Macron sauce béarnaise

 

Enfin s’achève l’insoutenable suspense qui a pu duper les maigres électeurs du Modem et autres amateurs de mises en scène frelatées : François Bayrou, lors d’une conférence de presse suivie par de nombreux journalistes, les mêmes qui ont toujours joué les caisses de résonnance pour ce politicien opportuniste et pontifiant, vient d’annoncer qu’il ne serait pas candidat à la présidence de la République, mais se ralliait à Macron. La belle histoire vraiment. Plutôt un non-événement monté en épingle, un tour de passe-passe du vieux briscard aux allures de père noble, entré en politique en 1979, après avoir enseigné quelques années, et qui, ayant pris conscience de ses faiblesses, tant en électorat qu’en signatures, tant en ressources financières qu’en troupes sur lesquelles s’appuyer, a fait de nécessité vertu. Celui qui, deux fois de suite, s’est fait rétamer aux présidentielles et ne représente qu’un pseudo-parti squelettique, a proposé à Macron la « Belle Alliance », soi-disant pour sauver la France en péril et s’opposer au FN, épouvantail que, depuis vingt ans, la classe politico-médiatique agite à chaque élection, sans vouloir s’interroger sur les causes de son ascension.

Événement significatif, les marchés financiers ont remonté, preuve que le Béarnais apporte à Macron une aura centriste rassurante propre à faire oublier que, derrière Macron, s’agitent les représentants de la grande finance : Bergé, Niel, Drahi, Bolloré, entre autres… et les « conseillers » opportunistes comme Minc, Attali, Kouchner, Ségala ou encore Cohn-Bendit…

Ainsi Bayrou a joué les utilités en réorientant le mouvement « En Marche » qui, avec l’arrivée de nombreuses recrues socialistes (abandonnant Hamon pourtant candidat officiel du PS) qui constituent de facto un shadow cabinet, apparaissait trop ouvertement comme la continuation du hollandisme dont Macron fut d’ailleurs un des acteurs majeurs. Dès lors, l’image du candidat libre et rassembleur, au-dessus des partis, « ni droite ni gauche », redevient crédible et peut à nouveau capter des électeurs déboussolés et manipulés.

Gageons aussi qu’avec ce ralliement opportuniste présenté comme une décision mûrement réfléchie, François Bayrou peut espérer un maroquin si le marionnettiste Macron était élu. Les adhésions utiles sont parfois payés de retour, encore que, dans le passé, le Béarnais n’a rien obtenu de Hollande pour qui il avait appelé à voter en 2012 ; d’où aussi le soutien apporté à Juppé l’eau tiède, qu’il croyait voir sortir vainqueur des primaires de droite et qui aurait été un candidat acceptable pour la gauche et le centre. À défaut de Juppé, Hollande a inventé Macron et l’a propulsé sur le devant de la scène en feignant d’être trahi. Pour François Bayrou, il était donc urgent de se repositionner.

En rejoignant Macron et en accablant Fillon, le vieux politicard, qui fut, sous Balladur, puis sous Juppé, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche – sans laisser d’ailleurs d’inoubliables souvenirs –, a boosté la campagne, bien qu’en termes de renouveau politique, on repassera. Mais en usant de formules sentencieuses et en jouant de son allure de paysan madré, le Béarnais passe pour incarner la voix de la raison.

Merveilleux tandem que ces deux illusionnistes, ces deux outres vides : d’un côté le candidat jeune, dynamique, survolté, ne lésinant pas sur les promesses, de l’autre, le notable expérimenté, mesuré, racorni même, qui, depuis près de quarante ans, débite les mêmes platitudes. Image caricaturale de la France profonde, cette France que, précisément, les financiers, alliés et soutiens de Macron, représentants de la finance internationale toujours en quête de rentabilité accrue, achèvent de liquider, tant dans son tissu social, industriel et agricole, que dans sa culture, son histoire et sa langue. Avec, comme but, le formatage du peuple pour en faire une masse de consommateurs passifs, d’assistés et d’accros aux jeux vidéo et à la téléréalité. Plus que jamais « Panem et circenses » est à l’ordre du jour.

