Bono, chanteur humanitaire, soupçonné d’évasion fiscale

On n’est jamais déçus avec eux, les vedettes, les stars du show-biz, et, par-dessus tout, par leurs donneurs de leçons. J’ajouterais volontiers  “donneurs de  leçon de gauche” mais ce serait un pléonasme.

N’apprend-on pas par les journaux d’outre-Manche que, parmi la liste de personnes suspectées d’avoir effectué des placements financiers  dans des paradis fiscaux ou pratiqué l’optimisation fiscale, figurent, à côté de Sa Gracieuse Majesté, quelques stars du show-biz, dont le célébrissime Bono, chanteur phare du groupe U2.

Introduit au Vatican et auprès de nombreux chefs d’État,  Bono s’illustre régulièrement par ses prises de position humanistes et humanitaires. Son principal cheval de bataille : la suppression de la dette du Tiers-Monde, et de manière générale,  l’aide à l’Afrique.

Eh bien, Bono  s’inscrit lui aussi dans la logique  du “faites de ce que je dis, ne faites pas ce que je fais”.  Lassé de payer trop d’impôts, le leader des U2  a trouvé un moyen de soulager la pression fiscale.  Il est devenu, selon sa porte-parole, “un petit investisseur passif de la Nude Estates Malta Ltd“. Ben oui. Cela s’appelle de l’optimisation fiscale en termes chic, de l’évasion fiscale en termes plus simples, qui prive les caisses de l’Etat de revenus substantiels. Une bonne âme aurait pu informer Bono, que lever des fonds pour telle ou telle cause a son efficacité, mais que l’impôt est la source première de la répartition des richesses.

Nous connaissons ça, nous aussi. Nous avons eu les nôtres.   Mais à chaque fois, on ne peut s’empêcher de grincer des dents tant  ce côté homme d’affaires, voire magouilleur, ne sied pas bien à la charité vertueuse. Il y a comme un hiatus, une incohérence, une erreur de casting.

Soyons juste, Bono n’est pas le seul. Il est même en bonne compagnie, celle de Madonna notamment, grande pourfendeuse du Front national et non moins grande supportrice de l’Afrique devant l’Eternel.

Ce scandale arrive à l’heure où, chez nous en France, l’on veut mener une guerre impitoyable contre l’évasion fiscale, au point même d’envisager de priver les fraudeurs de leurs  droits civiques,  alors qu’on répugne à déchoir de leur nationalité les Français partis faire le djihad.

Cette info, au fond, révèle une fois encore, s’il en était besoin, les limites, la superficialité, l’hédonisme du charity business, de la société spectacle, de la prime à l’émotion. L’Empereur est nu.

Après la chute de Weinstein, l’opprobre sur Polanski, voici maintenant dans le collimateur les plus hauts tenants  des causes humanitaires.

Après tout, les idoles ne sont là que pour être déboulonnées.

“Vanitas vanitatum et omnia vanitas.”

Florence Labbé