Pas de jardins d'éveils municipaux ? Le piège du rabattage des enfants vers les écoles confessionnelles

L’Ecole publique vit la destruction rapide de la qualité. La recette appliquée aujourd’hui est celle du Centre de Développement de l’OCDE, cahier de politique économique numéro 13, par Christian MORRISSON, accessible par Internet, extrait page 30 :
« Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école. On peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population. »

Les enfants de 2 ans, ne seront plus accueillis en maternelle, on sait que ce n’est pas un problème de « couches » pour évoquer le mensonge Darcosien, on sait que les petits ne sont admis en maternelle que lorsqu’ils sont « propres ». L’objectif réel correspond aux engagements personnels du ministre en matière…religieuse. Qui eût cru à cette indirecte prise personnelle d’intérêt ?
A la rentrée, comme par hasard et grâce à une orchestration partisane du changement, s’ouvrent dans les écoles catholiques de France des jardins d’éveil pour les 2 ans qui seront financés par les Caisses d’Allocations Familiales, par les familles (10 euros par mois), par les Mairies nombreuses qui maintiennent le financement facultatif des Agents spécialisés des écoles maternelles du privé. Les écoles publiques n’ouvriront pas ces classes. Il y a là une discrimination visant à contraindre les parents à inscrite leurs enfants dans les écoles confessionnelles actuellement en perte de vitesse. Une nasse de rabattage.
Les écoles privées font déjà de la publicité pour ces classes pré scolaires mettant en avant des moments d’éducation élargis pour profiter du contact avec les enseignants des classes maternelles, dans le cadre du projet d’établissement. Pas une nouveauté : c’est ce qui existe aujourd’hui dans le public et le privé. L’idée est que les enfants restent ensuite dans l’école confessionnelle, ce qui permettra de supprimer dans la foulée des classes maternelles dans le public.
Les Caisses d’allocations familiales participent largement aux dépenses de fonctionnement et même financent les investissements (constructions, équipement) de ces classes. Les Mairies peuvent parfaitement monter des projets identiques, avec les mêmes aides des CAF, et même rendre l’accès gratuit de ces jardins, avec un coût de 400 à 500 euros par an et par enfant accueilli, du fait de l’effet d’échelle, par regroupement des locaux et mise en commun de dépenses de fluides, nettoyage….la subvention CAF payant le coût de l’Agent Territorial Spécialisé titulaire d’un C.A.P Petite enfance.
Car la population, et les conseils municipaux refuseraient certainement un service public qui ne soit pas gratuit. Les Mairies se lanceront elles? Que feront elles de leurs personnels ATSEM titulaires si les enfants de moins de 6 ans partent dans le privé ? Les parents essaieront ils de convaincre leurs élus locaux ?
Avec la méthode gouvernementale de suppression lente de l’accueil des 2 ans dans le public, les efforts des parents porteront probablement davantage sur des mini batailles de ralentissement du recul du secteur public, pendant que le privé avancera.
Ce n’est pas tout. Depuis la rentrée 2008-2009 il a été supprimé 3 heures de classe par semaine aux élèves du primaire. Le niveau requis pour la 6ème de collège n’a pas changé. Les enseignants galopent avec les programmes à un rythme trop rapide, de très nombreux enfants sont largués, et on tente alors de leur ingurgiter sur leur temps du repos de midi ou du soir, des heures pour refaire en vitesse ce qu’ils n’ont pas pu faire . En 4 jours il faut que ça passe ou que ça casse, ils n’auront de toute façon que 2 h au mieux pour compenser mal les 3 perdues.
Complément de destruction : les postes de maîtres spécialisés (psychologie, comportement, didactique) pour des remédiations auprès d’enfants en grande difficulté vont être supprimés.
Le piège est bien monté. Mais n’oublions pas que l’échec scolaire porte la violence, comme le communautarisme qui reçoit ici un coup de pouce politique et anti laïque digne de l’Opus Déi..
Claude Barratier

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