Hollande taxe les riches à 75 %, Sarkozy augmente les profs de 25 % : qui dit mieux ?

Décidément, le candidat socialiste, que les médias et les sondeurs nous annoncent comme prochain président de la République, souffle le chaud et le froid, quant à son rapport avec le capitalisme financier. Au Bourget, il annonce que son ennemi, c’est la finance, et qu’il va la mettre au pas. Marie-George Buffet est au bord de l’extase. Mais le voilà qui, à Londres, quelques jours après, rassure le Guardian en disant qu’avec lui, cela sera comme quand les socialistes ont été au pouvoir pendant quinze ans, qu’il n’y a plus de communistes pour empêcher de libéraliser en paix, et qu’il n’y a aucune inquiétude à avoir. Jean-Luc Mélenchon éructe.

Le projet fiscal du candidat Hollande prévoyait un taux d’imposition maximum de 50 %, ce qui remontait le taux d’imposition des plus fortunés, qui, sous Sarkozy, était tombé à 40 %. Cela permettait à Mélenchon, candidat de Front de gauche, de déborder allègrement Flamby sur sa gauche, puisque lui annonçait un taux d’imposition de 70 % pour un salaire de 100.000 euros mensuels, et affirmait même qu’au-dessus de 500.000 euros par mois, « il prenait tout ». Chacun était dans son rôle, la gauche de la gauche était plus radicale que la droite de la gauche, donc tout le monde était content.

Mais voilà que lundi, sur TF1, interrogé par Laurence Ferrari, François Hollande remet en cause tout ce bel équilibre. Il annonce ni plus ni moins qu’il va imposer à 75 % tous ceux qui gagnent 1 million d’euros… par mois, dit-il, avant de corriger, troublé, et de dire que c’est par an, ce qui ferait, selon lui, 100.000 euros par mois. Il faudrait savoir, 1 million d’euros par an, cela fait 85.000 euros par mois ! Donc, si on comprend bien le candidat socialiste, il taxe davantage « les riches » que Jean-Luc Mélenchon ! Mais quelle mouche l’a piqué ? Le président de Parti de gauche ne peut en rester là, et va se sentir obligé de passer à 80 % d’imposition, il en va de sa crédibilité : il ne peut se laisser déborder, sur ce terrain, par un social-libéral valet du grand capital !

Au-delà des effets d’annonce, il y a juste un problème : quelques minutes plus tard passait, sur une autre chaîne, le responsable du budget du programme de François Hollande, le député socialiste Jérôme Cahuzac… que Hollande avait juste oublié de prévenir !

[dailymotion xp3jce]  

http://www.dailymotion.com/video/xp3jce_cahuzac-apprend-que-hollande-entend-imposer-les-plus-riches-a-75_news

Le malheureux devra ramer toute la soirée, disant qu’il refuse de commenter une mesure dont il n’a pas entendu l’annonce, pour la plus grande joie de Philippe Poutou (NPA), Louis Aliot (FN) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), tous les trois hilares. Cela fait un peu désordre, tout de même !

 

Mais pendant ce temps là, à Montpellier, Nicolas Sarkozy faisait à nouveau le coup, cette fois aux enseignants, de « travailler plus pour gagner plus », et il n’y allait pas avec le dos de la cuillère. 25 % de salaire supplémentaire, avec en contre-partie l’obligation de passer de 18 heures de présence aux collège et lycée à 26 heures. Ancien syndicaliste, je flaire l’arnaque immédiatement. 8 heures de travail supplémentaire sur 18 heures, cela fait 44 % d’augmentation du temps de travail, pour seulement 25 % de salaire en plus ! D’autre part, sur ce terrain, le Président de la République est un plaisantin, puisque Ségolène Royal, en 2007, envisageait de coller les enseignants aux 35 heures ! Mais le plus évident, quand on regarde les images, est qu’aucun responsable UMP, Copé en tête, éberlué, n’avait l’air au courant de cette nouveauté !

Rappelons qu’il y a quelques jours, Sarkozy avait annoncé la proportionnelle, dès les prochaines législatives, et que cette information avait tourné en boucles plusieurs jours, avant que son entourage ne nous annonce, piteusement, que cela ne serait possible qu’en 2017.

On sait depuis longtemps que l’UMP, le PS, et leurs candidats, ont peu de considération pour le peuple, dont ils ont méprisé sans scrupule le vote de 2005. On sait à présent, mais est-ce nouveau, qu’ils prennent vraiment les électeurs de ce pays pour des imbéciles, et ne cherchent même plus à le cacher. On attend les prochains effets d’annonce avec délectation. Flamby va-t-il annoncer la nationalisation des moyens de production, sous contrôle ouvrier, et terminer ses discours en levant le poing, et en chantant l’Internationale ? Sarkozy va-t-il nous annoncer que le prix de l’essence va baisser de 50 % dès la semaine prochaine, et que l’État va taxer les infâmes pétroliers ?  

Que le meilleur perde !

Pierre Cassen

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