Je suis le prophète du carnage, je suis un rieur sanglant…

« Je suis le prophète du carnage.

Je suis un rieur sanglant”

Citation trouvée sur un site islamique, en date de mai 2010 :

قال النبي صلى الله عليه وسلم أنا نبي الرحمة أنا نبي الملحمة وقال أنا الضحوك القتال

« Le prophète (paix et bénédiction sur lui) a dit : Je suis le prophète de la miséricorde, je suis le prophète de la mêlée/l’affrontement, et il a dit : Je suis le lutteur/combattant joyeux/rieur ». Propos cités par le savant théologien Ibn Taymiyya, “Kitâb As-Siyâssa Ach-Char’îya” (Livre de la politique juridique).

L’internaute théologien M. qui rapporte cette citation n’est pas content car il a trouvé cette traduction du dernier segment en arabe : « Je suis le prophète du carnage. Je suis un rieur sanglant », selon lui frauduleuse.

En désaccord avec le mot « carnage », l’internaute théologien M. explique d’abord : En ce qui concerne le terme « Al-Malhama », il signifie « mêlée », « attroupement », « affrontement » et tout ce qui se rapproche à cela.

Il explique ensuite : « Al-Qattâl » signifie le lutteur, ou le combattant. L’expression doit donc se traduire par « combattant/lutteur joyeux/rieur ».

Qu’en est-il ?

I – Un peu de vocabulaire :

1 : le mot « malhama » qu’il traduit par «mêlée/affrontement/attroupement», vient d’une racine (LHM) qui signifie principalement viande/chair, nourrir quelqu’un avec de la viande, et aussi tuer quelqu’un (Dictionnaire arabe français – Kasimirski,1860).

La traduction de ce mot peut-être assez large, adoucie chez les très modernes…, mais que les choses soient claires, il ne s’agit pas de gentille mêlée style match de rugby ou bagarre de fête foraine, mais d’un affrontement qui est un combat meurtrier. Le mot malhama peut aussi avoir le sens de carnage (Dictionnaire français arabe- Belot, 1913 Beyrouth).

Un dictionnaire arabe moderne/anglais, (Hans Wehr,1976), traduit ainsi malhama : bloody fight, slaugter, massacre.

Le « Lisan El-Arab (Langue des Arabes) d’Ibn Mansour, XIII ème siècle, évoquant des hadiths malheureusement non référencés, indique pour malhama et une variante vocalique milhama : guerre/lieu de combat ; où leurs chairs sont découpées avec les épées ; une guerre de tuerie violente ; j’ai été envoyé <au malhama> avec l’épée ; immense/importante/terrible choc (des combattants)/rencontre/collision contre la fitna (crime/péché/impiété/troubles/désordre)…

Liste d’explications non exhaustive.

Alors, malhama, c’est un attroupement … ou un carnage ? Sympa, les « mêlées » de Momo.

2 : « Edh-dhahûk » vient de « dhahika », rire, et signifie bien le rieur, ce qui n’est pas tout-à-fait la même chose que joyeux, qui se dit autrement.

3 : « El-qattâl » est traduit ici par « lutteur », « combattant » ; il y a là une confusion qui ne peut-être que volontaire avec un autre mot de la même racine, « muqâtil» : combattant ; et accessoirement, il y a des mots plus utilisés que ce dernier, basés sur d’autres racines, pour « combattant ». Quant à la traduction par « lutteur », mukâfih c’est encore plus … frauduleux, mais passons.

La racine de base de ce mot est qatala, tuer, assassiner, massacrer, d’où qâtil, tueur, assassin ; une forme dérivée (Forme III) est qâtala, combattre, d’où muqâtil, combattant.

Pour mémoire, la forme dérivée II, qattala (avec redoublement du t), est une forme intensitive qui signifie faire un carnage, massacrer (jusqu’au dernier).

« El-qattâl » a lui aussi, comme qâtil, le sens de tueur et non pas, encore une fois, le sens de combattant ou de lutteur. Le dictionnaire de Kasimirski précise pour qattâl : « qui tue tout, le grand tueur ». Voir aussi le dictionnaire arabe Larousse pour « qattâl » : « meurtrier ». Variante : « massacreur ».

Dictionnaire arabe moderne/anglais, (Hans Wehr,1976) : “murderous, deadly, lethal”.

Enfin, pour les perfectionnistes, il existe un mot, de la même racine, « qutul », qui signifie sanguinaire, mais qui n’est pas le « qattâl » utilisé dans la citation.

Nous sommes donc assez loin de ce que l’islamiste mécontent dénonce comme traduction frauduleuse ; si traduction frauduleuse il y a, c’est bien la sienne. Mais nous sommes habitués aux enfumages et aux traductions édulcorées -voire aux antipodes du sens réel- des professionnels de la taqqyia, dans la série «le Coran expliqué aux bobos ».

