8 Mars Journée internationale de la Femme, mythe ou réalité ?

C’est à Copenhague en 1910, lors de la 2e conférence internationale des femmes socialistes, que l’allemande Clara Zetkin propose, pour la première fois, d’organiser une Journée internationale des femmes en vue de servir à la propagande pour le vote des femmes.
La conférence réunit une centaine de femmes venues de 17 pays, et adopte aussitôt cette proposition, inspirée des manifestations d’ouvrières qui se sont déroulées aux Etats-Unis en 1908 et en 1909.

Quelques 8 mars déterminants

Le 8 mars 1914 des femmes réclament le droit de vote en Allemagne.
Le 8 mars 1915 A Oslo des femmes défendent leurs droits et réclament la paix.
Le 8 mars 1917 A Saint Pétersbourg des ouvrières manifestent pour réclamer du pain et le retour de leurs maris partis au front.
Le 8 mars 1921 Lénine décrète le 8 mars journée des femmes.
Le 8 mars 1977 : Les Nations unies officialisent la Journée internationale de la femme.
Le 8 mars 1982 : Statut officiel de la Journée en France.
Dès le début du XX siècle des femmes se sont organisées pour obtenir le droit de vote.

Droit de vote

Le droit de vote est obtenu en 1918 en Allemagne, en 1928 en Angleterre après la mobilisation des suffragettes (1921) et en France en 1944 (décret du 21 avril 1944 mais vote effectif le 20avril 1945).
Le dernier pays à avoir accordé le droit de vote aux femmes est le Bhoutan pays d’Asie.
Aujourd’hui, il n’y a aucun pays où les hommes auraient le droit de vote mais pas les femmes. Toutefois, dans quatre pays (Arabie saoudite, Brunei, Myanmar, Vatican), il n’y a pas d’élections, et les femmes sont donc privées du droit de vote au même titre que les hommes.

Contraception et avortement

Une autre revendication portée par les femmes fut la liberté de disposer de son corps et l’accès à la contraception et le droit à l’avortement.
En France 28 décembre 1967 : Promulgation de la Loi relative à la régulation des naissances, dite “loi Neuwirth”, qui autorise la fabrication et l’importation de contraceptifs.
4 décembre 1974 : la loi, portant diverses dispositions relatives à la régulation des naissances, autorise les centres de planification ou d’éducation familiale à délivrer à titre gratuit et anonyme des contraceptifs, sur prescription médicale, aux mineures qui désirent garder le secret.
17 janvier 1975 : la Loi Veil, ainsi nommée d’après Simone Veil, autorise l’avortement selon des modalités bien précises.

Aujourd’hui

40 % de la population mondiale environ vit dans des pays où la loi autorise l’IVG à la demande de la femme, dans un certain délai ou sans restrictions dans le temps. Dans les pays industrialisés, 71 % des femmes ont le droit de décider elles-mêmes d’interrompre une grossesse non désirée.
21% de la population mondiale vit dans des pays qui autorisent l’IVG pour des motifs sociaux.
14% vit dans des pays où l’interruption de grossesse est autorisée si la santé physique ou mentale de la femme se trouve menacée.
3 % vit dans des pays où l’interruption de grossesse n’est autorisée que si la santé physique de la femme se trouve menacée.
21 %, principalement dans le Tiers Monde, vit dans des pays où l’interruption de grossesse n’est autorisée que si la vie de la femme se trouve menacée.
Les lois pour la contraception et pour l’avortement peuvent mises en retrait sous l’influence de courants religieux (Portugal, Irlande).
On peut voir un retour en arrière en Pologne: Une loi libéralisant l’avortement a été invalidée en 1997 par la Cour Constitutionnelle polonaise, qui a décrété que cette loi contrevenait à la protection du droit à la vie de ‘l’enfant conçu’, garantie par la Constitution.
L’avortement en Pologne n’est désormais autorisé que pour trois motifs: quand la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme; en cas de présomption justifiée que la grossesse résulte d’un ‘acte criminel’; et en cas de malformation fœtale.
Rien n’est jamais acquis de façon définitive, les femmes doivent toujours rester vigilantes pour la défense de leurs droits.
8 mars 2009, faisons un point sur la condition féminine dans le monde.
Scolarisation :
70 % des 130 millions d’enfants non scolarisés dans le monde sont des filles. Il n’est donc guère étonnant que 64 % des 867 millions d’adultes qui ne savent pas lire aujourd’hui soient des femmes.
3 janvier 2009 : Les talibans ont interdit aux jeunes filles de se rendre à l’école dans leur bastion de la vallée de la Swat, située dans les zones tribales du Pakistan. A compter du 15 janvier 2009, ils menacent de bombarder les établissements scolaires ou de s’en prendre aux « contrevenants. »
« Ce que nous disons, c’est que l’éducation donnée à nos filles dans ces écoles est occidentale et qu’elle n’est pas conforme aux enseignements de l’Islam. Elle ne fait que nous éloigner du droit chemin », a expliqué Muslim Khan, porte-parole du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP).
Interdire l’éducation aux filles n’est-ce pas le meilleur moyen pour en faire des femmes et des mères soumises aux hommes ?
« La liberté commence où l’ignorance finit » dixit Victor Hugo.

