La Crimée ose préférer la Russie à l’Union européenne !

Dégommer un pays qui ne possède pas d’armes de destruction massive et n’est pas la Mecque du terrorisme international, malgré les affirmations du contraire, c’est bien, surtout quand on aime les boissons gazeuses et les beuveries estudiantines orgiaques à Miami et ailleurs. Mais lorsque coulent dans votre sang les steppes interminables de Sibérie, c’est mal de défendre ceux qui se reconnaissent dans une identité similaire à la vôtre. Il ne faut pas dépasser les frontières ! Même si les identités ne sont pas aussi « disciplinées » que le nuage de Tchernobyl. Les quarantenaires et plus comprendront ! Pour prendre un exemple bien de chez nous, l’Alsace se trouve au carrefour de deux cultures et son histoire récente le lui a dramatiquement signifié. Eh, bien, il en est de l’Alsace comme de la Crimée, laquelle semble préférer l’autre côté de la frontière au parti-pris anti-Russe de Kiev.

Certains « spécialistes » argueront que le peuplement russe de Crimée est récent sur cette terre historiquement tatare. Dans ce cas je leur répondrai qu’il en était de même pour le Kosovo, territoire historiquement serbe, ce qui n’a posé aucun cas de conscience à l’OTAN pour bombarder Belgrade et faire plier les mêmes Serbes sur la question de l’indépendance de cette région, devenue à majorité albanaise ; musulmane il est vrai, ce qui explique toutes les tolérances !

Et que dire alors des Etats-Unis qui ont non seulement spolié mais massacré les primo-habitants de leur territoire ?

Les faits sont là : pas loin de 60% de la population de Crimée est russophone contre 25% d’Ukrainiens et 15% de Tatars. C’est une région autonome qui plus est.

Les Etats-Unis et l’Europe politiques – pas des peuples ! – hérissent le poil comme des chats en colère parce que la Russie refuserait le consensus « démocratique ». A part le poil, ils comptent hérisser quoi ces coqs ? Deux autres ont déjà tenté le coup : Napoléon 1er et Hitler. On connaît le résultat ! La Russie – je sais, c’est défrisant pour des mondialistes décérébrés par le dieu fric ignorant des particularismes nationaux ! – a toujours été prête à sacrifier le dernier des siens pour défendre son identité. Alors, ce ne sont pas des menaces de sanctions économiques qui infléchiront Moscou. D’autant qu’Américains et Européens ne sont plus les maîtres exclusifs du jeu économique. Rien ne dit que la Chine, partenaire privilégié avec la Russie, observera lesdites sanctions. Quant à nous, peuples européens, nous subissons une nouvelle fois la morale girouette de nos dirigeants, parce qu’en réalité la Russie est nettement plus fréquentable que la Turquie !

Que la Crimée refuse l’hégémonie européiste et se sente plus liée à la « Sainte Mère » voilà qui est insoutenable pour nos cols blancs ! Amusantes d’ailleurs les protestations outrées d’un Barak Obama oublieux du passé de sa Nation : les Etats-Unis n’ont-ils pas fait la pluie et très peu le beau temps en Amérique centrale et du Sud pendant des décennies ? Pinochet était-il à ce point plus « humain » pour ne pas mériter l’opprobre de la Maison-Blanche dont « jouit » le locataire actuel du Kremlin ?

Lors des récentes allocutions du Président russe, il proclamait son attachement indéfectible à l’Histoire et aux traditions de son pays, pointant le peu de cas que nous faisions, Européens, des nôtres. Poutine est un nationaliste dangereux, mugissent les « matons de Panurge », suivant l’excellente expression de Philippe Muray. Par contre, s’il était un tortionnaire islamique – genre dirigeants du Qatar, de l’Arabie Saoudite, etc. –, il est certain que sa politique passerait comme une lettre à la poste. Mais Poutine croit au concept « désuet » d’identité nationale d’obédience chrétienne. Inadmissible, je répète, pour la finance internationale et ses serviles valets. « Hélas », les pays ne sont pas encore un gigantesque marché ! C’est une réalité qui résiste encore à la marche forcée des mondialistes.

Le moindre grain de sable dans les rouages politiques russes peut devenir une montagne pour la presse occidentale, ça n’y changera pas grand-chose. Evidemment, loin de moi l’idée de considérer que le « tsar » des actuelles Russies est irréprochable. Cependant, on ne gouverne pas le plus grand pays du monde en taille comme on gouverne la Belgique ! Notre ethnocentrisme (merci René Marchand !) nous leurre une fois de plus. On continue de regarder l’autre à travers notre seul prisme culturel.

L’Ukraine, si dévouée jadis à ses petits camarades de jeu allemands, notamment avec la division SS Galicie et les quelque 220 000 Ukrainiens engagés dans l’armée d’Hitler, se révolte aujourd’hui tout de même avec une certaine nostalgie  néonazie du « bon vieux temps ». Elle me semble bien douteuse cette révolte, quoi que Ianoukovitch ait été un indéniable escroc. Mais à l’escroquerie succède le chaos à présent. Voilà en plus un pays que l’Europe va devoir renflouer s’il entre dans son giron.

Il serait peut-être temps de cesser de jouer au gendarme international, au risque de provoquer des déflagrations en chaîne. « Nous » avons libéré la Lybie et l’Afrique s’embrase ; « nous » voulons déposer Bachar el-Assad et le djihadisme se frotte les mains, dans l’attente d’une guerre ouverte contre Israël.

Suivant le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes édicté par le Président américain Wilson, la Crimée peut légitimement se désolidariser de l’Ukraine : cela ne nous regarde pas.

Attention toutefois : l’Histoire de la Russie n’est pas une comédie ; c’est une tragédie. Et je ne connais aucune tragédie digne de ce nom sans héros sacrificiels. Avis aux amateurs !

Charles Demassieux

 

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