Souvenirs d’adolescents avec Johnny et Dutronc, dans les années 60…

Dans le flot des hommages qui croulent sur ta tête blonde, j’ajoute le mien, bien modeste. Nous nous sommes connus dans les années 1950. Déjà tu jouais de la guitare, et nous allions au Milk-bar de la gare Saint Lazare, où nous buvions des laits fraise. Tu n’étais pas encore Johnny à la carrière stupéfiante, mais Jean-Philippe, mais déjà tu avais les épaules en avant et légèrement arrondies, que tu conserveras ta vie durant, en dépit des séances de musculation. Nous nous retrouvions place de La Trinité les uns attendant les autres de la bande, souvent adossés contre le parapet devant l’église, et je te revois encore arriver, dans ton pantalon flottant, la mèche blonde et rebelle, le sourire séducteur : « Salut patate ! » disais-tu. Nous allions déambuler dans Montmartre, où nous retrouvions un copain et une copine. Le copain cachait sa monture portant des verres de myope. Il s’appelait Jacques. Il est devenu beaucoup plus tard un peu grâce à toi Dutronc ; quand tu es devenu une vedette, tu l’as engagé comme secrétaire. Une façon de continuer à rire, et de s’envoyer des vannes. De se bousculer comme le font les garçons en sortant de l’école. Une fille était là. Maigre, perdue dans un grand pull, les mains enfouies dans les manches, comme si elle voulait disparaître, tout en restant parmi nous. Dutronc et elle se marièrent. Ils s’aimaient déjà.

Et puis, il y eut les premières télévisions en noir et blanc. Et ensuite, le Golfe Drouot. On s’y entassait le samedi soir dans la fumée des cigarettes, que nous pouvions fumer loin des parents, et parfois aussi le dimanche après-midi. Nous gesticulions comme des diables, nous avions tellement envie de vivre. Et puis le succès est arrivé et tu es devenu Johnny. Il nous est arrivé de nous croiser plus tard , beaucoup plus tard, comme on se croise dans ce métier du spectacle, au Club 13 chez Lelouch ou dans un restaurant. Tu ne m’as jamais négligé, et si tu m’apercevais, tu venais vers moi. Souriant, les épaules légèrement voûtées. « Tu vas ? » me disais-tu. « Je vais ! » répondais-je. Rien de plus. Mais c’était un clin d’œil au passé.

Adieu, Johnny, adieu les laits-fraise au Milk-bar de la gare Saint Lazare, les soirées à Montmartre. Si nous te pleurons, c’est aussi notre adolescence que nous pleurons, et qui vient de s’envoler. Adieu, Johnny, nous n’irons pas voir en hurlant dans les rues le dernier film de James Dean au studio Saint Lazare.

Raphaël Delpart

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26 Commentaires

  1. Oui ! Souvenirs de jeunesse ! Le Golf Drouot !
    Comme dit hier, ici, l’arrivée du “Yé-yé”, du Rock, de Bill Halley, a tout changé !
    Dans le Zin-Zin/Boum- Boum actuel, il restait le seul audible…
    La Musique est morte ! Les Paroles sont mortes ! Reste le BRUIT !

  2. Ceux qui comme moi “faisaient” l’Algérie entre 59 et 62 écoutaient, lors des périodes de repos, à la radio, les premiers enregistrements de Johnny et des “chats sauvages” de son pote Eddy Mitchell. Mais quand on affiche dans tous les spectacles une croix en pendentif et une autre tatouée sur la poitrine, on ne peut pas plaire à certains ! Et si en plus on chante ” oh marie si tu savais ” . . . .

    • Les Chats Sauvages c’est avec Dick Rivers puis Mick Shanonn.
      Vous devriez écouter les paroles de ”Veau d’or Vaudou” en 1982 pour avoir une vue sur ce chanteur alcoolique fumeur et drogué, incapable de pouvoir chanter en dernier et se faisant doubler…

      • “Ce” chanteur ? TOUS les chanteurs et artistes en général sont alcooliques et camés.. ouvrez les yeux.

    • ARTHUR, Eddy Mitchell, c’était les “chaussettes noires” ( ils faisaient de la pub pour une marque de chaussettes ). En tout cas, c’est un émouvant hommage de Raphael Delpart à Johnny avec lequel je m’étais retrouvé une fois accidentellement sur scène.

  3. “lait-fraise” ! plutôt coke et wisky, j’aime bien l’artiste mais l’homme était un junkie

    • S’il faut du Johnny décédé pour faire réagir le peuple alors vive Johnny et casser de l’antifa nouvelles ordures nazies.

    • On sait qu’il y aura 700 bikers dans le cortège pour rendre hommage à Jojo…… donc, l’extrème-facho-gocho fait savoir que c’est un fake……. Ha ! ha ! ha ! ils font pipi dans leur froc les décérébrés !!

  4. Y a assez de pédophiles dans l’Eglise catholique et les vieux curés n’ont pas le succès des Iphone X, le monde est athée, point barre. Ni dieu, ni maître. Vade retro!

    • T’as raison, moudubout ! salam aleikoum ! et quand tu seras obligé d’adorer une divinité sanguinaire et son prophète à la mords -moi le noeud et que ses imams ( ils sont pas pédophiles eux?) et qu’ils t’obligeront à te faire sauter, tu regretteras peut-être d’avoir dit des conneries !

    • Parler des pédophiles prêtres sans vouloir parler des ministres des politiques déclarés c’est de l’oubli intentionnel, les Frédéric Mitterand, les Cohn Bendit, les Jack Lang,et les réseaux du Maroc quelle hypocrisie !

    • moudepartout
      Voilà au moins des arguments de poids , et l’amorce d’un débat particulièrement intéressant, original et nouveau, surtout nouveau.

  5. pour moi johnny est mort dans les années 70, en effet jusqu’a cette époque il a révolutionné la chanson, il a importé un style une attitude et un rythme, mais apres cette époque ce n'(était plus qu’un alcoolique et un drogué sans intéret qui vivait plus sur des acquis et qui n’a fait que de la daube…..
    mais bien sur ce n’est qu’un avis personnel.

  6. Moi je me souviens des petits gars de la zone, qui portaient la banane, pour qui Johnny était une idole et un modèle..le peuple l’a toujours aimé, et le peuple a un bon instinct.

  7. Oui, si tant d’émotions s’épanchent à la disparition de Johnny Hallyday, c’est que de près ou de loin, il a été un témoin de notre vie. La vie de la France des Trente Glorieuses. Cette France que les ploutocrates mondialistes considèrent comme « l’ancien monde », qu’ils s’acharnent à détruire et enterrer.

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