Mort de Charles Pasqua : au revoir, Monsieur…

Charles PASQUA à la réunion publique de soutien à Jean-François COPE à La Garenne-Colombes le 26/02/04 Photo Jean-Christophe MARMARA / Le Figaro
Charles PASQUA à la réunion publique de soutien à Jean-François COPE à La Garenne-Colombes le 26/02/04 Photo Jean-Christophe MARMARA / Le Figaro

Les nuages d’hypocrisie se sont rapidement amoncelés, gonflés d’une pluie d’hommages de circonstance. Le vieux lion est mort, laissant une savane en piteux état. Charles Pasqua n’est plus, disparu à l’aube de ces jours arides.
Pasqua, c’était peut-être un filou à l’accent qui fleurait bon le maquis corse, mais c’était surtout un homme qui avait une haute idée de la France ; idée tombée en désuétude parmi ces élus de tout bord, quelques rares happy few exceptés.
Déjà, à l’annonce de sa mort, Laurent Joffrin s’est précipité sur la dépouille encore chaude du briscard de la politique française. Et quand dans son éditorial[1] post-mortem il l’accuse d’avoir donné « une image bien noire de la politique », c’est qu’il est, soit stupide, soit malhonnête, entre les deux mon cœur balance. Entrer en politique c’est accepter de se salir les mains. Mais Joffrin préfère balayer devant toutes les portes pourvu que ce ne soit pas la sienne !
Pasqua, commodément accusé du meurtre de Malik Oussekine – « l’homme de la mort de Malik Oussekine », écrit Mediapart –, lors des manifestations étudiantes de 1986 – pas si paisibles que la légende le raconte ! –, se donnait pourtant les moyens de défendre son pays. D’où son désir de rapprochement avec le Front national pendant la campagne présidentielle de 1988, dont il partageait un certain nombre de prises de position, notamment la défense de l’identité française et de la sécurité.
Un coupable idéal pour la Gauche, donc.
Souvenons-nous de la grotte d’Ouvéa, où les forces d’assaut furent accueillies par des armes de guerre tandis qu’elles venaient libérer les gendarmes retenus depuis des jours en otages par des indépendantistes kanaks. Il a suffi de parler de crimes perpétrés par les militaires et le tour était joué. On oublia les quatre gendarmes assassinés lors de l’attaque de la gendarmerie et les deux soldats tués pendant l’assaut.
La Gauche connaît parfaitement son Machiavel, Mitterrand en tête, qui dut remercier le destin dans cet entre-deux tours présidentiel. Il sera réélu et l’on taira son double jeu politique durant cette crise. Il avait pourtant donné son accord pour cet assaut, renvoyé à ses responsabilités par Charles Pasqua lui-même. Une fois confortablement réinstallé dans son fauteuil élyséen, il proposera une version édulcorée de sa responsabilité et tout ira pour le mieux en Sociale-lie !
Il y a quelques mois, dans un entretien avec Laurent Delahousse sur France 2, Pasqua montrait encore ses crocs, proposant de rouvrir le bagne de Cayenne et rétablir ainsi les travaux forcés pour les islamistes condamnés sur le sol national : « Qu’on les mette sur une île, qu’on les mette loin […] qu’on rétablisse à Cayenne un centre de détention qui permette d’isoler ces fous furieux. »
Il réagissait à l’inconscience – voire la complaisance – de la Gauche gouvernante face à ce fléau, avec son ton sarcastique, si savoureux quand on y pense : « J’apprends qu’on va regrouper tous les détenus islamistes dangereux au même endroit. Bravo. Et c’est où cet endroit ? C’est sur le sol de la métropole ? Non, ce n’est pas sérieux ! »
On ne pouvait pas demander moins à l’instigateur des premières lois antiterroristes. Qu’importait d’ailleurs que l’on fasse sauter des magasins dans Paris, les lois Pasqua étaient « liberticides », braillaient les apparatchiks « mitterrandolâtres ». Lui n’en avait cure, et en 1987 il fit tomber Action directe, groupe anarcho-communiste ultra violent. A mettre à son crédit ou son discrédit, étant donné que ces agités étaient, à bien y regarder, des cousins éloignés de la Gauche ?
Pasqua, au-delà des affaires – condamné pour certaines d’entre elles, certes ; était-ce le seul ?! –, c’était un destin français.
A quinze ans, ce fils de policier s’engage dans la résistance contre la tyrannie nazie. Plus tard, après des études de droit, il entre chez Ricard, où il gravira les échelons. Parallèlement, ce gaulliste convaincu cofonde le fameux SAC – Service d’action civique –, que la liturgie gauchiste voudrait comparer aux SA ou à la Stasi ! On accuse le SAC, entre autres, d’avoir passé à tabac des manifestants en 1968. Et alors ? Seuls les flics méritaient de recevoir des pavés, des grillages d’arbres, des cocktails Molotov ? La violence de gauche est si belle ! Que le SAC se soit dévoyé par la suite, c’est possible, mais il a été dissout. J’attends toujours pour les fanatiques de l’ultra Gauche !
Enfin, Pasqua c’était un verbe haut, une « faconde », comme ils disent en ce moment. Oui, une faconde digne de Clemenceau et bien entendu De Gaulle, son modèle, pour qui il organisera, avec d’autres, la contre-manifestation du 30 mai 1968.
Charles Pasqua brutal, calculateur, cynique, provocateur, etc., tout ce que vous voudrez, mais avant tout Français. Au revoir, Monsieur…
Charles Demassieux
[1] http://www.liberation.fr/politiques/2015/06/29/pasqua-hautes-ambitions-et-basses-oeuvres_1339796
 

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