Nicolas en prison : Taubira menace une journaliste qui s’étonne du deux poids deux mesures

Le fil rabiboché de toutes parts, sur lequel le pouvoir en place enfile ses perles à marche forcée, s’est enrichi pas plus tard que Lundi de cette gemme que nul génial humoriste de la génération Debbouze n’a relevée. Ce qui est fort dommage. Mais normal. La perle en question :

http://www.fdesouche.com/387338-christiane-taubira-sexplique-sur-lincarceration-de-nicolas

Vous avez bien entendu : à la très discrète indignation de la journaliste relevant la différence de traitement judiciaire entre les casseurs grégaires de RER, de bus, de TGV, de Trocadero entre autres butins de guerre, et le jeune homme seul, désarmé, que l’on met aux fers séance tenante parce qu’il a refusé qu’on lui chatouille les amygdales avec un coton-tige, la Ministre de la Justice, des Sceaux et des Lettres de Cachet répond : “Attention, Madame, vous jouez là un jeu dangereux“. Et elle le répète!

À entendre ces quelques mots glaçants relevés, comme le couscous par l’harissa, par un regard plein d’une fureur à peine contenue, mon sang de vieux cinéphile ne fit qu’un tour. Quel Parrain, chef de clan, caïd local ou politicien véreux n’a pas, dans quelques centaines de films, prononcé cette menace : “vous jouez un jeu dangereux“? Quel scénariste n’a pas, un jour ou l’autre, ressenti la nécessité de pimenter un dialogue par cette mise en garde prononcée mezzo voce, avec, souvent, un bon sourire d’ami sûr ? De Hammett à Cheyney, de Dard à Simonin, tous se sont servis généreusement de ces brèves phrases propres à mettre en valeur le jeu de l’acteur. Dans la même veine : “Trop tard pour toi, Billy, c’est l’erreur de trop”, “T’aimes le grand air, Joe, ça tombe bien, on va t’emmener le prendre près du canal”, “Gaffe à toi, chérie, refuser le client n’est pas dans les habitudes de la maison“, et tant d’autres, ciselées pour des Bogart, des Ventura, des Robinson, des Raft, voire des Navarro.

Ri7taubira et sa clique 001Attention, Madame, vous jouez là un jeu dangereux ! J’entends la voix égale et froide de Michel Bouquet, plus que parfait dans ses rôles de manipulateur pourri jusqu’à l’os. De quoi pétrifier l’insolente, qui passe opportunément à autre chose. C’est qu’une place à la tribune médiatique, ça coûte cher, ça se gagne à la sueur du front, ça se défend bec et ongles. Et on mettrait ça en jeu pour une question juste échappée de l’auto-censure? Boudiou! En arrière, toute, et vive la liberté d’informer quand Madame la Ministre nous fait l’honneur d’accepter notre invitation.

Au banquet des grands dialoguistes, convions l’inégalable Audiard. C’est Françoise Rosay, dans “Le cave se rebiffe”, à propos d’un truand pathétique : “S’il y avait un étalon de la connerie, il serait à Sèvres“. Sur liste d’attente, l’endroit est aussi surpeuplé que les prisons de la République !

Alain Dubos

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