Sarko parle aux Français : toute la méthode Coué, rien que la méthode Coué, je le jure !

Quel métier difficile que d’être Président de la République Française, comme notre cher président nous l’a encore bien montré sur TF1 lundi dernier dans une émission taillée pour lui sur mesure «  Paroles de Français ». C’était plutôt « Parole de Sarkozy » façon « comme à la maison », mais vous direz qu’il y a ici déjà comme un parti pris, c’est vrai.
Essayons tout de même d’être plus fin que le Parti socialiste qui n’a su y voir qu’un dispositif « formaté en fonction des désirs du pouvoir ».
Nicolas Sarkozy n’est pas un homme ordinaire ! Il ne fait pas ses courses, il ne prend pas le métro, il n’est jamais seul… C’est sur ces quelques anecdotes de grande profondeur qu’il entend engager le débat ce soir là avec les Français.
Dans un premier temps il est interviewé par Laurence Ferrari amie « intime » de longue date… Il s’ensuit une série de questions-réponses préparées au mot près. La journaliste qui s’autorise un léger écart en évoquant l’affaire Proglio, le salaire énorme du nouveau PDG d’EDF qui touche aussi du côté de Veolia. Elle se trouve très vite rappelée à l’ordre par notre Président, qui la remet avec dextérité dans les clous en s’adressant à elle avec un sens de la délicatesse qui le caractérise ««Bien sûr je pourrais vous demander votre salaire, et cela pourrait choquer beaucoup de Français. Ne jouons pas ce jeu-là.».
Il évoque les questions d’actualités (le problème de l’immigration), de société (la question préoccupante du chômage), selon un timing très serré avec des réponses courtes tout autant qu’approximatives.
En deuxième partie de programme arrivent les questions de ceux appelés dans l’émission les « vrai-gens », présentés par l’animateur Jean-Pierre Pernault comme les témoins vivants de la réalité sociale de la France de 2010. Une réalité plutôt désastreuse, dont M. Sarkozy a la responsabilité, précisément. Bien évidemment, des Français qui on été choisis tout à fait au hasard… Surtout cette auto-entrepreneuse, Elodie Lepont-Jubin, qui est apparu précédemment aux côtés du Premier ministre François Fillon dans le journal Le Bien Public, qu’elle y qualifiait de « Rock star »…
Durant les deux heures qui suivent, à chaque question, il répond aux invités sur un mode à l’identique, celui de l’autopersuasion. Tout d’abord, en président proche des Français, il fend l’armure d’une implication personnelle, en appelant chaque personne par son prénom. Puis, se livre à un exercice en deux temps, plaignant tout d’abord son interlocuteur pour ensuite dire combien il le comprend. Il fait diversion un moment sortant de sa manche une série de chiffres, promet au passage qu’il entend agir sur la situation rapidement, que bientôt le chômage sera en recul et qu’on pourra presque raser gratis. « Ca ira mieux demain » dit en substance aux Français à travers ce panel de leurs représentants, M. le Président…, selon une méthode Coué qui parait n’avoir pour lui aucun secret.
Chômage, salaires, délocalisations, retraites, éducation… Il faut donner l’impression que toutes les questions que se posent les Français sont relayées à travers un certain nombre de stéréotypes : l’agriculteur qui est sur les dents, le jeune surdiplômé sans emploi, le syndicaliste agressif…
Aucune proposition nouvelle ne se fait jour, aucun changement de position, avec au final seulement de vagues promesses. C’est tout ce à quoi la France aura eu droit ce soir là ! Il en faudra plus sans doute pour entraîner l’adhésion des Français. Mais il aura peut être cru de cette façon un moment, dans le doute qu’il ait persuadé la France de son efficacité à la défendre, avoir su créer dans les chaumières un sorte de bien être psychologique tant il prend plaisir à ce genre d’événement.
« L’Elysée commande un Pernaut » avait titré le journal Libération pour présenter l’émission, il avait mis dans le mille. Jean-Pierre Pernault conclut en toute impartialité : «On a constaté pas mal d’incompréhensions, quelques difficultés ce soir. Monsieur le Président, vous avez entamé des réformes il y a deux ans et demi, il vous reste le même laps de temps, est-ce que cela sera suffisant ou aurez-vous besoin de plus de temps?» Nicolas Sarkozy: «Je suis président, j’assume. J’ai signé un bail de cinq ans. Je crois en la politique. Jugez-moi aux résultats.» Attention M. le Président ! Personne n’est à l’abri d’une rupture de bail et finalement d’une expulsion en cas de non respect des règles ! Même en politique il arrive parfois qu’il y ait une morale.
Plus de 8,5 millions de Français éteignirent leur télévision, après cette prestation qui ne restera pas dans les mémoires, avec pour seul espoir les prophéties optimistes, en cette période préélectorale où son parti joue gros, de notre cher Président…
Epilogue
La méthode Coué est une forme d’autosuggestion qui s’inscrit dans une perspective de développement personnel basée sur la persuasion par la répétition, censée entraîner l’adhésion du sujet aux idées positives qu’il s’impose et ainsi un mieux-être psychologique ». Une définition qui correspond parfaitement à l’idée que se fait notre président de lui-même, en bon « nombril du monde ».
Guylain Chevrier et Electre des Pléiades.

image_pdfimage_print