Je crains que l'identité nationale française ne soit perdue à jamais

Mesdames, Messieurs,
Suite aux excellents articles d’Yves Rectenwald et de Marc Isulnoy, publiés dans vos colonnes et concernant respectivement l’identité nationale et la journée sans immigrés, qui dénonçaient des manœuvres visant à la sempiternelle repentance nationale et à la culpabilisation de la France et des Français, de la part d’individus en rien moins irréprochables que quiconque, je me permets d’ajouter ma lettre du 3 courant à l’intention d’Eric Besson pour établir que l’identité nationale française est morte et enterrée depuis 1981, et encore n’ai-je pas mis en balance l’islamisation de la France, déjà dénoncée dans mon courrier à la direction du quotidien Le Monde et à Maurice Szafran de Marianne, mais toujours sans réponse à ce jour.
Je vous remercie de votre attention et vous prie d’accepter, Mesdames, Messieurs, mes cordiales salutations.

Raoul Sabas
M. Eric Besson,
En un temps, où vous combattez valeureusement pour tenter vainement de définir, voire de redéfinir, une identité nationale française pourtant à jamais perdue depuis 1981 et l’arrivée de la gauche au pouvoir, grâce au concours nocif de soi-disant intellectuels et de pseudo-philosophes faiseurs d’opinion parmi lesquels je place au premier rang Bernard-Henri Lévy, adepte de tout et son contraire dans ses rêves de cosmopolitisme paisible, sans oublier les « politiques » de gauche, un évènement fortuit survenu récemment au Parc Lumpini de Bangkok m’a permis de mesurer, s’il en était besoin, la différence énorme qui sépare l’identité nationale thaïlandaise, une vraie réalité, de notre prétendue identité nationale sans cesse démentie au quotidien dans son hymne national, son drapeau, sa langue et son Histoire, voire la couleur de peau de sa population nouvelle.
En effet, pour mesurer l’importance de l’évènement banal relaté, il suffit de se rappeler notre hymne national honteusement sifflé lors de matchs de football au stade de France contre des équipes du Maghreb, avec les excuses victimaires de tous les « vertueux censeurs » d’aujourd’hui, dont le principal défaut, preuves matérielles à l’appui, est de refuser de débattre sur le fond, ce qui est évidemment très pratique pour avoir toujours raison et lancer ses anathèmes de toutes sortes, essentiellement au prétexte de « stigmatisation » de l’islam et de ses fidèles ou non, religieusement parlant.
Par comparaison, le respect accordé à l’hymne national thaïlandais dans ce parc de Bangkok permet de juger ô combien de l’unité d’un peuple autour de ce symbole. En effet, alors que nombre de joggers, promeneurs, joueurs de badminton et autres se livraient à leurs occupations favorites, dès le premier son de la musique nationale, venu de je ne sais où, tous se figèrent aussitôt sur place, témoignant ainsi d’un premier critère réunissant effectivement tout un peuple, comme il en allait également ici auparavant – sauf à quiconque, évidemment, d’établir le contraire pour les années antérieures à 1981, où, à ma connaissance, la Marseillaise n’avait jamais été sifflée en public sur notre territoire!
Néanmoins, si le respect, voire l’amour, du drapeau et de l’hymne national suffisent déjà à témoigner d’une identité commune comme en Thaïlande, la langue n’est pas non plus le moindre critère unitaire d’un peuple. Or, sur ce plan aussi, notre pays atteste aujourd’hui qu’il n’a même plus sa propre langue en signe d’unité, ainsi que chacun a pu le constater au quotidien dans des lieux publics, et comme j’en ai eu encore confirmation dans l’aire de récupération des bagages de Roissy avec de jeunes maghrébins et l’incident survenu avec le préposé à la sortie des bagages. En effet, non contents de parler arabe entre eux au milieu d’une importante cohorte de voyageurs autochtones, un problème de bagage coincé entraîna une dispute – en arabe – avec cet employé, signe manifeste du rejet volontaire, voire provocateur, de notre langue, contrairement aux vagues d’immigration antérieures dont les ressortissants (Arméniens, Polonais, Italiens, Espagnols, Portugais, etc.) se gardaient bien de s’exprimer intentionnellement en public dans la langue d’origine de leurs ascendants.
