Les Assises sur l'islamisation, ébauche d'une réconciliation nationale

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Les interventions des différents participants aux Assises sur l’islamisation de l’Europe ont donné lieu à un large étalage de positions idéologiques et d’opinions politiques. Ce panel d’idées se présente assurément, de prime abord, comme un nœud de paradoxes dont on peine à voir la substance active qui pourrait s’en extraire. L’ambiguïté que sécrète un tel rapprochement ne manque pas d’ailleurs de faire le plein contre lui. Gauche et droite, de concert, accusent le Bloc identitaire et Riposte laïque de détourner de manière raciste le thème de la laïcité, quand l’extrême droite y voit une tentative d’alignement idéologique sur la doxa du système, cherchez l’erreur… De leur côté, les associations communautaires juives, islamistes et antiracistes, fidèles à leur fonction liberticide, sont montées au créneau pour réclamer l’interdiction de ces assises, présentées comme une intolérable provocation islamophobe et xénophobe. Quand on rassemble contre soi une telle unanimité, tout laisse à penser qu’on a mis le doigt exactement là où ça faisait mal.
Si ce mariage de la carpe et du lapin laisse songeur les plus sceptiques, tout indique pourtant qu’il inquiète sérieusement le complexe politico-médiatique en place. La mobilisation générale des élus locaux PS, des organisations communautaristes, des associations antiracistes et de tous les supplétifs du pouvoir – personnels médiatiques en tête, notamment représentés par l’incontournable Caroline Fourest – nous signale que malgré toutes ses équivoques, cette union sacrée fait bel et bien peur aux gardiens du temple. Ces derniers ont parfaitement su identifier dans cette prise de conscience transversale autour de la question de l’Islam un processus de libération de la parole susceptible de faire vaciller à terme la légitimité usurpée sur laquelle repose leur autorité. L’implosion du clivage gauche/droite constitue pour eux une menace redoutable… et ils ont raison.

Réunis autour de l’essentiel : la sauvegarde des valeurs européennes

Que peut-il bien y avoir de commun entre la féministo-jacobine Christine Tasin et l’identitaire euro-régionaliste Fabrice Robert qui fait si peur au système ? Quel est le point de convergence entre le libéral-conservateur valaisan Oskar Freysinger et le syndicaliste laïcard Pierre Cassen qui inquiète tant nos global-leaders ? La réponse est pourtant simple : l’essentiel.
Si les apparences sont trompeuses, il fallait faire l’effort d’écouter l’ensemble des discours pour voir se dessiner, malgré leurs aspects variés, les contours d’une figure familière. Plus que familière ! Une figure qui nous est chère même, puisqu’il s’agit ni plus, ni moins de celle de la civilisation européenne et de sa longue histoire qui a emprunté mille visages au fil du temps. Tous les intervenants étaient d’accord pour voir dans les périls actuels une menace contre la survie même des pays européens dans ce qu’ils ont de spécifique ou de particulier. Quand on entend Christine Tasin battre le rappel au nom, pêle-mêle, des idéaux progressistes et de « notre civilisation plurimillénaire, de ses valeurs et de ses traditions », on saisit qu’un grand pas a été franchi dans la compréhension des défis que nous lancent notre époque.

Christine Tasin et Fabrice Robert

Qu’on le veuille ou non, et en dépit de l’universalisme qui le caractérise, l’héritage des Lumières appartient à l’Europe et à la France autant que le Christianisme (dont les Lumières puisent d’ailleurs leur universalisme) ou le legs gréco-romain. Il est l’une des composantes particulières, une spécificité identitaire en quelque sorte, qui constitue ce par quoi notre culture affirme sa singularité. Face à la déferlante migratoire et aux avancées de l’Islam, croire qu’on pourra ne sauver que des bouts de France ou d’Europe, triés sur le volet, est une vue de l’esprit, ou plutôt de simple d’esprit. Notre héritage est un imposant et encombrant monolithe, certes, mais qu’on se le tienne pour dit : il faudra le sauver tout entier, d’un seul bloc, ou pas du tout.

