Crêche Babyloup : en direct du procès, à Mantes (78)

Affaire Baby-Loup : La vérité, c’est l’intérêt général

A Mantes-la-Jolie, Alain Dalencourt, président de séance au Tribunal des Prudhommes de Mantes-la-Jolie semble être dépassé par l’ampleur de l’affaire Baby-Loup. Tous le gotha politique, médiatique et juridique étaient là pour l’affaire Baby-Loup. Vite les autres affaires (par exemple, un contentieux entre un clerc de notaire et une officine notariale) sont vites oublié dans une atmosphère de cour d’assises… La chose sérieuse commence avec Baby-Loup devant une pléthore de médias nationaux.
Le débat a été retardé pour laisser s’installer un peu de calme et pour que les personnalités (la philosophe Elisabeth Badinter, le député PS Manuel Valls… et Jeannette Bougrab la président de la Halde) et la plaignante principale, Mme Fatima Afif soient confortables installées sur leur sièges. Cette dernière est allée s’asseoir entourée de ses ami(e)s. Quelqu’un de la salle a exclamé : « On n’est pas en Afghanistan ! » Le ton est donné.
Deux avocats (dont Me Louis Gayon) pour la crèche Baby-Loup et l’avocate de Fatima Afif, Maître Aïcha Mejri s’affrontent sur l’affaire. Des témoins sont appelés de part et d’autre : une dizaine au total. Ces témoins sont immédiatement mis en quarantaine pour qu’ils ne soient pas influencés par les plaidoiries d’une partie comme de l’autre.
Commençons par l’avocate de Mme Afif. Pour Maître Aïcha Mejri, le licenciement abusif est caractérisé par un règlement interne qui n’a pas lieu d’être dans un établissement privé. En outre, la discrimination relative à sa liberté fondamentale (la religion musulmane) a été établie par la Halde (janvier 2010).

Elisabeth Badinter, marraine de la crêche.
Selon elle, sur le faits, il n’y a pas de faute grave de la part de Fatima Afif et par conséquent elle demande la nullité de ce licenciement qui est le fruit d’une manipulation grossière de Baby-Loup qui chercha à « monter un dossier sur le dos de Mme Afif ». En somme, Mme Afif a toujours respecté les règles (sauf que les règles ont changé selon elle son absence en raison de son congé). Sa cliente était cadre de la crèche ; elle a eu un congé maternité prolongé entre 2003 et 2008 qui a conduit à une mise en cause de son statut de salariée. Enfin, elle n’a jamais violentée ni porté danger à quiconque notamment dans les deux jours de décembre 2008 (9 et 10). Mme Afif a porté le voile dans son lieu de travail et à un moment donné elle voulait le porter tout le temps. C’est cela la source de son malheur (un film, où on voit une Mme Afif voilée pendant la présentation générale des activités de la crèche est présenté comme pièce du dossier).

Jeannette Bougrab, présidente de la Halde (qui désavouera le soutien accordé par l’ancien président, Louis Schweitzer, à Mme Afif), Elisabeth Badinter, et la journaliste Elisabeth Levy.
Que répond Me Guyon : D’abord, le film est un film publicitaire et un constate que Mme Afif porte le voile avant de rentrer à la crèche et après, mais l’enlève pendant. Pour Me Guyon, Mme Afif voulait rompre le contrat la liant avec Baby-Loup en prétextant une affaire de port de voile. Elle a initié un processus de licenciement dans une lettre du 15 octobre 2008. Elle a rencontré les responsables de Baby-Loup le 5 novembre pour une « rupture à l’amiable ». Mais les choses se sont corsées car les indemnités espérées par Mme Afif n’étaient pas à l’hauteur de ses ambitions… Donc l’affaire a pris une tournure nationale en raison de son acte de porter ce licenciement à l’espace public en saisissant la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (Halde) pour « discrimination religieuse».

Fatima Atif, une petite soldate de l’islam…
En outre, et de manière convaincante, Me Guyon a démontré que Mme Afif « était une laïque en 2002 » car elle fait part dans une lettre à son personnel de la nécessité absolue de garder la crèche neutre vis-à-vis des tentations de montrer les convictions religieuses de chacun(e). Point par point, Me Guyon a démonté les arguments de son adversaire du moment, Me Aïcha Mejri. Le film, publicitaire. La crèche est une équipement quasi-public donc la laïcité s’applique. Et surtout, l’instrumentalisation c’est le fait de Mme Afif : elle a ouvert la boite de pandore en voulant mettre le maximum des poids juridiques à son avantage. En plus, elle a commis une faute grave les 9 et 10 décembre 2008 : elle a outragé la directrice et elle a commis un acte d’insubordination. Et sa mise à pied à titre conservatoire était nécessaire pour le bon fonctionnement de Baby-Loup.
En réalité, Fatima Afif a tout perdu ; sa crédibilité car elle visait uniquement de gagner le maximum d’indemnités (presque 80.000 euros) d’une crèche « pas comme les autres ». Le problème est que Mme Afif a confondu intérêt privé (son intérêt à elle) et intérêt général. Elle a transformé son licenciement en un débat public pour ou contre le port du voile dans une crèche associative. Et la laïcité est ressortie renforcée !

Les juges prudhomaux
Jugement le 13 décembre 2010.
Rodrigo Acosta
Directeur du journal Les Deux Rives
http://www.journal-deux-rives.com/
contact : [email protected]
Photos : Journal des Deux Rives.
Les légendes sont de la rédaction de Riposte Laïque

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