Incivilités quotidiennes dans un bus, place Clichy, dans le Paris de 2010…

Par ce froid vendredi de février, j’emprunte le bus 80 qui traverse Paris du sud au nord, de la mairie du XVème à celle du XVIII. Il est une heure moins le quart. A l’arrêt situé avant la place Clichy, montent quatre jeunes filles, âgées de 16 à 18 ans, plutôt mignonnes, pas voilées, des jeunes filles banales d’aujourd’hui.
L’une sort un portable rose bonbon et lit à haute voix un mail « menu de Saint Valentin, (je n’entends pas tout) le menu, 100 euros, au dessert, elle m’annonce qu’elle a ses règles, ça vaut une sodomie ». Et de bien rigoler. J’avoue que je suis scotchée comme disent les jeunes ou abasourdie comme disent les vieux. Commence, toujours à haute voix, une discussion pour savoir qui a été sodomisée, seule celle qui a le portable, si j’ai bien compris, et dans une cave ! Les autres non, elles ont peur, c’est tellement cru que j’essaye de ne pas entendre, les autres passagers n’ont pas l’air choqué…
Ils sont peut-être sourds. Ces jeunes filles continuent leur conversation, je me demande si avant d’être voilées celles qui portent la burqa ont tenues aussi ce genre de propos, putes ou soumises sont mes réflexions tandis que je m’apprête à descendre du bus trop tôt. De l’autre côté de la place Clichy, monte une horde de jeunes, bruyants, rotant ostensiblement, toutes origines et peu amènes. Deux jeunes restent devant la porte et un jeune genre titi parisien bloque la porte pour attendre une copine. Une fois, deux fois, trois fois. Arrive le chauffeur du bus qui vient l’engueuler, repart, le jeune recommence et j’interviens. « Pourriez vous s’il vous plait laisser repartir le bus, merci »

Dans ces circonstances, on n’est jamais assez poli. Ma politesse ne suffit pas à calmer ces excités dont une fille métis, aux yeux bleus, qui aurait pu être jolie si sa grossièreté et sa violence ne gâchait pas le reste. Un monsieur âgé s’énerve, s’emporte, elle le traite de tous les noms, prête à se jeter sur lui. A côté, un homme noir, débonnaire, rigole. Je l’interpelle : “Monsieur, ne croyez vous pas que face à ces jeunes agressifs, vous devriez prendre la partie de cet homme âgé ? J’ai lu qu’en Afrique, dont semble originaire cet homme, on traite avec respect pour les personnes âgées”. Mais il me répond « c’est lui qui a agressé les jeunes ». Sans commentaires
Le jeune qui bloquait le bus a calmé sa copine qui ne s’est pas jeté sur le vieux monsieur, la bande est descendue à l’arrêt suivant, en même temps que moi. Il m’a dit en sortant : « faut pas nous prendre pour des délinquants.» Des délinquants, peut-être pas mais comme le disait Jean Pierre Chevènement des sauvageons, certainement.
Je plains les chauffeurs qui doivent tous les jours se payer ces jeunes abrutis pour un seul arrêt. J’imagine que ni les parents, ni les autorités du lycée Jacques Delcourt, d’où sortent apparemment ces jeunes, ne se sentent ni responsables ni coupables. Je pense à ce pauvre vieux monsieur qui, courageusement, a osé réagir dans l’indifférence générale. Je pense à Isabelle Adjani qui a reçu un globe de cristal pour son interprétation pour le film “la journée de la jupe” et dont on a peu parlé car la bienpensance préfère la burqa à la jupe…
Ainsi va la vie, place Clichy.
Gabrielle Desarbres
ces-bus-ou-l-on-ne-se-sent-plus-en-securite-26-02-2010-829115.php

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