Mais il est vrai aussi que, contrairement aux nouvelles vagues venues du sud, ces immigrés étaient d’abord reconnaissants envers la France de les avoir accueillis, ne lui demandaient pas de rendre des comptes, n’exigeaient pas des postes pour s’intégrer à la République, ne cherchaient pas à lui imposer une culture et des valeurs différentes au point même de remettre en question les enseignes des pharmacies, assimilées à un symbole religieux concurrent, encore moins à asséner constamment des condamnations moralisatrices superstitieuses – et ce, à l’inverse de la communauté immigrée d’origine asiatique dans son ensemble. Celle-ci, en effet, quoique de couleur et de religion différentes, et autrefois également colonisée, se garde bien de faire culpabiliser la France et les Français dans l’espoir d’indemnités compensatoires pour réparer les comportements de nos aïeux.
Ses membres sont sans doute conscients de l’anachronisme consistant à juger le passé avec notre mentalité « droit-de-l’hommiste » d’aujourd’hui, qui ferait condamner Voltaire et autres philosophes des Lumières pour leurs propos sur les « nègres », voire l’entreprise Banania pour un slogan bientôt séculaire, ou encore des propos de Tintin au Congo. Ceci témoigne sans conteste du refus de ce qui faisait la France d’avant la nouvelle immigration, et qui contraindrait à renier un passé que personne ne se hasarderait à juger exemplaire, exactement comme il en va des six milliards et quelques millions d’humains d’aujourd’hui – y compris les donneurs de leçons de morale aux Autres !
Pas de langue partagée unanimement, de façon intentionnelle, sans qu’il s’agisse de dialectes séculaires locaux, pas de drapeau ni d’hymne représentatifs reconnus par tous, une Histoire revisitée depuis 1981, où les divers communautarismes (juif, arabe, africain, caribéen, etc.) n’ont de cesse de faire culpabiliser la France et les Français au nom d’un passé révolu de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles, quitte à transformer en schizophrènes ceux qui se réclament de leurs papiers français – ils sont français, mais ils rejettent la France au profit de leurs pays d’origine -, quels autres critères fonderaient donc notre identité commune ? Assurément pas les drapeaux étrangers déployés à la moindre occasion, les multiples T-shirts revendiquant sa préférence pour des pays d’Afrique ou du Maghreb, et autres you-yous d’une culture qui est tout sauf française – vous avez dit « identité nationale » ? !
Elle est malheureusement bel et bien perdue pour longtemps, voire à jamais, hormis de rares circonstances exceptionnelles, car on ne gagne pas une Coupe du monde tous les ans, et encore faudrait-il analyser les raisons communautaristes partisanes de ce semblant d’unité passagère ! ! ! Quoi qu’il en soit, au vu des comportements relevés dans les pays d’origine évoqués, tous leurs représentants affichés ici sont particulièrement malvenus pour donner des leçons de morale aux Autres, à moins d’ignorer le sort des Berbères, des albinos, des Darfouri, des Zimbabwéens et autres, victimes là-bas de discrimination ethnique et xénophobe sans équivoque.
Pour ce qui est d’une couleur de peau identitaire, la Thaïlande donne encore le la. Certes, il est de bon ton aujourd’hui de faire croire que la France était multicolore depuis la nuit des temps, alors que les musulmans se comptaient à peine en quelques milliers au début du siècle passé, tandis que leur population a été multipliée par mille en moins d’une centaine d’années. Loin de moi l’idée d’associer les bons à une couleur de peau particulière, et les méchants à d’autres, mais la multiplication des pratiques communautaristes est loin de faire bon ménage avec une quelconque identité nationale, sauf à prétendre que la polygamie et le port de la burqa, entre autre, s’accorderaient avec l’identité française. Bien au contraire, on n’a de cesse de nous faire l’éloge de la diversité, mais une identité dans la diversité, qu’est-ce donc exactement, et d’où viendrait l’unité : des valeurs de liberté et d’égalité bafouées par tous et partout, puisque l’Idéal n’est pas de ce monde et ne peut y être transposé par des discours ou des textes de loi ? !
