XXIe siècle, et toujours cette honte du corps féminin !

On pensait, en France au moins, en avoir terminé avec la honte du corps féminin. Le débat de l’assemblée nationale dit du voile intégral doit nous interpeller et nous devons nous poser la question : avec la volonté des idéologues musulmans qui ont des visées sur notre République, la honte du corps féminin n’a-t-elle pas de beaux jours devant elle, ne repart-elle pas pour une seconde jeunesse, est-ce qu’on n’est pas en train de nous présenter de nouveau le plat ?
Dans sa courageuse intervention contre les voiles devant les députés, Sihem Habchi affirme haut et fort : je n’ai pas besoin de me cacher. De façon vibrante et intense, elle parle de son malaise de petite fille: « je n’ai jamais compris pourquoi, et c’est la première des choses contre laquelle je me suis opposée petite, je n’ai pas compris ce que j’avais de honteux, je ne comprenais pas, je le demandais à ma mère, qu’est ce que j’ai de honteux ? J’étais très renfermée sur moi, parce que je ne comprenais pas cette injustice, qu’est-ce que j’ai de honteux ? Je porte une marque ? J’ai quelque chose ? C’est là ? »
On aurait envie de la questionner sur cette honte du corps. Comment lui a-t-elle été transmise ? Par qui ? Sa mère ? Son père ? L’entourage social ? La tradition ? Le poids de la religion ? On aimerait surtout savoir comment a-t-elle fait pour être, aujourd’hui, si forte si déterminée afin de faire sien ce combat, cette lutte pour l’égalité afin que cette honte et cette injustice ne soient plus transmises aux générations futures ? Qui l’a blindée ainsi ? L’école sans doute ? L’école de la République certainement, la laïcité sûrement. Que faire si la laïcité flanche, si la République laisse tomber une partie de ses citoyennes ?
Les religions portent toutes en elles et ont transmis et transmettent encore, depuis des lustres aux fillettes la honte du corps. Religions inventées, dirigées, verrouillées par les hommes depuis si longtemps et pour combien de temps encore ? C’est l’éducation dans un système laïque qui, en France a permis aux femmes de donner un grand coup de pied dans la fourmilière des archaïsmes chrétiens. Elles ont bénéficié pour cela de la République, de la laïcité, appuis formidables pour l’émancipation. Les femmes musulmanes, plus nouvellement arrivées dans notre République, semblaient, elles aussi prendre ce chemin, elles étaient près du but, mais c’était sans compter sur les idéologues de l’Islam. Et si la femme musulmane leur échappait ? Si elle voulait, elle aussi, comme la femme occidentale, s’approprier son corps ne plus en avoir honte, vouloir l’égalité devenir indépendante alors que deviendrait l’Islam ? Les religieux redonnent donc depuis vingt ans un sérieux tour de vis… visible dans toutes les villes de France, (aussi en Europe et en terre d’Islam). Et on repart pour le discours : au nom de la pudeur la femme doit cacher son corps ! Honte à vous femmes dévoilées ! A ce flot rétrograde comment pourront résister les femmes musulmanes si elles sont abandonnées par la République car l’habileté des hommes est de leur faire accepter l’idée qu’en couvrant leur corps de plus en plus « elles manifestent ainsi leur liberté » ! Beau tour de passe-passe !

Le corps de la femme n’est pas honteux, il n’a pas à être caché pour quelque raison que ce soit. C’est ce qu’est venue dire la Présidente des NPNS. Elle veut aussi de l’ aide, elle crie haut et fort à nos responsables : « la burqa ou la République, la démocratie ou la mort ! » Il est du devoir de nos politiques d’entendre ces paroles là. Il est vital pour la gauche d’être dans ce combat aux côtés des féministes musulmanes plutôt qu’aux côtés des imams. Mais où est la gauche actuellement ? Grande muette qui regarde passer les voiles et les burqas, allant jusqu’à faire sienne l’idée que burqa= liberté. Gauche où est ton idéal ?
Alors qui aidera les féministes musulmanes ? Qui favorisera leur émancipation ? Qui les protégera des prédicateurs ? On doit se méfier de Nicolas Sarkozy et de ses discours de Latran et Ryad, cependant sa déclaration: « la burqa n’a pas sa place en France » a tout de même le mérite de la clarté. La burqa, n’est pas le sort qu’il veut réserver aux jeunes françaises musulmanes, dont acte, et la gauche ? Qu’attend-elle pour avoir cette parole ?
Notre école a encore du travail pour faire connaître aux jeunes musulmanes leurs droits à l’émancipation. Réaffirmons que l’école laïque doit être émancipatrice et redonnons aux enseignants la mission originelle de 1905.
Chantal Crabère

image_pdfimage_print