Caillassage des catholiques de Carcassonne : l'évêque absout l'islam, et accuse les laïques !

Mardi 3 novembre, église Saint-Jacques, dans le quartier sensible du Viguier à Carcassonne : une soixantaine de fidèles assistent à la messe des défunts, célébrée par l’abbé Garrouste. Ils sont la cible de caillassages qui blessent légèrement une personne et endommagent une statue de la Vierge. Deux jeunes de 13 ou 14 ans, en principe maghrébins d’après les premières descriptions, sont entrés en pleine messe et ont jeté des pierres et des pignes de pin sur l’assistance, avant d’être mis en fuite par un fidèle qui les a poursuivis mais n’a pas pu les rattraper. La justice, qui prend l’affaire au sérieux, les recherche activement mais n’est guère aidée. En particulier, des paroissiens ont eu l’idée de génie de faire le ménage après l’agression, détruisant des indices. Une cérémonie oecuménique réunissant chrétiens et musulmans a eu lieu dimanche en présente de la Préfète, qui a lu un message de Brice Hortefeux :
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/101107113424.hi67wn4c.htm

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La réaction des autorités catholiques est écoeurante d’aplat-ventrisme ; elles craignent de stigmatiser l’islam mais lancent des accusations gratuites dirigées indistinctement contre tous les courants de pensée christiano-critiques, y compris ceux qui n’ont jamais perpétré la moindre agression physique contre des chrétiens. Qu’on en juge d’après ce premier communiqué de Monseigneur Planet, évêque de Carcassonne et Narbonne, reproduit partiellement par La Dépêche :
http://www.ladepeche.fr/article/2010/11/06/942742-Carcassonne-La-condamnation-sans-appel-de-l-eveque.html
On peut y lire :
” Il est aussi de mon devoir de dénoncer les prêcheurs de haine qui, lâchement, instrumentalisent des esprits faibles et de rappeler à ceux qui, de toute appartenance philosophique, orchestrent l’anti-christianisme au quotidien, qu’ils doivent s’interroger sur l’avenir des monstres qu’ils enfantent”
Oui, vous avez bien lu : les monstres sont enfantés par tous ceux qui “orchestrent l’anti-christianisme au quotidien” quelle que soit leur appartenance philosophique. Le camp laïc est donc englobé dans cette diatribe.
En cela, il pré-figure le discours du Pape à Compostelle qui, au lendemain de l’attentat de Bagdad, fustige … l’anticléricalisme “fort et agressif” de l’Espagne des années 30 :
http://www.lexpress.fr/actualites/1/le-pape-deplore-l-affrontement-entre-foi-et-modernite-en-espagne_934434.html?actu=1
Désolée, Monseigneur, désolée Votre Sainteté, mais je continuerai de tenir un discours christiano-critique chaque fois qu’il y aura lieu de le faire, en particulier sur les sujets de l’avortement et du préservatif. C’est mon droit le plus strict, et cela ne me créée aucune responsabilité dans l’agression de mardi dernier. Que les insupportables enfants d’Abraham règlent leurs problèmes de famille entre eux sans me mettre au milieu ! Vous nous gonflez, tous autant que vous êtes, à vous combattre tout en vous ménageant et tout en sachant aboyer ensemble contre les laïques, et vous opposer ensemble à l’égalité homme/femme !
Gardez vos leçons de morale, Monseigneur ! le camp laïc n’en a pas besoin. Il ne pose pas de bombes, il n’allume pas de bûchers, il ne lapide pas, il n’agresse pas physiquement. C’est peut-être pour cela que vous vous gênez aussi peu pour le désigner du doigt sans qu’il vous ait rien fait.
Les laïques se contentent d’exercer par la parole leur droit à la critique vis à vis des religions, surtout les trois monothéismes apparentés, dont les violences, tant mutuelles que dirigées vers le reste du monde, et en particulier vers les femmes, constituent une très grande part des maux de l’humanité.

