Béatrice Bourges : l’esprit de résistance du Printemps Français a vocation à s’étendre (interview)

Riposte Laïque : Les Français ont fait votre connaissance il y a quelques mois. Afin que nos lecteurs vous connaissent mieux, pouvez-vous expliquer votre parcours professionnel et militant ?

Béatrice Bourges : Je suis, depuis toujours, une femme très engagée. Je crois que je suis une militante dans l’âme.

Il y a huit ans, j’ai créé un collectif, le collectif pour l’enfant, car je sentais que le sujet de l’homoparentalité était un des sujets majeurs à venir, que c’était un sujet qui mettait notre civilisation en danger parce qu’il était l’arbre qui cachait la forêt du gender.

D’un point de vue professionnel, je viens du monde de l’entreprise. J’ai été 10 ans secrétaire générale d’une organisation professionnelle dont la vocation est de mettre l’Homme au coeur de l’entreprise. J’ai créé ma société il y a quelques mois.

beatricebourgesRiposte Laïque : Vous êtes croyante. Comment vous situez-vous par rapport aux principes laïques, et notamment à la loi de 1905 ?

Béatrice Bourges : Oui, je suis croyante. Et c’est justement parce que je suis profondément croyante que je suis très attachée au principe de laïcité, parce que je suis très respectueuse de la personne humaine et de sa liberté. Or, la liberté de croire ou de ne pas croire est la première des libertés. La laïcité doit être respectée par tout le monde. C’est indispensable pour ne pas tomber dans le communautarisme. Or, le communautarisme est mortifère pour une société. Il est contraire au Bien commun. C’est malheureusement ce qui nous guette en France.

Le gouvernement ne respecte pas ce principe de laïcité et c’est ça qui est grave.

Riposte Laïque : Comment avez-vous ressenti le premier mariage homosexuel, célébré en grandes pompes par le Maire de Montpellier, ce mercredi ?

Béatrice Bourges : J’ai très bien compris que des personnes qui se battent pour cette loi l’appliquent dès sa promulgation. C’est leur droit le plus strict. Ce qui est en cause, ce ne sont pas les personnes, c’est la loi elle-même. Nous continuerons à lutter ans relâche pour que cette loi soit abrogée.

Riposte Laïque : Malgré trois manifestations nationales exceptionnelles, la loi a été votée. Considérez-vous cela comme une défaite ?

Béatrice Bourges : Certes, cela peut apparaître comme une défaite. Mais ce n’était qu’une bataille. La grande victoire, c’est de voir le peuple de France se réveiller, sortir de sa torpeur au grand jour. Depuis des années j’attends ce moment. C’est comme si le peuple sortait d’une grande hibernation. Et ça, c’est vraiment beau. Ce qui est magnifique aussi, c’est de voir combien ce peuple est fier et non violent. Je crois beaucoup à la puissance de la non violence. Pour des raisons philosophiques et spirituelles car si nous voulons une civilisation de paix, alors nous ne pouvons prôner la guerre pour l’obtenir, et pour des raisons stratégiques car ce sont les violents qui doivent se justifier de leur violence face à des personnes pacifiques. Regardez comme les forces de l’ordre (qui sont plus des forces de désordre en ce moment d’ailleurs) se ridiculisent et comment Manuel Valls se décrédibilise.

Riposte Laïque : Avez-vous été surprise par l’agressivité du gouvernement, et des forces de police, à votre encontre, ainsi que par toutes les provocations, de style Femen ou Caroline Fourest, que vous avez subies ?

Béatrice Bourges : Oui et non. Le gouvernement se sent en danger alors il attaque. Il a raison de se sentir en danger, car il l’est. Il est dans la toute puissance et ça va finir pas se retourner contre lui. Dans notre pays, lorsque l’on n’est pas politiquement correct, on est traité d’extrême droite. Ca fait des années que ça dure. Le problème, c’est que presque tous les médias sont complices. Mais il y a une telle déconnexion entre eux et le peuple qu’ils sont de moins en moins crédibles. Heureusement, il y a internet et les réseaux sociaux. Donc, soit ils deviennent plus objectifs, soit ils disparaîtront peu à peu.

Quant à Caroline Fourest, elle se donne plus d’importance qu’elle n’en a. C’est une militante idéologue. Elle a montré son vrai visage dans sa confrontation avec moi : celui d’une personne très dure qui ne supporte pas la contradiction.

Riposte Laïque : Que répondez-vous à ceux qui vous disent à présent que s’ils revenaient au pouvoir, la loi Taubira ne pourrait pas être abrogée ?

Béatrice Bourges : Une loi peut abroger une autre loi. C’est à ça que sert le Parlement! Il faut une volonté politique, c’est tout. Et du courage….

Riposte Laïque : Comment voyez-vous la suite de votre mouvement ? Pensez-vous demeurer prioritairement sur le thème qui vous a fait connaître, ou bien êtes-vous prête à élargir vos champs d’intervention, et si oui, sur quels axes ?

Béatrice Bourges : L’esprit de résistance du Printemps français a vocation à s’étendre. C’est d’ailleurs ce qu’il fait avec tous les mouvements informels qui naissent dans toute la France. Nous cherchons à libérer la parole, à lever tous les tabous afin de reconstruire une société de bon sens, fondée sur le réel, une société plus humaine qui protège le plus faible, une société moins consumériste, dans laquelle la finance ne soit plus le maître absolu.

Je pense que la France est mûre pour cela.

Riposte Laïque : Certains patriotes pensent, tout en s’opposant au mariage pour tous, que le thème du Grand Remplacement, mis en avant par l’écrivain Renaud Camus, ou de l’islamisation de la France, thème central de notre journal, sont porteurs de risques autrement plus importants pour nos compatriotes que le mariage homosexuel, même avec ses conséquences…

Béatrice Bourges : Je pense que tout cela est un tout. La société dans son ensemble va très mal. Concernant le mariage pour tous, ce n’est pas un problème d’orientation sexuelle mais de vision de la société. Où met-on la limite au : “J’ai droit à” ? Si on autorise le mariage pour tous, on est dans la toute puissance de l’Homme. Si , dès que je le désire, j’ai un droit, alors il n’y a aucune raison de s’arrêter au mariage entre personnes de même sexe. Si je veux un enfant, j’y ai droit (PMA, GPA), si je veux me marier à plusieurs, j’y ai droit (polygamie, polyamour), si je veux changer de sexe, j’y ai droit (gender) etc. C’est ça qui est très grave. Toutes les dérives sont alors à craindre. C’est ainsi qu’on entre dans un Etat totalitaire. Et c’est toujours le plus fragile qui est la victime de tout ça. C’est la loi de la jungle qui s’instaure. Il faut mettre très vite un terme à tout ça.

Propos recueillis par Pierre Cassen

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