L’exemple russe d’une réconciliation nationale réussie

Il n’est d’ailleurs pas totalement importun d’oser la comparaison entre le récent exemple russe et cette tentative française de réconciliation avec son histoire. En effet, s’il y a bien une chose de positif à porter au bilan de Vladimir Poutine, c’est celle d’être parvenu à réconcilier la Russie postsoviétique avec sa longue histoire pourtant pleine de déchirures. Mérite peut donc lui être rendu d’avoir su réunir l’ensemble des Russes derrière la célébration des soldats de l’armée rouge, héros victorieux de la grande guerre patriotique contre le fascisme, alors qu’il réhabilitait dans un même élan la mémoire de l’amiral Koltchak.
De même, les Russes peuvent-ils lui être redevables de pouvoir désormais commémorer la mémoire d’Alexandre Soljenitsyne quand, en même temps, les cérémonies fêtant la date anniversaire de la révolution d’octobre restent de rigueur. Le 7 novembre est toujours un jour férié, quoique judicieusement rebaptisé « Jour de l’Entente et de la Réconciliation ». Ce que nous avons vu et entendu aux Assises sur l’islamisation n’était au fond pas d’une autre nature, du moins est-il permis de l’envisager ainsi.

S’unir ou bien disparaitre

Les bouleversements majeurs qu’ont connus les sociétés européennes ces trente dernières années ont provoqué une profonde crise du politique. L’action collective et l’engagement public sont aujourd’hui clairement en panne, torpillés par deux décennies de « tititainement* » qui ont abêti les peuples dans un consumérisme et un individualisme des plus vulgaires. La dépolitisation générale des masses et les effets ravageurs d’une immigration de peuplement massive et incontrôlée redistribuent radicalement les priorités politiques et relativisent du même coup certaines oppositions. Les vieilles divisions idéologiques, qui semblaient insurmontables et irréconciliables dix ans auparavant, prennent désormais un tour secondaire devant l’inertie politique d’une société frappée d’atonie collective.
La prise de conscience par les camps en présence d’une menace de disparition commune, dans une vaste submersion civilisationnelle, les encourage donc à entamer entre eux un dialogue. Il est à noter toutefois que ce dialogue ne se construit ni sur les bases d’un simplisme, ni sur celle de raccourcis démagogiques. Cette menace de disparition est double et tous les intervenants se sont accordés pour souligner la duplicité des dangers à affronter. Ce n’est d’ailleurs pas là la moindre des convergences idéologiques qu’on pouvait relever entre tous les participants à cette journée.
Si l’islam était incontestablement au centre des Assisses, les orateurs ne se sont jamais privés de rappeler les nombreuses causes qui ont facilité sa fulgurante introduction et progression en Europe. Parmi celles-ci, les plus citées furent : la mondialisation, la déculturation ou l’uniformisation mondialiste, le libre-échangisme, le sans-frontiérisme et plus généralement encore, comme pour les englober toutes, le modèle matérialiste ultralibéral anglo-saxon. Bref, on voit bien que ce qui réunissait les participants autour de la table débordait donc largement du simple cadre de la question religieuse et que de nombreux autres points de convergence laissent envisager un espace de valeurs partagées bien plus vaste qu’il n’y parait.

Un je-ne-sais-quoi de précurseur

D’aucuns ne se priveront pas de railler cet attelage hétéroclite rassemblé autour, selon eux, d’un mauvais sujet. On les entend déjà pronostiquer goguenards maints échecs et déconvenues. Pour notre part, nous nous garderons d’abonder dans leur sens, car ce que nous avons vu et entendu lors des Assises sur l’islamisation était gros de promesses et respirait un je-ne-sais-quoi de précurseur.
Karl Hauffen
(*) Le tititainment est un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentations grasses et roboratives. Les parcs d’attraction, les immenses centres commerciaux, l’assistanat social et surtout la télévision jouent un rôle essentiel dans cette nouvelle technique pour maintenir la paix sociale, conçue et inventée par l’ ex-conseiller à la sécurité nationale du président des Etats-Unis Zbigniew Brzezinski.

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