PAS BESOIN DE TROP REMERCIER L’ISLAM NON PLUS !

L’agression de mardi n’est pas le fait de l’ensemble de la communauté musulmane, c’est entendu, et personne n’a dit qu’elle l’était. Pour autant, l’islam n’a apporté aucune aide identifiable, que je sache.. Donc, pas besoin non plus d’aller lui tresser des couronnes, comme vous le faites dans ce passage extrait de l’article déjà mis en lien :
“Il n’est pas question de stigmatiser la communauté musulmane qui sait bien, comme le rappelaient les Frères Musulmans d’Egypte à la suite de la tragédie de Bagdad, que la protection des lieux de culte de tous les enfants des religions monothéistes est la mission des musulmans.”
La protection des lieux de culte de tous les enfants des religions monothéistes … merci pour les autres !
“L’évêque ajoute :
«Je n’entends pas dramatiser un événement où les difficultés de l’adolescence, la pauvreté, la déscolarisation et la bêtise tiennent sans doute plus de place que les convictions religieuses»
Tartuffe n’aurait pas dit mieux ! Que des gamins de quatorze ans ne soient pas des grands théologiens, on s’en doute un peu … mais cela n’épuise pas le sujet et cela n’explique pas pourquoi ils perturbent le culte à l’église et non à la mosquée voisine.
Pas besoin non plus, comme l’a fait l’abbé Garrouste, de comparer à Zorro les gamins qui ont lancé des pierres :
http://videos.tf1.fr/jt-we/jets-de-pierre-en-pleine-messe-a-carcassonne-6130309.html
Zorro est un symbole de justice et un personnage aimé de tous, surtout des enfants, même s’il y a quelque ironie dans l’expression “se prendre pour Zorro”. En dehors de toute question religieuse, il y a quelque chose d’incitatif à dire, comme l’a fait l’abbé, parlant des deux auteurs du caillassage : ” … ça se peut que, dans des têtes de gamins, on se dise : Nous aussi, on va faire Zorro.”
Pas besoin non plus de minimiser l’affaire à outrance, comme le fait l’évêque dans un second communiqué, où il écrit :
“Les déchaînements de haine anti-islamiste qui ont suivi les événements de Carcassonne sont beaucoup plus offensants pour le Christianisme et le Christ lui-même que la sottise de quelques enfants mal intentionnés.
L’évêque de Carcassonne et Narbonne ne peut pas cautionner un appel à la haine et au communautarisme tel qu’il se développe actuellement sur les réseaux Internet.”
La sottise de quelques enfants mal intentionnés …
http://www.aude.catholique.fr/?q=node/10051

