Première année de Hollande : une grande année de stalinisme médiatique

Pour son premier anniversaire, le gouvernement de Monsieur Hollande peut fêter un exploit sans doute unique dans les annales de la Vème République : avoir réussi, à propos d’un problème concernant une infime minorité de la population, à dresser en un temps record une moitié de la France contre l’autre, dans une ambiance ressemblant aux prémices des guerres civiles dont notre pays a déjà, par le passé, respiré le fumet nauséabond avant d’en goûter la chair bien saignante bouillie au feu des règlements de comptes.

Ce fut vraiment une année lamentable, bientôt close par un vote qui en vérité n’intéresse plus grand-monde tant il aura été précédé de manoeuvres, accompagné de mensonges (la comptabilité des “anti”, quelle pitrerie !) et conclue sur un étrange et inquiétant accord entre gens pour qui la République peut définitivement être sommée de se laisser prendre par derrière sans se plaindre. Une phalange nait ainsi sous nos yeux, de “chemises roses” pour qui ceux qui ne pensent pas comme elle ont soudain des manières de hussards, des haleines de pétainistes, des têtes de nazis (dixit Mme Sihem Souid, du cabinet Taubira) et même des familles nombreuses, en gros des profils de blaireaux qu’une version bien comprise du débat démocratique a déjà réduits au rang de simples comparses. En attendant de les faire taire autrement?

François Mitterand avait reculé sur l’école libre. Le dilettante qui lui fait office de successeur fonce sirènes hurlantes dans le mur qu’une opinion publique soudain réveillée de sa très longue sieste dresse pourtant devant lui. Ce mystère demeurera l’un des plus fascinants d’un quinquennat dont les sondages établissent par avance, s’agissant de l’impopularité, un autre record. C’est Padirac sans les échelles pour remonter à la surface, un gouffre où sombrent les illusions d’un peuple déboussolé, malmené, malaxé par des idéologues totalement indifférents à son sort dès lors qu’ils en extraient de quoi ramper un peu plus loin sur le carrelage de l’Histoire.

Quel que soit le thème, tout est faux, truqué comme les photos des manifs de Mars, remixé pour les besoins de la cause officielle. Les “anti-mariage” sont des SS en puissance, la grossesse pour autrui sera une banale assistance à personne en détresse, la religiosité musulmane est totalement inoffensive sauf chez les Tsarmaiev, et encore, les assassins de marathoniens à Boston ne sont-ils pas des loups solitaires logiquement perturbés par le mode de vie américain, et réagissant en simples Tchétchénes de passage chez les barbares?

Lorsque Christine Tasin évoque la nécessité pour l’Occident de juguler absolument la percée islamique, Alain Gresh, qui oeuvre au Monde Diplomatique, l’assimile aussitôt aux anti-sémites des années 30 et 40, comme si les prêcheurs salafistes et autres qui nous promettent ouvertement (et nous offrent à l’occasion, par Merah interposés) l’enfer sur terre étaient aussi désarmés que les pauvres rabbins de Varsovie, de Prague et du 4è arrondissement de Paris il y a soixante dix ans. Haro sur les odieux fascistes qui défigurent le noble portrait de la Vraie Croyance. Venant d’un journal qui a cautionné via sa pseudo largesse éditoriale l’essentiel des génocides et des saloperies guerrières du demi-siècle passé, l’assaut vaut son pesant de miel idéologique. Quoique de la part du fils du fondateur du PC égyptien, il soit compréhensible.

A part ça, tout va bien chez les normaux normalement conduits à leur normale destinée par des bergers pétris de normalité agissante.

La question est : comment peut-on, dans un tel désastre, demeurer plus de deux ou trois minutes devant les écrans qui vomissent quotidiennement, à jet continu, la désinformation la plus éhontée qui se soit jamais répandue sur les gens? Comment peut-on subir à ce point le stalinisme médiatique coulant comme du pus jusqu’aux pieds de nos canapés, de nos bureaux, de nos plumards? Jusqu’à quel stade de pestilence verrons-nous grossir la supercherie que le suffrage universel nous impose comme jamais, hélas, depuis une douzaine de mois? Drôle de question, dont la réponse erre sous la chape de mots qui l’étouffe. Soulever le couvercle du sarcophage pour ne pas crever asphyxiés ne va pas être facile.

Alain Dubos

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