Au final, au lieu de « Je suis un rieur sanglant » un puriste pourrait préférer « Je suis le rieur tueur », ou, cela sonne peut-être mieux en français, « Je suis le tueur rieur ». Ou encore : « Je suis le rieur massacreur ». Tueur, qui en douterait à la lecture du Coran et du reste ? Mais rieur en plus, là on le sait moins.

Pour le reste, inutile de chipoter, « je suis le Prophète du carnage » est tout-à-fait convenable

Complément biographique, Sahih Boukhâri :

R159 : Sur le fait de tuer en secret <les éléments qui préparent> la guerre :

Hadith 3032 : D’après Jâbir, le Prophète (ç) dit : « Qui va se charger de Ka’ab ben al-Achraf ? – Tu veux que je le tue ? – Oui. – Permets-moi de dire <ce que je veux avec lui>. – Tu as ma permission ».

R169 : Le fait de tuer un prisonnier ou de tuer <un individu> après l’avoir attaché :

Hadith 3044 : D’après Anas ben Mâlik, l’année de la Victoire, le Messager de Dieu (ç) entra à la Mecque, casque en tête. Lorsqu’il l’enleva, un homme arriva et lui dit : « Ibn Khatal s’accroche aux voiles de la Ka’ba »… – Tuez-le ! commanda le Prophète (ç). »

II – Comment botter en touche après avoir menti :

L’internaute théologien M., après en avoir torturé la traduction, met en doute l’authenticité du propos attribué à Mohammed. Extraits :

Le hadith cité par Ibn Taymiyya (rahimahoo Allah) contient une partie vraie et une partie fausse

La partie authentifiable : Le cheikh Al-Albâni rapporte dans son Sahih Al-Jami (hadith n°1473) la tradition suivante :

 Le prophète (saws) a dit : « Je suis Muhammad ; je suis Ahmad ; je suis ; je suis le prophète du repentir ; je suis le prophète de la miséricorde » [et je suis le prophète de la mêlée (al-malhama)]

L’internet-théologien M., après avoir dit que cette partie est vraie, la met entre crochets pour déclarer que « La partie entre crochets montre que l’authenticité de cette parole est douteuse ». Le voila qui révolutionne « la science des hadiths »…

  La partie fausse et inventée : Il s’agit de cette partie : « Je suis le combattant joyeux/rieur » ou traduit par nos amis par « je suis un rieur sanglant » Cette expression …  est employée dans un hadith dans un des livres <NDR : quelles références?> des Rafida.<NDR : les Rafidas sont des chiites>. En réalité, il s’agit d’un des noms du prophète (sws) décrit dans la Thora, selon leurs livres. Or, une telle expression n’existe pas/plus dans ce livre. Deux possibilités, soit ceux qui ont rapporté cette tradition se sont tout simplement trompés, soit les juifs ont falsifié leur texte sacré. Cette partie fausse a malheureusement été reprise par certains savants sunnites <NDR : lesquels ? Dans leurs débats, les « savants » musulmans sont coutumiers du fait d’en citer de manière pléthorique>.

Grosso modo, la partie « fausse et inventée », de surcroît mal traduite évidemment, est mise sur le compte de chiites honnis qui l’auraient mal comprise de la Thorah, ou de la Thorah falsifiée par les Juifs (la falsification de la Thorah par les Juifs est un leitmotiv dans Coran). Et, comme chacun sait, le Prophète Mohammed était annoncé dans la Thorah (mais on ne sait toujours pas où).

Et maintenant, la touche finale : « Nous proposons ici aux missionnaires chrétiens (parce que ce sont principalement eux qui propagent ce genre de mensonges), le bonus game suivant ».

Jérémie chapitre 48 verset 10 : Maudit soit quiconque exécute avec mauvaise foi l’ouvrage de l’Eternel! Maudit quiconque s’abstient de tremper son épée dans le sang! N’est-ce pas là l’exaltation même du carnage, du sang et du recours systématique au glaive ? Nous aimerions que les polémistes chrétiens nous expliquent pourquoi le Jésus du N.T. qui n’est autre que l’Eternel de l’A.T. selon eux, a inspiré une telle parole dans la Bible ?

Un catholique pourrait en premier lieu distinguer le N.T. de l’A.T., mettre ceci sur la table : Alors Jésus lui dit: « Remets ton glaive à sa place; car toux ceux qui prennent le glaive périront par le glaive », etc, mais ce débat ne sera pas ouvert ici.