IL Y A DES CHOSES A ÉCLAIRCIR AU VIGUIER

Il y a beaucoup de choses à éclaircir au Viguier, et elles vont au-delà du caillassage de mardi dernier, et même au delà du problème de l’église.
Les citoyens ont d’abord le droit d’en savoir plus sur le harcèlement dont l’église du Viguier serait victime d’après certains. Pas parce que c’est une église, mais parce que personne ne doit être harcelé.
Sur le blog du Front National de l’Aude, nous lisons avec stupéfaction que, depuis plusieurs mois au moins, les fidèles de cette église devraient sortir de la messe sous protection policière :
http://front-national-11.over-blog.com/article-carcassonne-la-delinquance-n-est-pas-une-fatalite-elle-est-du-a-l-incompetence-des-dirigeants-45041766.html
Ce genre de révélations met très mal à l’aise car nous n’avons trouvé cette information nulle part ailleurs (du moins sous une forme aussi claire). Or, de deux choses l’une : soit l’article du blog est faux et il mériterait un démenti vigoureux, soit l’omertà des médias officiels va très très loin, car ce n’est pas une chose banale que cette nécessité récurrente de protection policière simplement pour assister à la messe.
Voici donc ce qu’on pouvait lire sur ce blog dès le 16 février 2010 :
“La Conte, Ozanam, Grazailles, Fleming, Le Viguier sont des quartiers sensibles à forte population immigrée où la pression communautariste sur les habitants blancs-chrétiens-français est avérée.
L’appel à la protection de la Police des fidèles catholiques les dimanches en fin d’office en sortant de l’église du Viguier en est l’exemple le plus scandaleux. Sans parler des graffitis Anti France qui ternissent les murs des immeubles.”
Les dimanches …. au pluriel !
Mais il y a plus grave : nous relevons aussi en effet, dans cet article de Front National, que des graffittis anti-France souillent les murs des immeubles. A cet égard aussi, le citoyens est en droit de demander des comptes. L’existence de ces graffitis est-elle avérée ? Si non, il faut démentir. Si oui, il faut rechercher et punir les auteurs de ces actes de racisme anti-France. En a-t-on quelques nouvelles par les journaux ? Quelque autorité s’y intéresse-t-elle ? Ou les graffitis racistes tombent-ils dans un insondable puits d’indifférence dès lors qu’ils visent la France et sa population d’origine ?
On ajoutera que le quartier du Viguier est classé en Zone Urbaine Sensible . Il a connu des émeutes urbaines en 2007 :
http://www.ladepeche.fr/article/2007/11/25/344681-Emeute-au-Viguier-a-Carcassonne-des-policiers-pris-pour-cible.html
En mai 2010 encore, d’après Midi libre, il était au bord de l’explosion, principalement du fait d’une bande de “jeunes” connus de tous mais dont l’éloignement était réclamé en vain. De nouveaux arrivants, considérés comme des intrus, furent violemment agressés à coups de hachoir et de sabre par des “jeunes” qui en entraînèrent ensuite une centaine d’autres si bien que tout le quartier bascula. Même Midi Libre remarqua alors que “certains anciens habitants du quartier pointent la tentation du communautarisme” :
http://www.midilibre.com/articles/2010/05/19/A-LA-UNE-Le-quartier-du-Viguier-au-bord-de-l-explosion-1235082.php5
Là encore, le citoyen est en droit, sans subir des insinuations de racisme, d’exiger des comptes des pouvoirs publics. Les derniers événements ont eu lieu en mai : cela laisse le temps d’enquêter et de trouver les coupables. D’où ces questions : a-t-on identifié (ou même simplement recherché) les auteurs des graffittis anti-France ? a-t-on identifié ceux des habitants qui se mêlent de décider qui est admis à habiter le quartier ? Nous entendons par là : non seulement les agresseurs au hachoir mais aussi ceux qui les ont soutenus et inspirés. Ils ont entraîné derrière eux une centaine de “jeunes”, d’après Midi Libre : cela ne représente pas la totalité d’une population, mais il ne s’agit pas non plus d’une poignée d’individus. A-t-on seulement fait quelque investigation allant un peu plus loin que les individus au hachoir ?

