Eloge du populisme, de Vincent Coussedière : un militant de gauche rend hommage à RL !

Animer un journal électronique comme Riposte Laïque peut valoir quelques inconvénients, surtout dans un pays où sévissent des commissaires politiques déguisés en anti-racistes. Mais, outre le plaisir, chaque jour, de proposer des nouveautés à nos lecteurs, cela offre l’avantage de recevoir également, gratuitement, des essais ou livres fort intéressants, dont on ne parlera jamais dans les grands médias, ou sur les plateaux de télévision. C’est ainsi que RL a reçu, via sa boite postale, un livre intitulé « Eloge du populisme » de Vincent Coussedière, aux éditions Voies Nouvelles. J’apprends, en ouvrant le livre, que l’auteur est professeur agrégé de philosophie, qu’il est né en 1965, et qu’il  enseigne dans la région de Mulhouse. Curieux, je fais une recherche Internet. J’apprends dans une première recherche que l’homme, en 2006, expliquait pourquoi il soutenait Laurent Fabius. Une deuxième recherche m’apprend qu’il est conseiller municipal à Geishouse, en Alsace. Un homme apparemment proche du PS qui ferait l’éloge du populisme, cela me semble aussi incongru, en 2012, que ce journaliste du Nouvel Observateur qui ose parler de « la préférence immigrée » de la gauche. A quand un membre de la rédaction de RL qui fasse l’éloge de l’islam des Lumières de Malek Chebel, décidément, on n’a plus de repères !

Curieux, je découvre, page 66, que l’auteur parle de notre site, et ne nous qualifie pas de facho xénophobe raciste lepéniste d’extrême droite ! Il évoque ce qu’il appelle le populisme de Riposte Laïque, mais de manière positive, expliquant : « Le port du voile intégral est à cet égard tout-à-fait symptomatique du refus de faire partie d’un peuple. Il est l’affirmation d’une séparation radicale entre le peuple de Dieu et le peuple français. Au contraire, la réaction épidermique d’un mouvement comme Riposte Laïque provient d’un sentiment que faire partie d’un peuple ne consiste pas seulement à obéir à des lois, mais à pratiquer une même sociabilité ».

La thèse essentielle de l’auteur – qu’on peut contester – est que le populisme est un mouvement de défense d’un peuple que ses élites n’écoutent plus, et mènent à l’abîme. L’auteur conteste que le populisme puisse avoir un rapport avec l’identité dont, selon lui, un peuple serait dépourvu. Pour lui, il faut se battre non pour conserver une identité, mais pour conserver une liberté de reproduire une tradition.

Un passage très intéressant, qui va plaire à notre ami Jacques Philarchein, évoque ce que Vincent Coussedière appelle la gaucho-européisme. Il dissèque comment les quatre piliers de l’ordre gaulliste, nation, croissance, famille, instruction, ont été déconstruits, et remplacés par les quatre piliers du gauchisme : tiers-mondisme, écologisme, féminisme, pédagogisme. Il voit, dans une analyse fort intéressante, la complémentarité de Sartre, qualifié de véritable patron du gauchisme français et celle de François Mitterrrand, qui a offert un débouché politique à ce mouvement.. Sa conclusion ne peut que nous combler, quand il voit dans la résistance populiste actuelle une parenté avec la période marquant l’effrondrement de 1940.

A la fin de la lecture de cet ouvrage, parfois complexe, souvent intéressante, je ne peux que m’interroger : comment un homme qui soutenait Laurent Fabius en 2006 peut-il écrire des choses aussi iconoclastes – et passionnantes – sur le populisme six ans plus tard ? Sans doute parce que, et cela fait partie du charme de notre culture, l’humain est un être en permanente évolution, surtout quand il a la possibilité d’exercer sa libre critique de tous les dogmes…

Pierre Cassen

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