III – Plus récemment, d’autres musulmans confirment « carnage », « tueur rieur » :

1 – Notice explicative intitulée « Le Prophète de la Terreur », extraits :

http://ansar-alhaqq.net/PDF/Le%20Prophete%20de%20la%20Terreur.pdf

Je suis venu vous apporter le Carnage !

‛Abdullāh bin Ahmad bin Hanbal a dit, “Mon père m’a rapporté, que Ya‛qūb a dit, ‘mon père nous a rapporté de Ibn Ishaq qui a dit, ‘Et Yahyah bin ‛Urwah bin Az-Zubayr, m’a rapporté, de son père, ‛Urwah bin ‛Abdullāh bin ‛Amr Ibn Al-Aws, qui a dit, ‘je lui ai dit, ‘Qu’as tu vu le plus de l’inimitié du Messager d’Allah alayhi salat wa salam frappant les Quraysh ?

…/…

Alors il dit, … je suis venu à vous avec le carnage !’  [Musnad Imam Ahmad]

Il est rapporté par Ibn Abi Hakim, l’al-Hakim et Ibn Abbas que le Messager d’Allah (alayhi salat wa salam) dit aux gens de Makkah ; O peuple je suis venu à vous avec le carnage. Dans une autre version il est dit ; j’ai été envoyé pour vous massacrer et pour prendre vos récoltes et non pour les cultiver.  Tiré du Tafsir al-Badhawi pour la Surah Muhammad et du Tafsir ul-Saadi.

Dahouq al-Qattaal :

Ibn Taymiyyah, Siyaasah Shariah, Vol. 1, P18, – cite la bataille de zaat ul-salaasil où le Messager d’Allah (alayhi salat wa salam) dit ; anal dahooq al-Qattaal (je suis celui qui sourit quand il tue). Dahooq est celui qui sourit et al-Qattaal est celui qui tue beaucoup.

Ibn Kathir, Al-Bidaayah wal Nihaayah, Vol. 3, P199, Ali bin Ibrahim al-Hashim quand les juifs de Banu Qurayza et de Banu Nadhir sont venus au Messager d’Allah (alayhi salat wa salam) et ont dit à quoi appelez vous? Le Messager d’Allah (alayhi salat wa salam) a répondu … et ce qui a été révélé sur moi dans votre Torah et ce que vos savants vous ont informé de moi, … que je mettrai l’épée dans la gaine et la poitrine, que je ne craindrai personne et que je sourirai quand je tue et cela partout ou il y a un signe humain ou des pas d’animaux (c à dire un signe de vie) mon “sultan” (autorité) atteindra (cette terre) là-bas.

C’est aussi rapporté dans Dalail Nabuwwah, Vol2, P508 par l’Imam Bayhaqi.

La Surah Muhammad <NDR : c’est la sourate 47, voir notamment verset 4> est aussi appelée Surah al-Dahooq al-Qataal et Surah al-Qitaal comme il est dit dans le Tafsir Ibn Kathir.

2 – The Explanation of the Meanings of the Names of the Prophet (SAW), (The Islamic Network – www.islaam.net), extrait :

Nabi al-Malhama: (The Prophet of Slaughter).

He was the one who was sent with Jihad to the enemies of Allah, and no prophet before him did Jihad to the extent that the Messenger of Allah (SAW) and his nation fought Jihad. And the like of the large wars that took place between him and the disbelievers were not seen before him. For his nation fought the disbelievers in lands to the ends of the earth.

 3 – Commentaire approbatif d’un internaute :

La vérité ne s’est pas éloignée des mots du chaykh, fut-il de la distance d’un bout de doigt. Il a été rapporté dans Mousnad Ahmed de Abi Moussa Al Ach’ari que le prophète (SAWS) a dit : « je suis le prophète de la miséricorde, je suis le prophète du combat. » (Authentifié par Al Albani dans Sahih Al Jami’). Également, il a été rapporté de lui (SAWS) : « Je suis le rieur, le tueur (Dahûk Al Qatal)» ainsi notre religion est une religion de combat, de lutte, de terrorisme, d’épée, et celle-ci (l’épée) ne s’est pas séparée du Livre depuis qu’Allah a institué le combat.

4 – Video djihadiste “Al Malhama – Sheykh Anwar Al Awlaqi La Grande Guerre Finale »

Sur internet depuis le 01 août 2012, « al-Malhama » expliquée et réactualisée avec des armes modernes.

http://www.mon-islam.com/reseau-social/videos/1819abu-sayfullah/video/16587-al-malhama-sheykh-anwar-al-awlaqi-la-grande-guerre-finale.html

A VOIR ABSOLUMENT

CETTE VIDEO NE TOMBE PAS SOUS LE COUP DE LA LOI ?

Philippe Jallade

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