OMERTA

Si nous n’avons pas trouvé dans la presse confirmation sous une forme explicite de la pluralité des incidents à l’église, on en remarque quand même des indices, laissés involontairement sous la forme de maladresses de rédaction dans des articles voulant pourtant minimiser. Nous lisons ainsi dans Midi Libre : ” Au-delà des investigations policières, qui se poursuivent, ces actes ont, on l’imagine, profondément affecté la communauté chrétienne du quartier où, jusqu’alors, aucun incident notable ne s’était produit, de mémoire de fidèles, sinon “des bêtises de gamins”. :
http://www.midilibre.com/articles/2010/11/04/A-LA-UNE-Des-fideles-caillasses-en-pleine-messe-1442114.php5
On aimerait savoir jusqu’où allaient ces “bêtises de gamins”, sachant que le caillassage de mardi a été qualifié par l’évêque de “sottise de quelques enfants mal intentionnés”.
L’Indépendant cite aussi cette phrase de l’abbé Garrouste, pour qui l’acte de mardi dernier “«est un événement grave qui témoigne que l’on a franchi un palier. Jusque-là, nous avions connu quelques cambriolages nocturnes ou quelques dégradations de l’extérieur.. Mais là, ils sont entrés dans l’église». :
http://front3.lindependant.com/articles/2010-11-05/des-fideles-caillasses-pendant-la-messe-a-l-eglise-du-viguier-277499.php
Quelques cambriolages nocturnes, au pluriel quand même … quelques dégradations, toujours au pluriel, mais à l’extérieur … tout en minimisant autant que faire se peut, l’abbé nous dit quand même bien que l’acte de mardi n’est pas isolé.
Le même article parle aussi d’un saccage dans les années 1990 :
“Au début des années 90, un saccage commis de nuit à l’intérieur de l’église Saint-Jacques avait créé un vif émoi dans le quartier du Viguier. Suite à cette exaction, le créateur de l’association culturelle du quartier avait organisé une collecte qui avait été remise au curé de la paroisse, et une rencontre avait été organisée entre les responsables du culte musulman et les chrétiens du quartier. Depuis, à part quelques dégradations commises de l’extérieur et un cambriolage, l’église n’avait pas fait l’objet d’autres actes délibérés.”
Dans L’Indépendant, un lecteur confirmait le caractère répétitif des incidents lorsque j’ai consulté ce journal en ligne jeudi ; son post, qui a disparu depuis, indiquait :
Benvoyons, 15 heures 04 : “Ca ne m’étonne pas du tout, il y a déjà des années qu’ils ne respectent plus cette église, j’ai entendu des bruits de jets de pierres en pleine cérémonie d’enterrement, c’est inadmissible. Il ne faut pas s’étonner que cette paroisse soit désertée au profit de Saint-Michel”
http://www.lindependant.com/articles/2010-11-04/carcassonne-des-fideles-caillasses-pendant-la-messe-277124.php
On s’étonne de cette disparition ciblée. La modération a pourtant laissé subsister d’autres posts pas piqués des vers.

RÉACTIONS DE L’APPAREIL MUSULMAN

L’imam de la mosquée voisine de l’église du Viguier a condamné le caillassage et une cérémonie oecuménique a réuni dimanche chrétiens et musulmans :
http://videos.tf1.fr/jt-we/jets-de-pierre-en-pleine-messe-a-carcassonne-6130309..html
Le Conseil régional du culte musulman a parlé d’une “attitude de voyou” :
http://www.midilibre.com/articles/2010/11/04/A-LA-UNE-Des-fideles-essuient-des-jets-de-pierre-a-l-eglise-1441979.php5
L’UOIF “condamne avec la plus grande vigueur” le caillassage …. si, si, si … mais elle est beaucoup plus inspirée pour condamner le fait qu’un reportage de TF1 ait brisé l’omertà :
“Sans aucun lien évident avec l’affaire, la proximité d’une mosquée a été évoquée et son imam interviewé. En plus, l’attentat meurtrier perpétré contre une église en Irak (dimanche à Bagdad faisant 46 morts, ndlr) a été cité”, déplore l’UOIF.
Cette dernière “regrette qu’encore une fois on use de raccourcis pour lier implicitement un fait divers de délinquance à l’islam et aux musulmans” et juge “insupportable que de plus en plus des informations soient distillées d’une manière subtile au risque de nourrir les expressions d’islamophobie”.
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/101106160701.k7ggk1qs.htm
Ajoutons qu’une vraie marque de solidarité envers la communauté chrétienne du quartier consisterait à dénoncer les auteurs du caillassage qui, en adolescents qu’ils sont, ont dû largement se vanter de leur “exploit” dans leur entourage avant de constater les proportions prises par l’affaire.
Ce serait surtout un acte de civisme élémentaire.
Martine Chapouton

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