En revanche, l’identité nationale thaïlandaise se fonde aussi sur le critère ethnique de couleur de peau partagée, ainsi que quiconque aurait pu le constater en assistant aux grandes fêtes bouddhiques de fin janvier 2010 à Sakhom Nakom dans le Nord-est de la Thaïlande, à la frontière du Laos, où je devais bien être le seul parmi des dizaines de milliers de pèlerins et autres curieux, amateurs de bonnes affaires, à ne pas ressembler à un Thaï, de même qu’il n’est pas fréquent de croiser des non-Thaïs dans les rues de Bangkok, hormis les nombreux touristes occidentaux, ce qui n’est pas le cas dans nos villes françaises devenues multicolores – ceci, seulement, pour nier une quelconque identité nationale, à l’exemple de cette Malienne habitant Paris depuis vingt ans et déclarant sur France Culture, en parlant des Français au cours de l’émission « Sur les docks »:
« C’est la couleur de chez eux », en ajoutant : « Le bois peut durer dans l’eau autant qu’il peut, il ne deviendra jamais un crocodile », et précisant même pour lever toute ambiguïté : « Je peux rester en France autant d’années que possible, je ne deviendrai jamais française, je resterai toujours africaine, et même un jour, quand je demanderai la nationalité française, ça ne veut pas dire que je deviendrai française. Sur le papier, je suis française, mais de couleur et à l’intérieur, je suis africaine, c’est la réalité. » (Sic!) Vous avez dit « identité nationale française » ? !
En conclusion, je vous souhaite bonne chance dans votre courageuse entreprise d’établir une identité nationale française cohérente, mais vouée d’avance pour moi à l’échec au vu de la différence de fécondité des unes par rapport aux autres et de la démographie galopante du tiers monde, un péril plus certain pour l’identité nationale des pays du Nord que la prétendue catastrophe climatique, et qui débordera plus sûrement nos rivages, comme elle a déjà commencé à le faire. Pour plus de précisions concernant mon argumentation dénonçant le penser superstitieux dans toutes ses manifestations, je vous renvoie à ma lettre du 4 avril 2007, à laquelle vous aviez aimablement répondu par un petit mot manuscrit, toujours à votre disposition.
J’y avais joint une synthèse d’une trentaine de pages, adressée à Ségolène Royal pour dénoncer sa fallacieuse promesse idéologique d’ « ordre juste » ainsi que les mensonges et les « croyances au miracle » sur lesquels continue de fonctionner la société humaine universelle, et donc aussi la nôtre, comme aux pires époques obscurantistes de notre monde, dans ses croyances superstitieuses religieuses, toutes religions confondues (monothéistes et polythéistes), métaphysiques (matérialistes ou scientistes, idéalistes ou spiritualistes), idéologiques, toutes les idéologies sans exception, et moralistes, tous catéchismes réunis.
Elles sont néanmoins très utiles, voire « juteuses » aujourd’hui comme hier et demain, sur fondement d’égoïsme inné pour le plus grand profit de tous les faiseurs d’opinion de l’époque, tous milieux confondus [Médias, « politiques », intelligentsia (prétendus intellectuels ou pseudo-philosophes) et associations moralisatrices à sens unique], dans leurs polémiques constantes de toutes sortes, où chaque « vertueux autoproclamé », donneur de leçons de morale, reproche aux Autres ce que lui-même a fait hier et refera demain à la première occasion, où ses intérêts égoïstes de toutes sortes l‘exigeront dans ses affaires d’amour, d’argent et de gloriole ou honneur-vanité.
Je joins à ce courrier le texte, Mensonges et lâcheté des élites, dans lequel je dénonce leur penser superstitieux dans ses divers modes d’expression précisés ci-dessus, ainsi que la centaine de faiseurs d’opinion qui les colportent à longueur de temps, de colonnes et d’antenne, mais dont j’attends encore les réponses sur le fond aux centaines de lettres adressées depuis plus de dix ans.
En conséquence, je vous invite à me faire part de vos éventuelles objections, intellectuellement et philosophiquement étayées, sur des points très précis de désaccord, en espérant que vous tiendrez compte de l’ensemble de mon courrier dans votre vie publique pour mettre au pas tous les donneurs de leçons de morale aux Autres, car ils ne sont pas pour autant plus irréprochables que quiconque dans leur vie privée ou publique.
Dans cette éventualité, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Raoul Sabas
Annexe : Texte, Mensonges et lâcheté des élites

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