Pourquoi l’UOIF n’inviterait-elle pas Mélenchon au Bourget pour remplacer Qaradawi ?

Le congrès de l’UOIF doit ouvrir ses portes, au Bourget, ce vendredi 6 avril, jusqu’au lundi 9 avril. Ce congrès se tient quelques jours après les meurtres du jihadiste Mohamed Merah, qui en ont compliqué la tenue. Prévus comme intervenants vedettes, deux prédicateurs musulmans Youssef Qaradawi et Mahmoud Al Masri, célèbres, entre autres, pour leurs appels au meurtre contre les juifs, ont été priés par le gouvernement de rester chez eux… après qu’on leur ait accordé des visas, dans un premier temps. Encore plus ennuyeux, ce jeudi, les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur ont dressé une liste de quatre nouveaux noms qui sont frappés d’une interdiction d’entrée sur le territoire français.

Le président de la République a fait savoir, d’autre part, qu’il serait très vigilant quant aux interventions qui se dérouleront, lors de ce congrès. Nous comprenons donc la détresse des organisateurs, six intervenants à remplacer en moins de 48 heures, ce n’est pas chose aisée, surtout quand l’un d’entre eux a l’envergure de Youssouf al Qaradawi. L’UOIF a su, par le passé, inviter des personnalités politiques françaises de premier plan, en remerciement pour les services rendus à la cause : Noël Mamère, en 2004, et Christine Boutin, en 2005.

Dans ce contexte, pourquoi les dirigeants de l’association proche des Frères musulmans n’inviteraient-ils une vraie pointure, l’homme qui a pris la Bastille, et monte sans arrêt dans les sondages : Jean-Luc Mélenchon, que nombre de musulmans considèrent en France comme le meilleur défenseur de leurs intérêts ?

http://lesmusulmansavecmelenchon.wordpress.com/

N’avait-il pas, pour lutter contre l’islamophobie galopante, relayé l’argumentaire des associations musulmanes, comparant la stigmatisation des musulmans du 21e siècle avec la haine des juifs dans les années 1930, et donc ceux qui critiquent l’islam aujourd’hui aux nazis d’hier ?

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N’avait-il pas, en pleine tourmente sur le halal, à cause de Marine Le Pen, remarquablement déminé le terrain, et refusé de tomber dans le racisme anti-arabe qui se dissimulait derrière cette campagne sordide ?

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N’avait-il pas, après avoir affirmé que la victoire de Charles Martel à Poitiers avait privé la France de l’apport de l’islam, appris à nos compatriotes que les cathédrales françaises n’auraient pas pu être construites sans l’apport des arabes ?

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N’avait-il pas, en plein printemps arabe, totalement nié la menace islamique que certains avaient cru débusquer, voyant, au contraire, un nouveau 1789 qui allait clouer le bec à l’extrême droite islamophobe. N’avait-il pas, en outre, encouragé les Français à s’inspirer de ce qui se passait en Tunisie ?

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N’avait-il pas, enfin, rassuré les électeurs de notre pays quant à la réalité de la menace islamique, montée en épingle par Marine Le Pen et les siens, par ailleurs bien silencieux sur les intégristes catholiques de Saint-Nicolas du Chardonnet ?

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http://www.youtube.com/watch?v=-Q-OX5LA1wI&feature=related

Il n’y a donc pas de raisons que Christine Boutin et Noël Mamère aient déjà été invités au Bourget, et que Jean-Luc Mélenchon ne le soit pas. Bien que mécréant, il se refuse à sombrer dans une critique haineuse de l’islam, préférant décocher ses flèches contre le christianisme. Il mérite d’autant plus d’être présent que, contrairement à Marine Le Pen, qui a osé demander la dissolution de l’UOIF, le candidat du Front de gauche, comme d’ailleurs l’ensemble de la gauche, n’a pas eu un mot contre la venue de Qaradawi. Mieux même, refusant la démagogie facile, il a protesté vigoureusement contre les arrestations de militants de Forsane Alizza et d’imams présentés comme intégristes par Sarkozy, en pleine campagne présidentielle. De même n’avait-t-il pas hésité à manifester avec des religieux musulmans, pour protester, en janvier 2009, contre l’agression israélienne du peuple palestinien.

Nous lançons donc un vibrant appel au docteur Ahmed Jaballah, président de l’UOIF, pour pallier cette injustice, et inviter Méluche, en vedette américaine, juste avant l’intervention de Tariq Ramadan. Certes, cela ne remplacera pas un tandem Ramadan-Qaradawi, mais nul doute que les hommes et les femmes présents (mais séparés) à ce congrès sauraient réserver une standing ovation au meilleur propagandiste français de la religion d’amour, de tolérance et de paix.

Paul Le Poulpe

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