Boko Haram : Madame Taubira, que faites-vous pour sauver les 234 écolières de l’esclavage ?

Ri7taubira vengeresse 001Le 4 mai 2014

À l’attention de Madame le ministre Taubira

Garde de sceaux

Objet : enlèvement de 234 écolières

Madame le Ministre

Vous avez attaché votre nom, et votre réputation politique, à une loi dénonçant la traite négrière transatlantique comme étant un crime contre l’humanité.

Cette traite esclavagiste de la force de travail africaine n’a pas commencé avec le voyage triangulaire vers les Amérique et les Antilles.

Elle ne s’est pas achevée ni avec les effets des mouvements abolitionnistes en Angleterre, en France, ni avec la guerre de sécession qui a dressé les uns contre les autres les citoyens des États-Unis d’Amérique.

Elle perdure, en dépit des traités internationaux et malgré les législations anti-esclavage des pays européens et américains. Elle reste active et massive, encore en Afrique.

Il y a dix ans, elle continuait à dévaster le territoire des Dinkas, dans le Soudan central.

C’était un effet du vaste djihad commencé, en 1954, depuis Khartoum, pour dévaster tout le Soudan sud.

C’était un djihad, dont on ne sait exactement combien de millions de vies d’Africains, chrétiens et animistes , il a fauché. On parle de deux à sept millions de victimes civiles, selon des estimations rendues imprécises par l’absence de structures étatiques ou para-étatiques fiables permettant de tenir des états-civils comme nous les connaissons.

Une ethnie tout entière a disparu, les pacifiques Noubas.

Vous avez appris ce qui vient de se passer au Nigeria.

234 écolières chrétiennes y ont été enlevées, le 14 avril dernier, par les bandes djihadistes de Boka Haram. Ce sont ces bandes  armées et assassines, -des bandes criminelles dont on sait qu’elles ont participé à la séquestration du nord du Mali-, qui ont enlevé ces fillettes et ces jeunes filles, pour les vendre comme esclaves dans différents pays de la région, Tchad et Cameroun (pour le prix de 2000 nairas, soit 9 euros par tête d’esclave domestique destiné à devenir « épouse »).

C’est cette traite négrière, -qui a dévasté le pays dinka.

Elle a fait disparaître l’ethnie nouba.

N’est-elle pas un crime odieux ?

N’est-elle pas un crime relevant de la caractérisation de « crime contre l’humanité », tel que la loi Taubira le caractérise?

Madame le Ministre, personne ne pourrait penser sérieusement, sincèrement, honnêtement, qu’il y aurait, selon la loi à laquelle votre nom est attaché, une mauvaise et une bonne traite négrière, c’est à dire un mauvais et un bon crime contre l’humanité.

Personne ne pourrait comprendre, et encore moins admettre, qu’à la place que vous occupez, vous n’interpelliez pas tous ceux qui disposent d’un pouvoir, pour venir en aide à ces 234 fillettes arrachées aux leurs, pour être réduites à l’état d’esclaves sexuelles et domestique, vendues pour être « épouse » et finir une existence abrégée – dans un village reculé, ou dans la demeure d’un notable Tchadien ou du Camerounais, en tant que bête de somme recevant  moins de considération qu’une vache ou qu’un bœuf- sans que rien ne soit tenté pour les rendre à leurs familles, à la liberté et à la dignité humaine.

Madame le Ministre, j’ose croire que mon courrier ne sera pas jeté au panier, ni qu’il donnera lieu à une réponse stéréotypée n’engageant à rien.

Il serait honteux qu’un ministre, – un être humain disposant d’une partie des moyens du pouvoir-, qu’une femme ayant dénoncé vigoureusement et stigmatisé au moyen de la Loi, le commerce de la chair humaine d’Afrique achetée pour être emmenée à des milliers de kilomètres dans les Antilles et les Amériques, ne soit pas aujourd’hui au premier rang pour ramener auprès de leurs familles les 234 écolières nigérianes.

C’est avec cette certitude que j’attends de vous lire et d’apprendre l’engagement immédiat de votre action, pour rendre à leur école et à leur village les 234 écolières enlevées par les fanatiques de Boko Haram.

Bien respectueusement

Alain Rubin

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