Jeudi 4 juin, la chaîne télévisée « France ô » revenait sur un sujet déjà traité le 3 juin, à la même heure, dans les journaux télévisés de la chaîne.
La répétition, dans l’information, était probablement destinée à ramener les étourdis ou ceux n’ayant pas suivi l’émission de la veille, vers la vérité officielle ; une « vérité » obligatoire soutenue par un collectif d’avocats voulant écraser la « raciste », « l’horrible » candidate FN, celle ayant commis le crime abominable, le crime impardonnable, le crime d’avoir repris à son compte une caricature de Charb.
Pour le dessinateur Charb, exécuté à la kalachnikov par un einsatzgruppe djihadiste, avec les autres membres de la rédaction de l’hebdomadaire, il n’y avait pas crime raciste, ni même délit, d’avoir publié, dans Charlie, le dessin qui vaudra à l’élue FN de passer et repasser devant la justice, à la suite de son appel contre sa première condamnation.
« Selon que vous serez puissant ou misérable », écrivait Jean de La Fontaine, pour dénoncer l’ordre judiciaire inique régnant à son époque dans notre pays.
Selon que vous serez… de « droite » ou de « gauche », dans la France régie par l’ordre et l’idéologie de la « normalitude », les mêmes faits, ici le même dessin, vous vaudront : soit un sourire ou une critique indulgente (« quand même, là, tu ne crois pas que tu exagères ? Tu vas loin, dessiner notre Garde des sots et des sottes en chimpanzé ou en ouistiti »…), ou par une condamnation lourde et une campagne médiatisée destinée à vous faire passer pour un émule d’Himmler, d’Heydrich, de Goebbels et de « je suis partout » tout à la fois.
Écoutons l’argument diffusé en boucle et soutenu devant le tribunal par l’armada d’avocats ultra-marins, constituée en armée de vengeurs, ayant l’ambition affirmée d’écraser l’hydre raciste commettant l’acte abominable de « comparer un homme noir à un singe ».
On voit que nous sommes ici en pleine théorie des genres, gagnant du terrain : Madame Taubira devient « un Homme noir ».
Non, m’objecterez-vous. Le collectif d’avocats voulait parler de l’Homme générique, pas du sexe de madame le ou la ministre ?
Question tout de même, à nos vengeurs en colère, pestant contre la bataille procédurale des deux avocats de l’élue FN : s’agit-il de l’Homme « noir » ou de l’Homme tout simplement, qu’il soit « noir », « blanc » ou « jaune », ou d’une autre nuance ?
Je m’interroge
On a, dans la dernière période, parlé des droits des animaux, désormais considérés comme étant des créatures sensibles, des êtres dotés d’émotions, voire de culture pour ce qui concerne les Bonobos (simiens génétiquement proches, à 99,99%, des homosapiens sapiens). Être comparé à un ministre, -dont l’empathie politique et personnelle semble la porter plus vers les pillards squatters de la petite maison d’une vieille femme de Bretagne que vers cette dernière retrouvant son bien dévasté -, pourrait bien offenser et ulcérer nos pacifiques cousins Bonobos.
Pour revenir aux accusateurs, nouveaux Robespierre d’un « antiracisme » idéologique implacable, on ne manquera pas de soulever une question de principe à ces hommes de « principes » : si c’est du racisme, visant toutes les personnes « noires », que de mettre la caricature de la tête de ce ministre sur le corps d’un « singe » caricaturé, pourquoi les vengeurs n’ont-ils pas cité Charb, à titre posthume, et les membres non-assassinés de la direction de l’hebdomadaire Charlie Hebdo ?
Si c’est un problème de principe, c’est aussi un problème de principe pour l’hebdomadaire satirique ; ou alors, comme le dénonçait Jean de La Fontaine, la France est revenue au règne de l’arbitraire, au règne du deux poids deux mesures légalisé et de l’iniquité assumée.
Si c’est un problème de principe, si c’est un délit inexcusable et qui doit être réprimé sévèrement, de traiter un humain de singe, ou de le caricaturer sous cette apparence, j’ai une seconde question à poser à l’armada des avocats vengeurs et des magistrats jugeant et sanctionnant : dans ce pays, toute bonne librairie musulmane met en vente les recueils de Hadiths de Muslim et d’Al Boukhary. Comment se fait-il que leurs gérants et les éditeurs ne soient pas cités à comparaître ?
