Jeûne de Béatrice et Josyane : premières victoires de deux femmes admirables

C’est au soir du Jour de Colère, le 26 janvier dernier place Vauban, lorsque Béatrice Bourges annonça son jeûne afin de provoquer la destitution de François Hollande en vertu de l’article 68 de la Constitution que notre amie Josyane Solari prit la décision d’accompagner Béatrice.

Les sœurs d’armes ont d’ores et déjà accompli une œuvre salutaire. Elles ont contribué à enrayer un infernal processus de répression. Elles ont par leur action pacifique mis à mal la désinformation, elles ont désarmé les effets des provocations policières de la place Vauban destinées à accomplir la politique du pire. Ce n’est pas un hasard si malgré l’envie d’en découdre affichée par Manuel Valls, hier 2 février, le demi-million de participants de La manif pour tous a pu défier le pouvoir sans qu’on ait à déplorer le moindre incident. La Manif pour tous peut dire merci à Béatrice et à Josyane ! Ce n’est donc pas un hasard si deux femmes fragilisées par leur action ont fait l’objet d’autant de persécutions et de voies de fait de la part des autorités durant leur jeûne public.

Il ne faut pas perdre de vue que nous avons affaire à un pouvoir qui ne dispose pas de marge de manœuvre. Il est acculé comme une bête blessée. Il est prêt à toutes les extrémités.

Le «hollandisme révolutionnaire», exercice divinatoire d’Emmanuel Todd, est resté à l’état de vœu pieux. Avec un inévitable effondrement de l’économie, François Hollande, le bébé Jospin-Delors, aurait été dans l’obligation de défaire l’euro et la construction européenne tels que nous les connaissons, de restituer la France à la France en quelque sorte. L’effondrement est bien là mais le reste de la prophétie n’est, hélas, pas près de s’accomplir.

Pire, la renégociation du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire, dit «pacte budgétaire» qui nous prive de notre souveraineté budgétaire, l’une des principales prérogatives du Parlement, était une promesse du candidat Hollande. Promesse non tenue, évidemment ! Ce traité n’est pas constitutionnel, il a été adopté par le parlement  grâce à un un tour de passe-passe du Conseil constitutionnel. «Les membres du Conseil ? On les dit serviles, mais ils ne sont qu’obéissants !» disait François Mitterrand. Lire ici le texte d’Anne-Marie Le Pourhiet et ici celui de Marie-France Garaud. Ce mépris de la Constitution est un manquement du Président de la République qui pourrait se révéler incompatible avec l’exercice de son mandat.

Par leur jeûne, Béatrice et Josyane ont éclairé une carence institutionnelle et vont probablement contribuer à la combler. L’article 68 de la Constitution qui permet la destitution du Président de la République par le Parlement constitué en Haute Cour en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ne peut s’appliquer en l’absence d’une loi organique. Ce jeûne est ainsi à l’origine d’une proposition de loi organique qui a été déposée aujourd’hui 3 février par Jacques Bompard. A suivre…

Auparavant, Jacques Bompard et Gilbert Collard avaient déposé le 22 avril 2013 une proposition de loi constitutionnelle organisant le référendum révocatoire du Président de la République. Il s’agit d’une autre piste très intéressante qui est le corollaire logique de la révision constitutionnelle du 6 novembre 1962 instituant l’élection du Chef de l’État au suffrage universel direct. Jean-Pierre Chevènement avait fait part d’une proposition similaire lors de sa remarquable et remarquée audition par la Commission de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Vème République (commission Balladur) le 19 septembre 2007. Voir ici de 15.30 mn à 17.30 mn.

François Hollande a été élu par défaut. Les manœuvres de Nicolas Sarkozy, qui n’avait aucune chance d’être réélu, ont empêché Marine le Pen d’accéder au second tour, la privant d’une possible victoire. Il s’en est même vanté en déclarant que François Hollande avait été élu grâce à lui !

Un électorat important de François Hollande, la France catholique, principalement de l’Ouest, celle qui avec les démocrates chrétiens ou sa version gauchiste (CFDT et PSU) avait choisi le carcan européiste et  son «despotisme doux et éclairé» (Jacques Delors), s’est levé pour défendre la dernière institution, le dernier lieu de solidarité encore à l’abri de la destruction et de la marchandisation, la famille.

Un autre électorat de François Hollande, l’agrégat de minorités diverses et variées, adoubé par Terra Nova en lieu et place d’une classe ouvrière qui vote à droite et à «l’extrême droite» vient de voler en éclats. Les mahométans (93% ont voté Hollande) qui ricanaient sous cape de voir les autochtones émasculés par les dogmes sociétaux de la cléricature libéralo-anomiste et islamophile, ne rient plus du tout et voient rouge maintenant qu’ils ont le soupçon que l’on cherche à émousser le machisme de leurs chères petites têtes brunes.

Le jeûne de Béatrice et de Josyane a permis de placer dans le cadre institutionnel l’indispensable départ de François Hollande. Reste aux parlementaires à prendre leurs responsabilités pour éviter à la France une épreuve de force avec le peuple, voire un  chaos que personne ne souhaite. Il faudra suivre pas à pas l’évolution de chacun des parlementaires des deux chambres, en faire la publicité. Nous savons déjà que Jean-François Copé, Christian Jacob et Henri Guaino ont pris fait et cause pour François Hollande. Dont acte. Et merci à Béatrice et à Josyane !

Pascal Olivier

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