Elisabeth Sabaditsch-Wolff : l'autre verdict de la honte

A Vienne (Autriche), Elisabeth Sabaditsch Wolf vient d’être condamnée pour blasphème à 480 euros d’amende.Elle a fait appel. L’analyse la plus détaillée de ce verdict de folie se trouve sur le site Vérité, Valeurs et Démocratie (VVD) :

http://verite-valeurs-democratie.over-blog.com/article-fin-du-proces-d-elizabeth-sabaditsch-wolf-la-sentence-67531705.html

Riposte Laïque avait relaté ce procès digne de l’inquisition :

http://ripostelaique.com/A-Vienne-contre-Elizabeth.html

Le verdict est digne du procès, et il ne déparerait pas dans les annales de l’Inquisition. Mais il nous permet quand même un bulletin de victoire : Elisabeth est jugée innocente des charges d’incitation à la haine, c’est à dire des seules charges qui étaient portées contre elle à l’origine. Ce point est d’une extrème importance, car le problème posé à la justice était celui de la critique argumentée. De famille diplomatique, de formation intellectuelle élevée, Elisabeth n’est pas du genre à éructer, et sa critique sans concession de l’islam est une démonstration rigoureuse, comme savent le faire les exégètes, citations à la clé et numéros de sourate disposés au bon endroit. Si de tels argumentaires avaient fait l’objet de condamnation, cela voudrait dire qu’il n’y aurait plus, en Autriche, la moindre place pour le débat critique.

Sous cet aspect, le procès Sabaditsch-Wolf ressemble au procès de Geert Wilders, qui est jugé pour le film Fitna dans lequel il montre des images de violences qu’il associe à des prêches incendiaires précis. Est-il possible de dénoncer amputations, lapidations et autres actes de barbarie sans être accusé d’incitation à la haine par le fait même de parler de ces sujets, qui appellent par construction à se révolter et à combattre (ce qui ne veut pas dire haïr, mais il n’est pire sourd …) ? Si l’on répond non à cette question, comme la police de la pensée le voudrait, jusqu’où pourrait aller l’interdiction de dénoncer le mal ? Aurait-il été permis, aux zeures les plus zombres de la bête immonde, que nos super-mouchards aiment tant à dénoncer en paroles, de parler des camps de concentration sans être suspect d’incitation à la haine des nazis ? Toutes ces questions étaient sous-jacentes au procès de Vienne, restent posées dans le cas du procès Wilders d’Amsterdam, et le seront peut-être dans un futur procès de Paris contre Riposte Laïque.

Comme déjà relaté (voir lien plus haut), la déroute de l’accusation sur les charges initiales d’incitation à la haine fut prévisible. Mais la police de la pensée ne lâche facilement sa proie. Celui qui critique l’islam est déjà un peu coupable par le fait même. Si un chef d’accusation fait pschitt, on en trouve un autre. Dans le cas du procès de Vienne, c’est la notion de blasphème qui sauva un Parquet en grande détresse. Cette charge fut rajoutée in extrémis à l’audience même, et une deuxième séance dut être prévue pour permettre à la défense de répondre sur ces charges complètement nouvelles.

Justice en folie … ceci s’ajoutant au fait qu’on s’aperçut à l’audience que les enregistrements accusateurs n’avaient pas été écoutés et que toute l’instruction s’était déroulée sur la base d’un résumé de presse. D’un point de vue égoïste, on précisera que Riposte ne risque en principe rien du côté du blasphème, puisque Eric Raoult a échoué pour le moment à faire introduire ce “délit” dans la législation française. Mais, en Autriche, il existe, et c’est sur cette incrimination qu’ Elisabeth a été condamnée, avec des arguments vraiment dignes du Moyen-Age. Maintenant, tenez vous bien, car, ce que vous allez lire, il faut le voir pour le croire. Elisabeth a été condamnée pour dénigrement d’une religion reconnue (ça existe, ce genre de chef d’accusation, en Autriche) pour avoir dit que Mahomet était pédophile.

Or, d’après le tribunal, il ne l’est pas du tout. Certes, il a épousé une fillette de 6 ans et a couché avec elle à 9, mais il était encore marié avec elle quand elle en avait 18. Donc, ses relations n’étaient pas avec les enfants exclusivement. Donc il n’était pas pédophile. Donc, Elisabeth est une vilaine calomniatrice. VVD, qui était présent au procès, exprime ainsi son dégout : “C’est un juge, une femme en l’occurrence, qui nous explique par sa décision qu’il y a des viols d’enfants qui ne sont pas des actes pédophiles sous prétexte que le violeur a aussi des relations avec des femmes plus âgées. Les parents de petites filles apprécieront ce subtil distinguo à sa juste valeur et veilleront dorénavant, en cas d’agression de leur fille à bien vérifier les habitudes sexuelles du violeur avant d’utiliser le mot pédophile; il ne s’agirait pas de tenir des propos diffamatoires !” Avec une ironie grinçante, le site pousse jusqu’au bout la logique kafkaïenne du juge de Vienne : “Une fois le moment de stupeur passé on est confondu devant les implications d’un tel jugement.

Les condamnés pour actes pédophiles doivent-ils réclamer leur libération s’ils peuvent prouver qu’ils ont eu des relations sexuelles avec des femmes de plus de 18 ans ?

Et même dans le cas où ils n’en auraient pas eu, qui prouve qu’ils ne peuvent pas en avoir ?

Il suffirait donc pour s’exonérer de toute accusation de pédophilie d’avoir une relation sexuelle avec une personne majeure ?

Peut-être même avec la même personne que vous auriez violée ?

A condition d’attendre quelques années bien sûr. Il faudrait pour cela attendre la majorité de la victime, et peut-être même encore plus tard.

Après tout, le présumé pédophile n’est pas obligé de mourir au même âge que Mahomet. De plus il faut que la femme soit majeure, pas nécessairement qu’elle ait 18 ans, 24, 38 ou 55 ans font aussi bien l’affaire !

Ce qui signifie qu’il est impossible d’arrêter quelqu’un pour pédophilie tant qu’il lui reste la possibilité d’avoir une relation sexuelle avec une personne majeure… c’est à dire jusqu’à son dernier souffle (on ne sait jamais).

Et mieux encore, imaginons que notre « présumé pédophile » (un violeur d’enfant avéré n’ayant pas encore réussi à prouver qu’il avait eu une relation sexuelle avec une personne majeure) décide de « prouver son innocence ». Il lui faut alors retrouver son ancienne victime et avoir à nouveau des relations sexuelle avec elle.

Mais imaginez que la jeune fille, devenue majeure, refuse, quel problème !

Notre « présumé pédophile » se retrouve donc alors incapable de « prouver son innocence » ce qui risque de lui provoquer un grave préjudice car la justice Autrichienne ne plaisante pas avec les pédophiles.

Ne pourrait-il pas alors intenter un procès afin d’exiger de son ancienne « relation » qu’elle lui permette de prouver son « innocence ? »

Un refus de coopérer serait en effet un véritable déni de justice, une atteinte aux droits de l’Homme !”

Martine Chapouton

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