En effet, on peut y lire (comme dans une sourate du coran, si mes souvenirs sont bons) que « les Juifs (les Yahoud) sont des fils de porcs et de singes ». Est-ce moins grave d’être à la fois fils de porc et de singe?
N’est-ce pas aussi un délit « raciste » ?
Parce qu’un Juif ce ne serait pas un « Homme noir »*, les écrits et la diffusion légale, en France, des écrits d’Al Boukhary et Muslim, ne serait pas un grave délit raciste?
Y aurait-il des hommes et des femmes, citoyens de ce pays, que l’on peut, en toute impunité, traiter par l’écrit, le dessin, les pancartes, les slogans vociférés dans les manifestations anti-Israël et les actions de type pogromiste, – comme cela commence à devenir habituel ici et là (à Sarcelles par deux fois en onze mois) -, de « fils de singes », sans que cela n’amène une enquête et une citation devant les tribunaux, une condamnation ainsi qu’une mise au pilon des livres en question ou un retrait des passages « racistes », si, bien sûr, c’est un racisme odieux et inacceptable que de comparer un Homme à un singe ?
Mais peut-être que, pour notre collectif de vengeurs judiciaires œuvrant présentement devant le tribunal de Cayenne, le délit n’est caractérisé que lorsque l’homme ou la femme comparé à un singe est noire ; si l’homme est jaune ou blanc, et surtout s’il est Juif, ce n’est pas un délit** ?!
Szyja Waldman le 5juin 2015
*Les Beta Israël (Maison d’Israël, c’est-à-dire les « falashas » éthiopiens issus de la tribu hébreu de Dan) ne sont-ils pas des Juifs et des Noirs tout à la fois? N’ont-ils pas, autant que l’ancienne élue de Guyane, le droit à n’être pas, en France, comparés et assimilés à des singes, eux aussi ? Et les millions de Dans de Côte d’Ivoire, n’ont-ils pas le droit, eux-aussi, à ne pas être ainsi injuriés, s’il s’agit d’une intolérable injure?
Mais peut-être bien que la normalitude soit en effet le retour à l’ordre désordonné de la lettre de cachet et à celui de l’inégalité juridique dénoncée par Jean de La Fontaine.
**On peut même en tuer, un, deux, trois, des Juifs, comme il y a un an, quand on a enlevé et exécuté trois adolescents étudiants de yéschivah. Ils faisaient du stop sur une route de l’ancienne Judée (secteur du Goush Etzion) revendiquée comme devant devenir Palestine, une Palestine vidée de toute présence de Juifs vivants (par contre, les Juifs morts et célèbres : Abraham, Sara, Isaac, Jacob, Joseph, Reuven, Moïse, Aaron, Josué, Eli, Samuel, David, Salomon, Jésus etc., on les honore. On les encense, en les décrétant, à titre posthume, musulmans ; on se les approprie pour contester tout droit légal à leur descendance).
Rechercher les kidnappeurs assassins deviendra une « riposte disproportionnée » ; cela justifiera, de la part du Hamas et de ses supporters en France, trois semaines de juin 2014 d’envois de missiles (en tout 2000 missiles, dont certains, fournis par l’Iran, partiront des rampes de lancement de Gaza – installées dans les maisons d’habitation, les écoles, les dispensaires et un hôpital – pour aller exploser jusqu’à Jérusalem et la banlieue de Tel-Aviv).
Les vengeurs cayennais n’applaudissaient-ils pas ?
Les Juifs étant, pour ces personnages pas très pittoresques, une variété de l’humanité qui doit, stoïquement, supporter les lancers de missiles ainsi que d’être traités, chaque semaine, chaque jour, de « fils de singes », dans les offices « religieux », dans les recueils « religieux », dans les « prières », et dans les actions de plus en plus proches du pogrom organisé ici ou là, en France. On le voit, elle est curieuse, pour ne pas dire franchement bizarre, la conception de l‘égalité et de l’antiracisme pour laquelle prétendent œuvrer nos vengeurs cayennais et leur mentor.