Je ne sais pas si Caroline Fourest et Mohammed Sifaoui sont encore accessibles à la discussion ou s’ils ont vraiment passé un point de non-retour vis-à-vis de RL. Mais s’ils ont encore sensible à l’idée de faire front commun pour éviter cette catastrophe qu’ils annoncent, et si vous arrivez un peu à vous faire écouter d’eux, je vous propose quelques arguments :
– Tout d’abord, et j’insiste à nouveau sur ce site, qu’ils aillent lire Gates of Vienna, non pas pour hurler encore au loup, mais pour voir comment la peur – justifiée en grande part – peut arriver à faire sortir de la raison des esprits qui, au départ, n’étaient certainement pas plus extrêmistes que toi et moi.
– Ensuite, leur faire remarquer que RL n’est pas monolithique, je prends pour exemple nos belles prises de bec au sujet des langues régionales ! Mais pour prendre des exemples moins anecdotiques, si RL est réunie autour de la défense de la laïcité, avec une dominante à gauche, des points de vue très variés s’expriment aussi bien dans le courrier des lecteurs que dans les articles : polémiques entre ceux qui s’en prennent avant tout à l’islam et ceux qui veulent qu’on mette sur un pied d’égalité toutes les religions ; au sujet de la récent polémique sur le ramadan, un lecteur au moins (moi, mais je ne suis sûrement pas le seul) ne va pas aussi loin que Pierre Cassen, même si j’ai défendu dans un courrier son droit à exprimer ses idées sur ce point ; article d’Alain Laurent, dont je partage le point de vue, sur le libéralisme ; sur l’actualité récente, l’expulsion de 3 afghans, différence notable entre les points de vue de Robert Albarèdes et de Guy Beaupin, et un lecteur (mais je ne suis certainement pas le seul) répugne à renvoyer dans un pays en guerre des gens dont on ne connaît pas le parcours, et qui ont fui l’horreur dans leur pays ; par simple humanité, j’essaie de me mettre à leur place, même si des soldats français se battent là-bas. Etc., etc.
Si ça, ce n’est pas du pluralisme, si on appelle ça du nazisme, alors, que faut-il faire pour ne pas être nazi ?
Je ne sais pas si Caroline Fourest, Mohammed Sifaoui et Leila Babès seront sensibles à ces arguments, mais j’appelle de tous mes voeux un front commun contre une religion conquérante et dont les signes extérieurs laissent pour l’instant perplexes nombre de ses fidèles ; il tient un peu à nous (nous incluant les trois personnes ci-dessus) de donner des signes forts montrant que nous combattons la conquête, la colonisation comme le dit si bien l’éditorial, et non la foi personnelle en Dieu et le droit de prier – même pour ceux d’entre nous, moi inclus, qui ne croient en aucun Dieu – afin que ces innombrables musulmans indécis et plutôt désorientés se rallient franchement aux lois de la république et non à l’extrémisme. Mais ça n’arrivera que si nous restons unis sur l’essentiel, avec nos différences sur tel ou tel point. On ne demande à personne de faire partie d’un groupe monolithique sur tous les sujets ! Mais se provoquer en duel avec des accusations aussi grave est vraiment contre-productif, Caroline Fourest s’en rend-elle compte ?
Est-ce la peur et l’incapacité à résoudre la situation présente qui la fait réagir ainsi ? Le conflit intérieur entre notre héritage humaniste et la nécessité de combattre par la force, tout au moins la force des mots, la violence qui nous menace ? Il est vrai que ce n’est facile pour personne, quand on a été nourri au berceau par cet héritage humaniste, d’admettre que celui que nous avons colonisé se transforme en oppresseur, et ce n’est pas facile d’utiliser les armes, fussent-elles verbales, contre ceux que nous considérions il n’y a pas si longtemps comme nos victimes. C’est la schizophrénie que nous avons tous, ici, à dépasser, me semble-t-il, et c’est vrai que ce n’est pas facile ; ça se sent même dans les propos de Geert Wilders, qui pourtant n’a pas peur de dire ce qu’il pense ! Mais il y a urgence si nous voulons pouvoir le garder, cet humanisme.
Voilà, ce sont quelques idées jetées dans cet e-mail, en espérant qu’elles pourront aider un peu à débloquer la situation.
Vincent Maunoury
