Les jeunes filles kidnappées par Boko Haram sont violées jusqu’à 15 fois par jour

Maintenant que la direction opérationnelle et la face visible de Boko Haram, en cette saleté de personne appelée M. Abubakar Shekau (aka Darul Tawhid), a finalement admis qu’ils étaient responsables de l’enlèvement de centaines de nos filles de l’école et qu’ils ont l’intention de “les vendre sur le marché comme des esclaves”, il est pertinent et nécessaire pour nous d’envisager certains faits émergents, nous mettant mal à l’aise. Cela nous permettra de comprendre la nature de ceux et de ce avec lesquels nous sommes aux prises et nous permettra d’envisager la réponse appropriée qui devrait être apportée si nous voulons vraiment résoudre le problème.

Permettez-moi de partager avec vous les faits suivants qui ont été portés à mon attention :

1. L’Association chrétienne du Nigeria (CAN) nous a dit que 90 pour cent des jeunes filles qui ont été enlevées de leur école à Chibok étaient chrétiennes.

2. C’est le président Goodluck Jonathan lui-même qui y a fait allusion au cours de son dernier entretien avec les médias quand il a dit que “la majorité” des jeunes filles qui a été enlevé était chrétienne.

3. Que la majorité des jeunes filles qui soit s’est “échappée”, soit a été libérée par leurs ravisseurs était musulmane.

4. Le gouverneur de l’Etat de Borno a refusé d’accepter tant le conseil que les directives de la CEAO selon lesquels les examens ne devraient pas avoir lieu à Chibok en raison de la précarité de la sécurité, à la place il a insisté pour que les examens aient lieu et qu’il garantissait la sécurité des enfants.

5. Que l’Association chrétienne du Nigeria a officiellement accusé le gouverneur de l’Etat de Borno de “conspiration et complicité” et ils l’ont exhorté à dire exactement où les jeunes filles sont et ce qu’il sait à propos de l’incident dans son ensemble.

6. Que les jeunes filles qui ont été enlevées sont violées jusqu’à 15 fois par jour par leurs ravisseurs et que celles qui ont refusé de se convertir à l’islam étaient égorgées (lire le témoignage de l’une des jeunes filles s’étant “échappé” à la page 8 du journal Vanguard, le 5 Avril, 2014).

7. Qu’il n’y avait pas un seul adulte dans la cour d’école surveillant les 278 jeunes filles, que pour la nuit entière il n’y avait qu’un seul homme pour assurer la sécurité et qu’il n’y avait pas d’électricité, pas de générateur, pas de principal (directeur), pas de surveillante, aucun professeur responsable (femme ou homme)  des internes dans l’établissement.

8. Que les enfants étaient seuls dans leurs dortoirs cette nuit là, dans la chaleur torride et la plus profonde obscurité avant que les Haramites arrivent pour brûler leur école et les emmener en captivité.

9. Que les soldats qui gardaient l’école dans Chibok ont été redéployés quelques heures avant que Boko Haram a lancé son attaque et enlevé les enfants.

10. Que jusqu’à présent des photos de jeunes filles enlevées n’ont pas été produites ou délivrées par les autorités scolaires ou le gouvernement de l’État.

11. Que c’était une école majoritairement chrétienne et que Chibok est une communauté à majorité chrétienne.

À mon avis, ces faits sont pertinents et instructifs. Quand on les considère, l’image de ce qui s’est réellement passé à Chibok en cette nuit tragique, que les véritables intentions des ravisseurs et de leurs commanditaires secrets étaient et ce qui est en train de se passer maintenant et se précise de jour en jour. Normalement, que les enfants soient chrétiens, musulmans, païens ou athées, cela ne devrait pas vraiment avoir d’importance parce que, indépendamment de leur foi, nous voulons tous qu’elles soient de retour et nous devons nous battre pour elles afin qu’elles rentrent toutes dans leurs foyers et auprès de leurs proches.

Le fait que 90 pour cent d’entre elles soient chrétiennes ajoute une dimension sinistre et effrayante à tout l’horrible épisode et il est la preuve flagrante du fait que les jeunes filles chrétiennes sont maintenant les cibles des islamistes et que ces jeunes filles sont “vendues sur les marchés”, forcées de se convertir à l’Islam et d’être transformées en esclaves sexuelles. La protestation contre l’enlèvement des étudiantes de Chibok s’est étendue aux états d’Ogun et d’Ondo de Lagos et d’Abuja, hier.

Permettez-moi de dire officiellement que je suis de ceux qui croient que le gouvernement fédéral a manqué cruellement à son premier devoir de protéger le peuple nigérian et j’ai exprimé cette position plus que quiconque dans ce pays dans de nombreux papiers et contributions au cours de ces trois dernières années. Cependant, je crois sincèrement que, aujourd’hui, le problème a atteint un niveau de gravité et d’importance tels que la critique et fustigation du gouvernement ne suffiront pas. La vérité est qu’une telle approche, certainement, n’a pas beaucoup fait progresser les choses au cours des trois dernières années, en fait, rien n’a changé.

Je crois qu’il est temps pour nous de changer de tactique afin d’obtenir de meilleurs résultats, même si nous ne devons pas relâcher notre exigence afin que notre Président et les agences de sécurité et de renseignement fassent leur travail correctement afin d’apporter la sécurité nécessaire à notre peuple. Nous devons aussi comprendre et apprécier le fait que cette question va bien au-delà de la politique. Et elle va bien au-delà du fait que vous soyez pour ou contre le président Jonathan. Elle va bien au-delà de savoir si vous êtes dans l’APC, PDP, APGA, UPN ou Travalliste. Elle va bien au-delà de savoir si vous êtes un progressiste ou un conservateur. Elle va bien au-delà de savoir si vous êtes un chrétien ou un musulman ou si vous êtes du nord ou du sud. L’amère vérité est que, indépendamment d’où vous venez, quel que soit votre foi et quel que soit le côté du partage politique dans lequel vous vous situez, nous avons tous le devoir de faire toute la lumière sur cette affaire, unir nos forces, serrer les rangs, savoir ce qui est réellement en tain de se passer et mettre un terme à ce cauchemar. Nous devons nous donner la main avec tous les hommes et femmes de bonne volonté et, ensemble, nous devons lutter contre ce mal insidieux qui cherche à envahir notre terre et submerger notre peuple.

