Le président tchèque Zeman : une voix sensée au cœur de l'Europe

Les récents évènements tragiques, qui ont coûté la vie aux membres de la rédaction de la revue Charlie Hebdo, puis aux clients du magasin Hyper Cacher à la porte de Vincennes, ont eu beaucoup d’échos.
Malheureusement, on a le sentiment que ce qui prévalait, c’étaient les voix de ceux qui se refusent de reconnaître la véritable nature de la menace qui pèse aujourd’hui sur l’Occident.
Il est donc d’autant plus appréciable qu’une voix vraiment sensée – et c’était la voix d’un chef d’Etat- se leva du cœur même de notre continent meurtri. Je fais, bien entendu, allusion aux récentes déclarations de M. Miloš ZEMAN, président de la République Tchèque.
Etant l’un de ses compatriotes, même si j’ai longtemps bénéficié de l’hospitalité française, j’y étais évidemment particulièrement sensible.
Le président parla, à la fin du mois de janvier 2015, à l’occasion de la commémoration de la libération des camps de concentration nazis d’Auschwitz et de Terezin. Il proclama qu’un autre holocauste se prépare aujourd’hui. Il a dit exactement : »L’Etat islamique a le même caractère que l’Allemagne nazie du début des années trente. Ce qui nous menace, c’est un super-holocauste, dont des centaines de millions de gens seront victimes. »
Nous savons que le calife autoproclamé de l’Etat islamique de l’Iraq et du Levant (Daesh) avait menacé d’exterminer jusqu’à un demi-milliard de personnes. Seulement les lâches bien pensant préfèrent faire semblant de n’avoir rien entendu. Car prendre une telle menace en considération signifie naturellement se préparer à une riposte.
C’est à une telle riposte que nous invite le président tchèque. Il déclara : »Nous avons besoin d’une action armée commune, menée au niveau international, sous l’égide du Conseil de sécurité de l’ONU, une action menée par des forces internationales d’intervention rapide, composées, si possible, par des soldats de tous les Etats membres permanents du Conseil de sécurité. »
L’on peut penser qu’un chef d’un Etat de dix millions d’habitants, ne disposant que d’une force armée limitée, est mal placé pour donner des consignes aux grandes puissances.
Rappelons seulement que la République Tchèque a participé aux opérations militaires occidentales aussi bien en Afghanistan, qu’en Iraq. En Afghanistan, il y eut même des soldats tchèques tués.
Rappelons aussi qu’en novembre 2012, la République Tchèque fut le seul Etat membre de l’Union européenne qui ait voté contre l’admission de l’Autorité palestinienne à l’ONU, aux côtés d’Israël, du Canada, des Etats-Unis et de leurs alliés du Pacifique.
L’attitude de ceux qui critiquent aujourd’hui le président Zeman peut nous rappeler les fameux propos de Joseph Staline : »Le Vatican, cela fait combien de divisions blindées ? « C’est oublier qu’outre la force physique, existe aussi la force morale. L’Occident contemporain a largement assez de force physique pour écraser tous les islamistes très rapidement. Ce qui lui manque, c’est la force morale, la volonté de se défendre.
L’on peut se demander qui sont ces Tchèques qui veulent jouer les donneurs de leçons. Longtemps, la Tchécoslovaquie était perçue avant tout comme l’un des « pays de l’Est », l’immense bloc s’étendant de l’Elbe jusqu’au Pacifique, dominé par Moscou communiste. Bien sûr, ceux qui connaissent la géographie savent que Prague se trouve à l’Ouest de la ligne Berlin-Vienne et de la ligne Stockholm-Rome, que Strasbourg est plus près de la frontière tchèque que de Paris.
Plus importante encore que cette proximité géographique est la proximité mentale, morale, spirituelle et – n’ayons pas peur des mots – ethnique. Tout le monde ne sait pas que le mot France vient du latin Regnum Franciae – le royaume des Francs. Ceux-ci étaient un peuple germanique, habitant entre l’actuelle frontière germano-tchèque et Francfort (mot qui signifie le gué des Francs), avant de conquérir les Gaules.
