La morale laïque de Vincent Peillon est un bisounourisme totalitaire
Les partisans du relativisme culturel ont pris le pouvoir à l’Éducation Nationale après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, en arts plastiques, un échafaudage rouillé équivaut à une statue de Maillol ; en français, un roman de Daeninckx est l’égal des Misérables ; en histoire, le royaume de Monomotapa a la même importance que la France de Louis XIV.
La réforme Peillon à travers l’enseignement d’une morale faussement qualifiée de laïque est une victoire de plus de ce relativisme enseigné aux élèves.
D’un point de vue philosophique, il n’est pas envisageable de juger les autres cultures à l’aune de la nôtre. Ce point de vue relativiste ne signifie nullement que toutes les cultures se valent. Il signifie simplement que l’on doit passer toutes les cultures — y compris la nôtre — au tamis des valeurs humaines universelles nées dans ce que le philosophe Karl Jaspers appelle la période axiale de l’humanité, autrement dit dans l’Antiquité gréco-romaine.
Mais les pédagogues des salons ministériels ont, comme d’habitude, simplifié la pensée philosophique. Pour débâtir l’enseignement, ils s’appuient maintenant sur une supposée morale laïque. Il s’agit, en réalité, de légitimer les subjectivités collectives, les groupes sociaux, les communautés.
Avec Peillon, nous sommes entrés dans la phase terminale du processus. Chaque élève ne devra développer en lui que la vision du monde et de ses évolutions liées à ses croyances, sa culture, sa famille.
En son article 28, la loi Peillon dit : « L’école, notamment grâce à un enseignement moral et civique, fait acquérir aux élèves le respect de la personne, de ses origines et de ses différences, de l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que la laïcité. »
Il y a les mots que nous aimons entendre : respect, égalité, laïcité.
Mais très vite, on se demande ce qu’implique le respect des origines et des différences de la personne.
La réponse se trouve dans le Rapport sur l’enseignement laïc de la morale commandé par Vincent Peillon pour élaborer la loi. On y lit que les enseignant devront « (…) transmettre sans imposer, sans faire violence aux croyances des élèves et de leurs familles, avoir constamment à l’esprit le souci du commun, de l’intérêt général afin de ne pas heurter les intérêts privés[1]. »
En clair, la morale laïque version Peillon, c’est un relativisme puissance 10 qui interdira au nom de l’empathie, du respect des différences, de la considération due à l’autre, de la prise en compte de son point de vue, de le voir comme un ennemi ou un concurrent. C’est-à-dire de le contredire en avançant des arguments.
En fait, le but est de mettre l’école et, au-delà, la société française, dans un état d’apesanteur. Il y sera prohibé toute confrontation d’opinions, y sera nié le caractère conflictuel de religion comme l’islam et sa charia, y sera excisé des cerveaux l’idée de nation, y sera gommé la structure mentale basée sur la Raison et les connaissances qu’elle utilise. En somme, tout ce qui fait une pensée autonome.
Cette pluralité des valeurs, cette « alterophilie » pour reprendre un mot de Vincent Coussedière dans Causeur, baptisée « morale laïque » vise à refonder l’école en un relativisme total où cultures, lois, religions, sont équivalentes et donc ne peuvent être remise en question, ni même discuter.
Chacun sera dans sa cage et aura interdiction de contredire celui de la cage d’à-côté.
La morale laïque du franc-maçon Peillon est un bisounoursisme totalitaire dans lequel, par exemple, les enseignants de SVT et de physique sont condamnés à disparaître car l’instruction scientifique transmise par l’école devra veiller à ne pas « faire violence aux croyances des élèves et de leurs familles ». Et la découverte des univers infiniment grands et infiniment petits ne peut que perturber les Mahométans et autres esprits courbes.
Ce discours relativiste du « tout se vaut » doit aboutir dans l’esprit de Peillon à la tolérance généralisée.
Mais attention, ceux qui refuseront ce naufrage seront placés sous surveillance idéologique. Et les condamnations pour racisme et pour toutes les phobies inventées par nos ayatollahs du politiquement correct vont pleuvoir sur les réfractaires.
Sous Hollande, Peillon, ministre de l’Education nationale, aura donné un formidable élan à l’ère post-intellectuelle.
Marcus Graven