La chasse aux Français est ouverte

L’ennemi intérieur

La chasse aux Français est ouverte. A tout ce qui est français. Elle s’organise, et s’accélère. Dans le collimateur, donc : le peuple français, bien sûr, mais aussi sa langue, ses usages, son Histoire, son avenir comme Nation.
Mais d’où nous vient donc cette attaque féroce, et obsessionnelle ? De nos rivaux britanniques ? Américains ? Ils n’ont jamais caché leur désir de nous battre sur tous les terrains, pour s’assurer un véritable « leadership » mondial. C’était cependant toujours, je crois, sans le désir de nous tuer complètement, conscients qu’ils étaient de ce qu’il y avait malgré tout à ménager et à respecter chez l’adversaire. Des Russes, alors ? Des Chinois ? Mais non ! Nous sommes pour eux des concurrents parmi d’autres, et le rêve de France, là-bas, est peut-être plus fort que jamais. Alors, qui sont donc ces fanatiques ? D’où vient cette attaque féroce et obsessionnelle, qui par ailleurs se renforce ?
Hé bien, elle nous vient en réalité de plus près (si l’on peut désormais dire…) : elle nous vient de nos chères « élites » françaises ! Et l’attaque est directe, frontale, sans ambages, et sans ambiguïté aucune. Nos ennemis de l’extérieur, eux, se cachent un peu, manient le double langage, le sous-entendu, affichent quelques scrupules. Les « élites » françaises ? Non !
Ainsi, des ministres importants du gouvernement français peuvent-ils, sans trembler, et sans afficher la moindre gêne ou le moindre remord, faire les déclarations les plus ouvertement hostiles au fait français, niant en bloc, et son passé et son avenir. Sans que l’on sache encore s’il s’agit-là d’une névrose ou d’une psychose, nos « élites » malades ne supportent pas la France, ne supportent pas les Français. Tout de qui est français leur fait horreur. On ne sait plus très bien qui, dans le gouvernement, a inauguré ce festival d’étranges paroles proférées à l’encontre d’une France si insignifiante et surtout, coupable d’exister. Est-ce monsieur Eric Besson, Ministre de l’immigration et de l’identité nationale (la bonne blague), qui n’a pas trouvé du tout anormal, ni même scandaleux d’affirmer, et avec quel extraordinaire aplomb, lors d’une visite en « banlieue » au début de l’année 2010 , que la France n’était pas une Nation avec une langue et un territoire (ah bon ?), qu’il n’y avait pas de peuple français (on a bien berné notre monde pendant des siècles !), qu’il n’y avait pas « de Français de souche » (c’est ce qui s’appelle être logique ou avoir l’esprit de suite), et enfin que la France était « un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble» (depuis quand ? et le veulent-ils vraiment ?)

En des temps pas si lointains, un ministre de la République aurait-il eu l’audace de dire cela ? Ou même, simplement, de le penser ? Et s’il l’avait fait, n’aurait-il pas été inquiété ? N’aurait-il pas du se censurer, ou l’être ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est inquiétant. Quant à monsieur Bernard Kouchner, ministre d’on ne sait plus trop quoi (du sac de riz ?), l’a-t-on invité comme en temps de guerre à lancer contre nous la première salve, conformément à une politesse bien française : « Messieurs les anglais, tirez les premiers » ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y est pas allé de main morte, en suggérant, avec le même aplomb que son collègue Besson, mais dans un livre daté de 2006, que « l’anglais est l’avenir de la francophonie » ! Autrement dit, l’anglophonie est l’avenir de la France et du monde que celle-ci a créé, et c’est un ministre de la France qui vous le dit. Le même regrettait il y a plus longtemps encore que Paris ne soit pas Londres… L’obsession anti-française de cet homme est donc particulièrement tenace, et qu’un ministre de la République ait pu dire cela, sans avoir à se dédire, est encore une fois inquiétant.
Mais ce qui est tout aussi inquiétant, c’est le silence de son Président (il n’est plus reconnu comme tel que par ses ministres). Monsieur Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa, dont les beaux discours sur la francophonie résonnent comme ceux sur la Turquie, a-t-il simplement remis en cause les propos de son ministre ? A-t-il seulement fait une déclaration visant à rectifier le tir ? Ne serait-ce que pour rassurer, une fois Kouchner en poste, les quelques 70 Etats membres de l’OIF et leurs populations ? Vraisemblablement jamais ! Et pour cause. N’a-t-il pas toléré et même étendu sciemment l’usage de l’anglais partout en France et jusque dans les ministères (dont celui de Mme Christine Lagarde, ministre de l’économie et des finances, et par ailleurs adepte de la finance islamique). N’a-t-il pas rappelé sans cesse, à qui voulait l’entendre, son amour et sa dévotion pour les Etats-Unis ? Et pour revenir sur l’exemple de Besson, qu’il a toujours soutenu et jamais démenti, Monsieur Sarkozy n’a-t-il menacé, lors un discours, de contraindre les Français à un métissage obligatoire, et sans limite, et par la loi s’il le fallait ? N’est-il pas lui aussi un ardent défenseur de la discrimination positive, et un ennemi de la loi de 1905 sur la laïcité ?
Le « droit à la continuité » (A. Finkielkraut) est ce qui est le plus menacé. Car on doit désormais savoir que les dirigeants français, de gauche comme de droite, ne veulent plus de la France et des Français, à qui on ne proposera plus bientôt que « la valise ou le cercueil ».
Etienne Baschy
(1) Source : Le Parisien (05/01/2010) : http://www.leparisien.fr/politique/identite-nationale-visite-surprise-de-besson-a-la-courneuve-05-01-2010-766358.php («la France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage »)
(2) “Messieurs, nous ne tirons jamais les premiers, tirez vous-mêmes !” (réponse du comte d’Anteroche aux Anglais, lors de la bataille de Fontenoy, 1745)
(3) Bernard Kouchner, Deux ou trois choses que je sais de nous (Robert Laffont, 2006)

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