La première université à l’Est du Rhin et au Nord des Alpes fut fondée à Prague en 1348 par notre grand roi Charles IV. Ce roi avait grandi à Saint-Germain-en-Laye en sa qualité du neveu du roi de France, dont il adopta le prénom lors de sa première communion. Le réformateur tchèque Jan Hus, inspiré par des Vaudois, fut un précurseur de Luther et de Calvin. Le grand pédagogue Jan Amos Comenius, le dernier évêque des Frères moraves, mourut exilé aux Pays-Bas.
Surtout, pendant quatre siècles, les Tchèques étaient des sujets des Habsbourg. Ceux-ci devinrent leurs rois après que leur précédent roi Ludvig de Jagellon avait perdu la vie à la bataille de Mohácz contre les Turcs en 1526 et que les Etats généraux des pays de la couronne de saint Venceslas estimèrent que pour barrer la route à la progression musulmane en Europe, il fallait réunir la Bohême, la Hongrie et l’Autriche sous la dynastie qui régnait alors aussi en Espagne, en Lombardie, en Italie du Sud, en Flandre et au Franche comté. Des Habsbourg d’Espagne contrôlaient alors même Alger et Oran, Bône et Tunis. N’oublions pas que entre le Dar-el-Islam et l’Occident, la guerre fut permanente depuis l’époque de Mohamed jusqu’à aujourd’hui. Ce n’était qu’à l’époque, où Jean-Marie Le Pen guerroyait en Algérie, tandis que Ariel Sharon avançait avec ses blindés contre les forces de Gamal abdel Nasser dans le Sinaï, que les Arabes préféraient se présenter comme des combattants de la libération nationale. Comme ils étaient alors soutenus par l’Union soviétique et ses satellites, ils ne voulaient pas froisser les convictions de leurs protecteurs matérialistes dialectiques.
Rappelons que bien longtemps avant l’affaire de Suez et la guerre d’Algérie, toute l’Afrique du Nord avait été latine et chrétienne. Ce n’était que plus tard qu’elle fut conquise par des Arabes musulmans. Saint Augustin, l’un des plus grands pères de l’Eglise, dont la belle statue baroque orne le pont Charles de Prague, avait été l’évêque de Bône (aujourd’hui Annaba).
Du seizième au dix-neuvième siècle, les Habsbourg étaient à la tête des alliances qui cherchaient à barrer la route à la conquête musulmane de l’Europe, puis à repousser les envahisseurs. L’on peut se poser la question de savoir, si c’était une punition divine, qu’ils eurent perdu tout leur pouvoir à l’issue de la première guerre mondiale, lors de laquelle ils s’étaient alliés – en complète contradiction avec ce qui avait été leur traditionnelle raison d’être – contre les puissances de l’Entente, avec le califat ottoman. Celui-ci commettait alors le premier génocide du vingtième siècle, le génocide des Arméniens – par coïncidence, la première nation qui avait, dans son ensemble, accepté le christianisme.
Rappelons que lorsque plus tard Hitler préparait son génocide des Juifs et que certains membres de son entourage le mettaient en garde contre les conséquences possibles, il leur rétorqua : »Qui se souvient encore aujourd’hui des massacres des Arméniens ? »
Le grand écrivain pragois Franz Werfel raconte dans son roman Quarante jours à Moussa Dagh comment, en 1915, au large de l’actuelle frontière turco-syrienne, des Arméniens qui s’étaient longtemps défendus héroïquement contre les forces turques, beaucoup plus nombreuses et mieux armées, furent finalement délivrés par la flotte de guerre française.
Peu après, en 1918, sur l’insistance de Clémenceau notamment, l’empire austro-hongrois fut démantelé. La nouvelle république tchécoslovaque fut alors créée, largement avec le concours français. Par exemple, l’armée tchécoslovaque fut pendant plusieurs années commandée par un général français. Les liens économiques et culturels avec la France furent prépondérants.
