Camarade Peillon, les anciens professeurs se contentaient de nous enseigner l’amour de la France

Le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, vient de présenter sa « Charte de la laïcité à l’école », destinée semble-t-il à redéfinir les principes édictés par son maître à penser, Ferdinand Buisson, principal inspirateur des lois laïques de la IIIème République.

Après avoir affirmé que « la Nation confie à l’école la mission de faire partager aux élèves les valeurs de la République », la charte rappelle pour l’essentiel que l’Etat est neutre à l’égard des convictions religieuses ou spirituelles, que la laïcité protège les élèves de tout prosélytisme et de toute pression, leur assure l’accès à une culture commune et partagée, permet l’exercice de la liberté d’expression dans le respect des valeurs républicaines
et du pluralisme des convictions et que les personnels enseignants ont un devoir de stricte neutralité dans l’exercice de leurs fonctions.

La charte précise également que la laïcité implique le rejet de toutes les violences et les discriminations et garantit l’égalité entre les filles et les garçons, qu’aucun sujet n’est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique, qu’un élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester le traitement d’une question au programme et que le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.

L’objectif inavoué de ces dispositions est évidemment, dans la France d’aujourd’hui, d’empêcher les élèves de confession musulmane d’imposer leurs convictions et pratiques religieuses au sein des établissements scolaires, tant par leur tenue vestimentaire que par la remise en cause de l’égalité entre les sexes ou du contenu de certains enseignements, scientifiques et historiques en particulier.

Alors que le gouvernement actuel, comme ses prédécesseurs, favorise de multiples manières l’installation durable de l’islam sur notre sol et menace de poursuivre en justice quiconque ose critiquer cette religion, voire même faire simplement appliquer la loi interdisant le port du voile intégral dans l’espace public, le respect de cette charte apparaît illusoire, d’autant qu’instituteurs et professeurs ne disposent plus de l’autorité dont jouissaient les « cadres noirs » de la République du temps de Charles Péguy.

Quant à la neutralité affichée de l’école, elle est contredite par la nature même de la mission confiée à celle-ci, à savoir de faire partager aux élèves les valeurs de la République. En ne définissant jamais clairement cette expression, l’Etat s’arroge le pouvoir de transmettre aux jeunes générations sa propre conception de l’homme et de la société : l’enseignement de la théorie du genre, qui s’inscrit dans le projet du ministre de soustraire les enfants à leur famille pour changer les mentalités et transformer la société, en
constitue une parfaite illustration.

Pour conclure, je suggère à Vincent Peillon de méditer sur le témoignage de Gabriel Matzneff récemment paru dans une chronique de l’hebdomadaire « Le Point ». Évoquant l’école de sa jeunesse sous la IVème République, il rappelle « qu’à cette époque, on ne nous cassait pas les oreilles avec les valeurs de la République. Je suis même certain de n’avoir jamais entendu cette expression dans la bouche d’un proviseur ou d’un professeur. Quand ceux-ci voulaient nous donner des leçons de civisme, ils se contentaient de nous enseigner l’amour de la France ».

Laure Fouré

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