Les funérailles de Mérah et l’exercice de la patate chaude

Le problème des obsèques de Mohamed Merah montre que quand la patate est vraiment chaude, même les gants ignifugés se révèlent insuffisants.

Voilà un cadavre bien encombrant. Les Algériens, qui ont enterré quelques centaines de milliers des leurs dans les années 90 ne veulent pas de ce cadeau leur rappelant des barbaries commises par les clones géniteurs de notre tueur national.

Les Français, qui sont gens de culture et de tradition, lui feraient bien une place dans l’un de leurs cimetières. Mais la patate sort à peine de la cocotte-minute, des maires peu désireux de se brûler les doigts au feu des pèlerinages contestables, se défaussent. Merah est mort trop tôt pour bénéficier du repos éternel et des 71 vierges promises dans l’une de ces futures grandes nécropoles dédiées exclusivement au Dieu pour lequel il s’est formé à la guerre.

Les confusionnistes évoqués dans un précédent article sont à l’œuvre, des deux côtés de la Méditerranée. Les Algériens ne veulent pas de ce français se prétendant pourtant des leurs. Les Français fourgueraient volontiers à nos vis-à-vis les restes du trucidé, restes dont ils aimeraient bien penser qu’ils sont en fin de compte algériens. Quant aux religieux  des Unions et Conseils du culte divers, ils prient pour que cette dépouille bien encombrante soit retirée le plus rapidement possible de leur précieux champ de vision. Histoire de passer à des choses plus sérieuses, genre congrès du 6 Avril par exemple. Amour, paix et tolérance. Enfin!

Ah, mes pauvres amis! Si l’assassin avait eu le bon goût d’agir en chemise brune sous le drapeau SS, nous n’en serions pas là. Il eut eu droit à l’indignité nationale, posthume, aux crachats sur son cercueil, à la fosse commune du cimetière des chiens, avec sa vieille mère, seule et honteuse, pour l’accompagner. Et la photo le montrant la bave aux lèvres, tendant la main vers le portrait d’Hitler, serait entrée dans les manuels scolaires pour enfants en Primaire.

Au lieu de quoi, c’est un gamin souriant à la vie, un jeune touriste seulement fasciné par les beautés naturelles de l’Orient, certes un peu décalé mais si humain au fond, que l’on finira peut-être bien par porter en terre au son des flûtes et des tambourins, comme cela se pratique aux pays de ses ancêtres.

Comme le dit l’inénarrable Monsieur Mélenchon, les attentats terroristes sont le fait des indépendantistes d’extrême-droite. Celle-là mériterait pour de bon d’entrer dans les livres d’Histoire. Les survivants de chez Tati et du métro Saint-Michel, les orphelins de Carlos et des artificiers levantins, qui méditent depuis quinze ou trente ans sur les vicissitudes de la condition française, lui sauront gré de réveiller ainsi la mémoire de leurs immenses malheurs.

Alain Dubos

 

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