Malheureusement, en 1938 eut lieu la tristement célèbre conférence de Munich. Pour les Tchèques, c’était un grand traumatisme, qui servit ensuit largement aux communistes, pour justifier un complet alignement sur Moscou de Staline.
En 1938, les Français ne voulaient pas se battre pour les Tchèques. L’année suivante, le dirigeant socialiste français Marcel Déat lança le slogan : »Mourir pour Danzig ? « Et en 1940 déjà, les armées de Hitler occupaient Paris.
C’est une loi de la nature que pour gagner un conflit, on n’a pas l’intérêt d’attendre que l’adversaire se renforce. Ce qu’il faut voir avant tout, c’est si le conflit est réellement évitable. S’il n’en est pas ainsi, plus tôt on frappe son adversaire, plus on a la chance de gagner.
Si le président Zeman a fait ses récentes déclarations, c’est parce que les Tchèques avaient beaucoup médité des causes de leurs défaites passées. Ils savent que si en 1936, la France et ses alliés de la Petite entente de l’époque – la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie – avaient riposté par la force armée à l’occupation de la rive gauche du Rhin par l’armée allemande, la guerre aurait été gagnée rapidement. Elle aurait fait infiniment moins de dégâts et moins de victimes – même des victimes allemandes. Malheureusement, l’on ne voulait pas se battre. Et comme souvent en pareil cas, la lâcheté trouvait à se déguiser. Par exemple, le périodique encore sévissant aujourd’hui, le Canard enchaîné, ne perdait pas son sens de l’humour en titrant : »Les Allemands envahissent l’Allemagne ! »
Mais comme dit un dicton connu : »Rira bien qui rira le dernier. » Peu après déjà, Hitler évoquait ceux qui s’étaient moqué de ses menaces, en posant la question de savoir, si l’envie de rire leurs est déjà passé.
La question essentielle, celle de savoir si un conflit est évitable ou non, doit être posée très sérieusement, en se gardant de toute tendance à prendre ses désirs pour des réalités.
Dans les années trente, Hitler avait bien clairement indiqué ses intentions et ses buts. Il suffisait de lire son livre Mein Kampf, pour les connaître. En tout cas, son intention de réduire les peuples slaves en serfs de la race de seigneurs germanique y était très clairement formulée. Et cette intention se réalisait même dans les détails formels. Par exemple, après l’occupation allemande de Prague, six mois après les accords de Munich, ce qui restait des pays tchèques fut placé sous le protectorat allemand, dont les clauses avaient été copiées sur celles du protectorat français sur la Tunisie. L’Allemagne avait renoncé à son empire colonial en Afrique et en Océanie. Les peuples slaves de l’Europe centrale et orientale étaient destinés à le remplacer.
Les intentions de nos ennemis actuels sont-elles moins claires ? L’on sait que le devoir de mener le djihad, la guerre sainte, jusqu’à ce que l’humanité entière accepte l’islam, ou se soumette à la domination des musulmans, est très clairement formulée dans le Coran et des autres textes sacrés musulmans. Ceux qui disent que tous les musulmans n’adoptent pas cette croyance nous trompent dans une large mesure. Bien sûr, il y a, parmi des musulmans, des gens qui ont d’autres soucis et qui veulent vivre en paix. Mais du point de vue de l’islam, ce sont des mauvais musulmans, infidèles à leurs devoirs, tels que formulés notamment par des sourates 3 :104, 3 :110, 9 :5 et 9 :29 du Coran.
En tous cas, les dirigeants de l’Etat islamique de l’Iraq et du Levant sont de très bons musulmans et ils le font savoir d’une manière tellement claire que seuls ceux qui vraiment ne veulent pas le voir ne le voient pas.
Laissons ces autruches à leurs lâchetés et préparons-nous à un affrontement inévitable, avant qu’il ne soit trop tard.
Dr Martin JANEČEK

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