Voilà à quel jeu s’est prêté Bayrou, traître d’opérette venu cautionner Macron, démagogue new-look, en lui donnant une respectabilité politique et en corrigeant, de ses traits burinés par les ans et les épreuves, le côté superficiel de l’enjôleur public. La rouerie politicienne se conjugue ici à l’enthousiasme trompeur pour que, surtout, rien ne change, alors que, sous nos yeux, tout se dégrade. Leurs paroles creuses et leurs palinodies tentent de masquer la faillite programmée du navire France et les risques d’affrontements. Mais cet écran de fumée ne saurait empêcher la tragédie qui vient.

Max Chaleil

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22 Commentaires

  1. Après la sauce Hollande voici la sauce Macron: indigeste…comme lui.

  2. suite…
    «Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le MoDem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes, et d’autre part illégal. Le MoDem n’a pas osé insisté mais mes collègues ont été contraints de satisfaire à cette exigence», déclarait Corinne Lepage.

    «Durant cinq ans, écrit-elle, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européen.» Interrogée par Paris Match, l’eurodéputée a réitéré son démenti de 2014. «C’est faux, faux, faux et archi-faux, a-t-elle martelé. La secrétaire de François Bayrou a toujours été payée par le Mouvement Démocrate.»

  3. L’info, parue dans Dreuz-info et Paris-Match, fait le tour des réseaux sociaux et les Fillonistes ont lancé une pétition pour que le PNF ouvre une enquête.

    “Dans son livre «Les mains propres», paru en 2014, l’ancienne ministre centriste de l’Environnement Corinne Lepage dénonçait le recours à de «nombreux « emplois fictifs » pour assurer le secrétariat des uns ou des autres, grâce à des personnes payées par des entreprises publiques ou privées « amies ». […] C’est ainsi que des assistants parlementaires servent en réalité le parti politique, et non le parlementaire…”

    A suivre….

    • Le macron à la sauce tomate, c’est bon aussi.
      Mais au niveau de la digestion, ça donne quoi ?
      Quel serait le genre de tisane pour une bonne digestion ?

      • Digestion en mode catapulte … Quelques Kg de riz feront l’affaire.

    • Encore merci Chantal pour la vidéo : ça c’est du lourd, j’adore…

      Quel macro ce macron !!!

    • C’est tout le problème : dans quelle boîte caser Maquereau ? Et, n’osant pas dire qu’il est socialiste, ni républicain (c’est mauvais pour la com’), il est un “concept” flottant; avec “des idées”. Mais le fait qu’on en sache si peu, n’est ce pas là qu’il y a lieu de s’inquiéter ? Que cache-t-il ?

  4. Je croyais qu’on en était revenus, de ces guignols arrivistes et putassiers, les dents rayant le plancher ! (je parle de Macron évidemment). Aparremment non. Mais si Bayrou vient à la rescousse, c’est que Macron devait sentir un vide dans sa communication (genre “Marre que les gens me prennent pour un freluquet à la grande gueule”). Bref… a-t-on ENCORE le droit de refuser d’être pris pour des cons ? Ou bien cette liberté sera supprimée ?

  5. Renaud Camus : « Macron incarne le remplacisme global » VIDEO

    Ecrivain prolixe et intellectuel français, Renaud Camus l’affirme sur TV Libertés : « Macron incarne le remplacisme global. » Pour l’écrivain qui s’est engagé dans la campagne présidentielle en se déclarant candidat, l’élection de 2017 se résume

    à une question simple : « Acceptez-vous que la France cesse d’être la patrie du seul peuple français ? »

    SUITE : http://fr.novopress.info/203984/renaud-camus-macron-incarne-le-remplacisme-global/

    http://fr.novopress.info/203987/mon-analyse-du-programme-de-monsieur-macron-par-marine-le-pen/

    • Et il est bien connu que ces mouches qui s’y collent aiment la charogne !

    • C’est bien pour ça que c’est un PRODUIT MARKETING ! Il est là pour jouer de son capital jeune dynamique arriviste et tout le monde y adhère, aussi stupidement qu’une publicité réussie. Mais ce spectacle donne une information sur le crétisnisme du français moyen !

    • Merci Chantal pour la vidéo : ça c’est du lourd…

      Quel macro ou (maquereau) ce macron !!!

  6. C EST UNE SANGSUE CE BAYROU COMMENT Y CROIRE IL VEUT MANGER A TOUS LES RATELIERS IL EST RIDICULE DEUX CONS

  7. Bah ! si , Fillon devant renoncer, Juppe revenait dans le jeu, il serait (l’homme du Modem) bien capable de trahir Macron à son tour en se ralliant à Juppé!

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