péril de sa vie de traverser la moitié de la terre. Ceux qui ont fui les Talibans sont partis depuis longtemps la plupart sont dans des camps en Iran.
Toute cette région a été déstabilisée par la guerre soviétique en Afghanistan largement fomentée par Reagan dans la logique de la guerre froide (voir à ce propos le film « La guerre selon Charlie Wilson »). La défaite de l’URSS, l’aide américaine aux Talibans a complètement désorganisé ce pays. Depuis, l’intervention internationale occidentale dans ce pays historiquement rebelle, enclavé, n’a pas apporté de progrès suffisants pour le peuple afghan. Si l’on assiste depuis l’arrivée du Président Obama, à une réorientation de l’intervention vers une politique de développement des infrastructures, les caractéristiques ethnico-sociales de ce pays ne vont pas évoluer miraculeusement. En 1924, les soviets qui avaient conquis difficilement l’Ouzbékistan voisin, s’étaient appuyées sur la seule force progressiste, les femmes. Il va falloir beaucoup de temps pour que les jeunes Afghans ne se laissent berner par les marchands de chimère qui vendent 3000 euros le voyage vers l’eldorado britannique et puissent choisir de vivre correctement dans leur pays.
Quand ce n’est pas la guerre, c’est la politique imposée par le FMI et la banque mondiale qui ont déstabilisé les structures sociales et productives des États africains ou d’Amérique latine. Je ne peux que vous conseiller la lecture d’un petit livre remarquable et édifiant « Le roman noir des matières premières » de Jean-Pierre Boris qui montre comment, grâce à l’action du FMI, la Côte d’Ivoire qui était citée comme un modèle de développement et qui gérait « à la française » la production du cacao, a en imposant la loi débridée du marché, entraîné la ruine de ce pays et les violences ethniques. Toute la politique ultralibérale a détruit les économies agricoles des pays en développement et a entraîné de violentes déstabilisations, la loi de la jungle comme au Libéria, en Angola, aux deux Congo, en Somalie, en Érythrée. Cette politique a jeté sur les routes du monde des hommes à la recherche d’un eldorado mythique.
A Patras, à Calais, à Ciudad Juarez, ils payent de leur vie cette mondialisation pour aller se faire exploiter et déstabiliser les pays développés.
Toute cette vaste déstabilisation et exploitation ne va pas se régler avec des larmes de crocodiles et des bon sentiments. C’est l’ordre économique et politique du monde qui doit être complètement repensé en réintroduisant des zones régionales d’échanges et de protection économique, en fixant des cours des matières premières permettant aux paysans d’en vivre, en développant des infrastructures sociales indispensables et aussi en s’attaquant aux filières de l’immigration clandestine.
Gabrielle Desarbres
Sources :
Le Monde Laetitia Van Ekhoute 25 avril 2009
Site du ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire : www.immigration.gouv.fr
Le roman noir des matières premières Jean Pierre Boris Pluriel hachette Littératures ; 7,50 euros- 2008

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