Décidément on marche sur la tête dans ce pays ! Vendredi dernier, 400 personnes se sont rassemblées à Lyon pour protester contre les casseurs qui, en marge des manifestations de la semaine dernières, ont ravagé Lyon. Ont-ils cassé des vitrines, pillé des magasins, dévalisé les passants ? Non, ils ont chanté la Marseillaise en réclamant que les casseurs soient mis hors d’état de nuire.
Le prix à payer pour cette réaction citoyenne ? 328 interpellés, embarqués dans des bus, paniers à salade nouvelle mouture, comme des délinquants et 12 d’entre eux ont passé 43 heures en garde à vue, avec perquisition à leur domicile !
Certes, ils avaient enfreint la loi, puisqu’ils n’avaient pas déclaré en préfecture leur rassemblement qui n’avait donc pas été autorisé. Bien sûr, la républicaine que je suis, dans un premier réflexe légaliste, a eu tendance à déplorer la chose mais à s’écrier : dura lex, sed lex. La loi est dure, mais c’est la loi !
Sauf que… le sentiment d’iniquité est très fort. Sauf que ce sentiment d’iniquité me révolte.
Qu’on en juge.
On se souvient(1) de l’excité de Limoges, entouré de son fan club, haranguant en place publique les passants avec un discours de haine anti Français et foulant aux pieds un Code pénal. Le triste sire et ses acolytes n’avaient pas déclaré ce rassemblement en préfecture, comme le Préfet l’a confirmé à Résistance républicaine qui avait protesté. Or, que leur est-il arrivé ? Ont-ils été arrêtés, gardés en vue, leurs domiciles ont-ils été perquisitionnés ? Que nenni ! On nous laisse juste espérer que “l’autorité judiciaire” donnera une suite à cette affaire…
On se souvient de l’apéritif républicain du 4 septembre à Toulouse, quand une centaine de contre-manifestants ont agressé ceux qui s’étaient rassemblés, avec l’accord de la Préfecture, pour célébrer l’anniversaire de la IIIe République, et chantaient la Marseillaise sous les insultes. Que croyez-vous qu’il se passa ? Que les agresseurs, qui tentaient de frapper les nôtres, qui bien évidemment n’avaient pas déclaré leur manifestion furent arrêtés et leurs meneurs mis au frais pendant 43 heures ? Que nenni ! Ce sont les républicains légalistes qui ont été “exfiltrés” pour les mettre à l’abri et priés de rentrer chez eux toutes affaires cessantes. Certes les forces de l’ordre ont été efficaces et les ont, ici comme dans toutes les villes où se déroulaient des apéritifs républicains, protégés efficacement, mais demeure un goût amer… d’autant plus amer aujourd’hui quand on compare à ce qui s’est passé à Lyon la semaine dernière.
Que conclure de tout cela ? Que le “deux poids deux mesures” se généralise en notre beau pays ? Qu’il vaut mieux être racaille que républicain ? Qu’il vaut mieux tout casser que chanter la Marseillaise ?
A qui profite le crime ? Parce qu’il s’agit bien d’un crime. Crime contre la probité et l’ordre. Crime contre la justice. Crime contre la République et ses fondements. Crime contre l’intérêt commun. La res publica, le bien commun, impose que la justice soit la même pour tous sur tout le territoire. La res publica impose que chacun se sente en sécurité et sache que les bandes de casseurs ne pourront pas récidiver après avoir mis à feu et à sang une ville, la répression étant féroce. La respublica impose que ceux qui appellent à la haine sur la place publique, sur leurs videos et leurs sites soient contraints au silence et soient condamnés,immédiatement. La respublica impose que ceux qui veulent la défendre ne soient pas traités comme des délinquants.
Voulez-vous que je vous dise ? La respublica est en train de mourir, remplacée par la loi du plus fort et par la barbarie avec la complicité d’une justice déliquescente.
Faudra-t-il que les républicains aussi se mettent à utiliser les mêmes armes que leurs adversaires pour que cette spirale infernale cesse et que la justice fasse son boulot, contrainte et forcée ?
Christine Tasin
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(1) [http://www.youtube.com/watch?v=OJviivbNJTw->http://www.youtube.com/watch?v=OJviivbNJTw]