Travail

Ce sont les femmes qui accomplissent les taches ménagères au sein des familles ; « sur une année, une femme assume 680 heures de travail domestique de plus que son compagnon, soit dix-neuf semaines de travail de 35 heures… »
Selon un sondage Ipsos “paradoxalement” “62% des femmes pensent (…) que faire le ménage, c’est leur rôle.”
Dans le monde du travail les emplois à temps partiels qui favorisent la précarité, sont essentiellement occupés par des femmes
Ces emplois au rabais touchent 29,2 des femmes contre 3,7 pour les hommes.
Selon un rapport du Bureau International du Travail (Janvier 2008), les femmes devraient souffrir davantage du chômage que les hommes en 2009 à cause de la crise économique.
Le taux de chômage des femmes est passé de 6% en 2007 à 6,3% en 2008.Il devrait atteindre 6,5 dans le scénario le plus optimiste voire 7,8% pour le plus pessimiste.
Dans le monde du travail la grossesse est considérée comme un « handicap ». Près d’un Français sur deux (46%) estime qu’être enceinte est un inconvénient dans l’évolution d’une carrière professionnelle et plus d’un Français sur trois (36%) partage ce sentiment à l’égard des mères de famille. En revanche, être une femme sans enfant est plutôt perçu comme un avantage (46%).
La difficulté à concilier grossesse et travail est un sentiment plus présent au sein des catégories les plus favorisées et les plus diplômées: 64% des cadres et professions libérales considèrent que la grossesse est un inconvénient pour l’évolution de leur carrière contre 43% des personnes appartenant à des catégories populaires.
Je ne parlerai pas de la différence de rémunération entre homme et femme.
21 % : C’est l’écart de salaire moyen entre hommes et femmes dans le monde. Cet écart est de 17,4 % dans l’Union européenne, de 27 % en France.

Vie sociale

140 millions de femmes sont excisées dans le monde.
Des milliers de jeunes filles subissent un mariage forcé. En 2000 on évaluait à 4 000 000 par an, dans le monde entier, le nombre de femmes et de fillettes achetées et vendues à un mari, un proxénète ou un marchand d’esclaves.
Tout récemment Nojoud , fillette de 10 ans originaire du Yémen a obtenu le divorce .Son mari avait 30 ans .
En France les violences conjugales ont causé en 2007 la mort de 166 femmes, soit une hausse de 30% par rapport à 2006 et près d’une victime tous les deux jours.
En 2006, 137 femmes étaient décédées sous les coups de leur conjoint.
Selon des chiffres de l’Observatoire national de la Délinquance (OND), 410.000 femmes ont déclaré avoir été victimes de violences physiques de la part d’un conjoint ou ex-conjoint.
L’OND estime par ailleurs, dans son rapport sur “la criminalité en France”, à 130.000, le nombre de femmes victimes de viols sur les deux mêmes années.
Toujours en France, dans le milieu politique deux chiffres qui n’amènent aucun commentaire :
– 343 sénateurs dont 75 femmes (21,9%)
– 577 députés dont 107 femmes (18,5%)
Je terminerai par une annonce trouvée sur le site de l’Assemblée Nationale :
« À l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars 2009, l’Assemblée nationale célèbre la mémoire de deux députés précurseurs qui combattirent il y a un siècle en faveur du suffrage féminin, Paul Dussaussoy et Ferdinand Buisson ».
La boucle est bouclée. Ne pouvait-on célébrer cette journée en honorant des femmes telles que Louise Weiss, Hélène Brion ou Sophie Scholl ?
Marie-José LETAILLEUR
Présidente de l’Ufal de Champs

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