Mali : c’est une connerie de dire “quelle connerie la guerre !”

Quelle connerie la guerre (Prévert- chanson  « rappelles-toi Barbara… »)

Un bon ami, étonné de mon parti-pris pro-malien me faisant approuver l’intervention française m’a envoyé un texte énumérant le coût d’un avion rafale ou d’un bombardement, évoquant les « soi-disant » manifestants maliens enthousiastes, dont on ne nous montre pas les visages (sous-entendu, ce sont de faux manifestants), fustigeant les « politiciens fantoches maliens », dénonçant les « massacres de civils » ou d’innocents auxquels l’armée française se livrerait. On y lit encore, qu’elle est l’armée d’un pays qui, en réalité, lorgnerait sur les importantes richesses du sous-sol malien et viserait à l’éclatement du Mali et des autres nations de la région.

Bref, l’intervention française serait classiquement impérialiste ou néocoloniale. Un éclair de lucidité cependant, dans ce document : le Qatar est mentionné, en sa qualité de bailleur de fonds, de fournisseur d’armes et de ravitaillement pour les djihadistes séquestrant le nord du Mali.

J’ai répondu à cet ami : que mettre en avant « quelle connerie la guerre », relevait, en l’affaire, du pacifisme le plus bêlant, de ce pacifisme dévoyé qui démoralisera et incapacitera l’armée française en 1939-1940 et fraiera la voie à la « collaboration de gauche » avec les autorités d’occupations nazies. Je lui ai fait observer : qu’il renvoyait dos à dos Le Mali et la France d’un côté, les djihadistes coupeurs de membres et lapidateurs ainsi que leurs bailleurs de fonds qataris de l’autre.

Entre 1940-1945, – passé le bref « internationalisme prolétarien » de façade de la direction du PCF soutenant contre vents et marées le pacte germano-soviétique- il n’y eut que les pères fondateurs du groupe qui deviendra « Voix ouvrière », puis « Lutte Ouvrière », pour considérer que les Anglo-russo-américains c’étaient du pareil au même que le Troisième Reich, ses alliées et ses auxiliaires.

Je rajouterai, en réponse à cet ami et aux arguments opposés à une intervention soutenue par 74% des français, que le Mali, c’était devenu la Catalogne libre de 2013.

Le Franquisme, en 2013, c’est le djihadisme. Les alliés fournisseurs d’armes et de moyens financiers (l’Allemagne et l’Italie des Hitler-Mussolini), c’est : l’impérialisme vorace des Qataris et les féroces aboyeurs de rue salafistes et Frères musulmans de Tunis, Le Caire, Gaza et Benghazi.

Je compléterai ma réponse en indiquant, que mon désaccord avec l’équipe présidentielle française portait, concernant le Mali, sur le fait que la guerre qui commençait n’était pas une simple opération de police.

Le djihadisme n’allait pas lâcher sa proie aussi facilement

Au contraire, il allait chercher à détruire à petit feu le Mali comme le mouvement national non-islamiste de l’Azawad (le mouvement national des imazighen/touareg). Les combats de ce week-end à Gao, plus au sud que la zone touarègue, montrent que l’islamisme djihadiste est plus qu’une bande de brigands semi-mafieux et d’aventuriers ou de mercenaires du Qatar. Dans ces conditions, l’appel à l’énergie combattante de toute la jeunesse malienne, et même au-delà, sera nécessaire. Je concluais, en ces termes dans ma réponse à cet ami : les Peuples du Mali devront trouver en leur sein leurs propres Lazare Carnot, leurs Saint-Just, leurs Danton et leurs petits tambours Bara, répondant à l’appel de Mahmood Diko déclarant : « la patrie malienne en danger !».

La France, ses responsables légaux, ayant alors pour mission, – s’ils veulent aider effectivement le Mali, sa population -, de maintenir des forces militaires conséquentes sur le terrain, mais surtout d’aider à former des cadres militaires sérieux, disciplinés, officiers, sous-officiers et simples soldats dévoués et motivés.

Tout est ouvert, le pire et le meilleur

Se laver les mains, au nom de « quelle connerie la guerre », au nom du coût financier des opérations aériennes et terrestres, risquerait de coûter infiniment plus cher, en argent, en vies humaines, en remises en causes des droits et libertés démocratiques, qu’un hélicoptère ou qu’un avion rafale, ou que le coût de l’ouverture, en France, de centres de recrutement et de formation pour l’armée malienne.

Alain Rubin

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