Le metteur en scène de mariages, un film de Marco Bellocchio

Après Le sourire de ma mère, sur l’hypocrisie de la canonisation, Marco Bellocchio poursuit dans sa description d’un catholicisme parasite. Dans Le metteur en scène de mariages, c’est l’union insécable de deux personnes imposée par l’autorité religieuse qui subit son analyse. Un cinéaste célèbre, et athée, se voit attribuer la tâche de filmer une cérémonie de mariage. La malheureuse élue est une jeune femme que son prince de père jette dans les bras d’un homme qu’elle n’a pas choisi, pour sauvegarder l’honneur de la famille. L’Eglise, par le pacte du mariage, vole ainsi au secours d’une aristocratie en déclin. Enigmatique, inquiétant, le prince adopte des poses figées, un regard fixe, une distance qui est aussi celle d’un coeur froid. Le metteur en scène s’attachera alors à dissuader la jeune femme d’accepter ces “funérailles”, le mot étant de son propre père. Et le sauvetage se fera à double titre puisque la future mariée sera enfermée dans un couvent jusqu’au jour fatidique.

Alors qu’un mariage passe ordinairement pour un moment d’allégresse, du film de Marco Bellochio émane une tension pesante, des couleurs plutôt sombres, comme lors d’une procession catholique nocturne. Et comment mieux désacraliser le mariage qu’en submergeant la cérémonie religieuse, dès la première scène, par une abondance de caméras et d’appareils photographiques. Le mariage n’est plus qu’une exhibition des dernières trouvailles de la technologie dans laquelle les mariés subissent autant l’autorité du prêtre, qui imprime toujours sa marque, que leur relégation au rang de participants passifs sous les objectifs des appareils. Dans une situation totalement déterminée par l’environnement, le couple n’est pas acteur mais sujet. Il se soumet au conformisme chrétien dans lequel il croît trouver sa légitimité dont, au contraire, une vraie pratique de la liberté se moquerait bien.

Jocelyn Bézecourt

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