C’est ce que sont les supporters et les sponsors secrets de la secte Boko Haram ce qu’ils font et et essayent d’atteindre. Ils sont également intéressés à la promotion du processus sinistre et barbare des talibans, le Front Al Nusra, Al Shabab, le Jihad islamique, le Hamas et Al-Qaïda dont la volonté est de détruire l’Etat laïque et d’établir un Etat islamique fondamentaliste. Ils veulent établir un nouveau califat radical dans la sous-région ouest-africaine où le christianisme et l’islam modéré sont interdits, où les femmes sont traitées comme des êtres inférieurs, des biens possedés et qui est régie par la forme la plus stricte de la loi islamique [charia]. À cette fin, il est intéressant de noter que le mal se propage. Un témoignage flagrant de cette triste réalité est le fait que des casernes de l’Armée ont été attaquées par Boko Haram au Cameroun le 5 avril et après avoir tué deux officiers de l’Armée, ils ont libéré tous leurs camarades terroristes et islamistes qui y étaient détenus.

Ce qui se passe est dangereux, sanglant, vicieux, cruel, brutal, profond, sombre et sinistre et c’est un complot dont les dimensions sont monumentales. Il s’agit d’une conspiration dont nous sommes tous victimes. Il s’agit d’un complot qui est alimentée par le secret et renforcé par la réticence de ceux qui savent mieux et qui connaîssent la vérité qui doit être dite et exposée. Il s’agit d’une conspiration qui reçoit également un financement massif et un soutien clandestin de divers gouvernements et des familles royales du Moyen-Orient dont le soutien aux salfists est bien connu et dont la doctrine wahhabite et la philosophie sont exceptionnellement dangereuses. Ce sont le genre de personnes avec lesquelles nous avons  des relations et c’est le monde dans lequel nous vivons. C’est une bonne nouvelle que la communauté internationale soit en train de jouer un plus grand rôle dans ce combat et qu’elle soit prête à nous aider à résister à la terreur et la guerre contre ce qui est fondamentalement un jihad mondial implacable et vicieux. Toutefois, ce n’est pas suffisant. La lutte est encore principalement pour notre Président et au peuple nigérian qui doit le conduire. Il ne reste plus pour le président et son équipe que de se dresser pour l’occasion, dire au peuple nigérian l’amère vérité sur tout ce qui se passe dans les coulisses, d’enlever leurs gants blancs, qu’ils prennent conscience des réalités et combattent les Haramists et leurs commanditaires avec tout ce qu’ils ont obtenu.

S’il refuse de le faire ou s’il se recroqueville en ne le faisant pas en écoutant les modérées et les pacifistes qui sont autour de lui, il peut être assuré que tôt ou tard ce pays va se briser et il restera dans l’histoire comme le dernier Président d’un Nigeria uni. Pire encore, s’il ne fait pas attention, il pourrait bien y avoir un coup d’Etat militaire qui ne sera pas accueilli favorablement par toute personne sensée et que tous  redoutent. Nous devons l’aider du mieux que nous pouvons pour veiller à ce que cela ne se produise pas.

Je ne doute pas que le président sache ceux qui sont derrière Boko Haram : il est maintenant temps pour lui d’exercer ses pleins pouvoirs, et de s’occuper d’eux avec une manière brutale et sauvage. Il est temps pour lui de montrer la force et de nous conduire hardiment dans cette guerre contre le terrorisme. Il est temps pour lui d’être un commandant en chef dont nous puissions tous être fiers. Il est temps pour lui d’utiliser la totalité de son pouvoir et de détenir et interroger tous ceux qu’il soupçonne d’être liés à des terroristes. Il est temps pour lui de se dresser pour l’occasion et d’écraser le mal et les forces des ténèbres qui ont remis en question notre mode de vie, tout ce qui nous est cher et notre existence même. Il est temps pour lui d’utiliser toutes les méthodes connues des hommes pour combattre vigoureusement l’insurrection, y compris une meilleure collecte de renseignements et l’utilisation d’opérations clandestines, “hommes de mains” ou “tueurs à gages”, des opérations secrètes et une coopération maximale avec les agences de renseignement et de sécurité internationales. Il est temps pour lui de bombarder impitoyablement la forêt Sambisi refuge notoire de Boko Haram … et l’incendier, avec tout et tous ceux qui s’y trouvent. Il est temps pour lui d’exercer le droit de poursuite, éventuellement trans-frontière et de poursuivre les Haramites au Cameroun, au Tchad, au Niger ou ailleurs, si et quand il sera nécessaire de le faire. Il est temps pour lui de prouver au monde que le peuple nigérian n’est pas constitué de lâches et insensibles, et que nous savons comment combattre et nous protéger par nous-mêmes. Il est temps pour lui de se dresser et d’exercer les pleins pouvoirs et l’autorité du Président de la République fédérale du Nigéria. Il est temps pour lui de faire ce qu’il faut pour amener nos jeunes filles à la maison et que nous gardions la tête haute une fois de plus.

Fani Kayode

Ancien ministre de l’aviation

Article paru dans le Periscope du 10 mai 2014

Traduit pour Riposte Laïque par Jean-François Cerisier

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