Chronologie d’une provocation

Jeudi 17 août 2006 après-midi
Un journaliste de L’Est Républicain appelle à notre domicile. Il ne se présente pas. Il m’assaille (Fanny) de questions à propos du gîte dont j’aurais ” refoulé 2 femmes voilées “. Il est très agressif, il est même menaçant me disant ” vous allez voir, une plainte a été déposée, vous n’êtes pas sorti de cette affaire, vous risquez gros “. Je réponds, mais je lui interdit de mentionner mes propos et que si plainte il y a, je parlerai de cette histoire au tribunal et non à un journaliste.

Vendredi 18 août 2006
Je prends le train à 9 h à Remiremont avec mes 2 enfants pour les accompagner à Aix en Provence chez leur grande soeur pour une semaine de vacances.
Mon mari m’appelle sur mon portable il me dit qu’une radio vient d’appeler, qu’un article est passé dans l’Est Républicain. A la gare de Nancy où je change de train, j’achète le journal. Le titre en première page : ” discrimination raciale dans un gîte de vacances vosgien “.
Dès 14 h, les télés (TF1 – France2 – France3 – Canal+ – RTL) sont venues à notre domicile, les journaux, les radios ont téléphoné, plusieurs fois pour certaines. Comme pour l’Est Républicain, nous avons interdit à tous de mentionner nos propos, certains l’ont fait, d’autres pas.
Parce que certains médias ne respectant rien ni personne ont relayé cette information, un déchaînement médiatique incroyable s’en est suivi. Notre nom a été cité partout, nous sommes traînés dans la boue, traités de racistes, nous tombons des nues.

Notre version de l’histoire
Horia Demiati repère notre gîte sur internet. Elle a lu les explications (salle de convivialité, donc rencontre avec d’autres personnes) et vu les photos de notre site (en particulier celle de la salle de bains où il y a une femme en maillot peinte sur le mur).

Elle nous téléphone, nous l’informons que nous ne louons pas ce gîte cet été, nous faisons des travaux d’isolation dedans. Elle insiste, téléphone plusieurs fois, nous cédons en louant le gîte. J’explique de nouveau le fonctionnement de la maison, et je dis toujours aux gens qui appellent cette phrase : ” si vous ne voulez pas côtoyer d’autres personnes, ne venez pas chez nous “. Horia Demiati savait donc exactement où elle venait.

Elle réserve par Internet du vendredi 11 août au mardi 15 août, soit 4 jours. Je lui transmets le bulletin de réservation par mail, elle m’adresse par courrier un chèque d’arrhes reçu le 4 août, que je n’ai pas encaissé.
Ils arrivent le vendredi 11 vers 14 h. J’ai fait entrer la famille dans la maison, deux femmes étaient voilées et portaient djellabas. J’ai fait part de mon étonnement du port du voile à la plus jeune qui se trouve être Horia Demiati, j’ai expliqué qu’une autre famille (de Marseille) occupait l’autre gîte, que je ne connaissais pas leur sentiment sur ce sujet et que par égard pour eux, et par égard pour nos enfants et nous car nous sommes laïques, j’ai demandé qu’elles retirent leurs voiles dans toutes les parties communes de la maison.

Elles ont toutes les deux refusé catégoriquement. Horia Demiati me traitant d’intolérante, me disant que je devrais apprendre ce que sont les femmes voilées. Elle a poursuivi en me disant que dans ces conditions, la famille ne pouvait pas rester, elle m’a demandé de rendre les arrhes. Je me suis absentée pour aller chercher le chèque qui se trouvait dans le bureau au 1er étage, mon mari est resté seul avec eux. C’est un homme (35 ans environ) qui a pris la parole en disant à mon mari qu’il utiliserait tous les moyens contre nous, il a ajouté ” je vais latté, je vais latté ” ensuite ils ont parlé en arabe, je suis revenue, j’ai rendu le chèque. Ils sont partis.

Tout ceci a duré moins de 5 minutes, c’était le vendredi 11 août 2006.
Horia Demiati a dit au journaliste de l’Est Républicain, qu’elle voulait faire passer des vacances exceptionnelles à ses parents. Pourquoi avoir choisi notre gîte, quelque peu ” mécréant ” au regard de l’islam (photo de la dame en maillot sur le mur), Elle ajoute : ” on ne fait pas ça (le port du voile) par provocation, c’est une question de croyance “. Porte-t-elle le voile partout et en toute circonstance ?
Passé l’effet de surprise sur ce déchaînement médiatique, nous avons commencé à avoir quelques soupçons, en particulier que le choix de notre gîte n’était pas un hasard (ex : l’insistance de la famille pour louer, la brièveté de la conversation, le choix du week-end – le 15 août -).

Un élément supplémentaire a renforcé nos soupçons, à savoir :
Le 21 août, un internaute nous transmet un message dont il ressort ceci: ” Horia Demiati est la belle-soeur de Nasser Demiati ” qui est :
• Doctorant en sociologie,
• Chargé de mission à la ville de Grigny,
• Vacataire chargé d’enseignement en sociologie à l’Université d’Evry
• Membre du CESDIP (centre de recherches sociologiques sur le droit des institutions pénales)
• rattaché à l’université de Versailles
• Cofondateur et animateur du groupe CLARIS (agir pour clarifier le débat public sur la sécurité)
• ami intime de FATIMA KOUES, du MRAP
• ami intime d’AIDA CHOUK, Présidente du syndicat de la Magistrature
En dehors du CV ci-dessus, il suffit de taper Nasser Demiati sur Google, nous retrouvons ce personnage dans bien d’autres endroits.
Signataire de nombreuses pétitions (ex : nous sommes les indigènes de la République ou oui à la laïcité, non aux lois d’exception).
Son nom est associé à divers ” groupes ” ou ” associations “.. Il milite pour le port du voile à l’école.
La pétition pour le port du voile à l’école – OUI A LA LAICITE, NON AUX LOIS D’EXCEPTION signée par Nasser Demiati (http://lmsi.net) – que dit-elle :
” La laïcité, telle que la définissent les lois de 1881, 1882 et 1886, est une obligation qui concerne les locaux, les programmes scolaires et le personnel enseignant, et non les élèves. Aux élèves s’imposent des règles comme l’assiduité à tous les cours ou le respect d’autrui, mais il n’est pas légitime de multiplier les exigences pour les jeunes en formation “.
plus loin :
L’exclusion des élèves voilées s’inscrit dans une surenchère punitive,…….venant redoubler toutes les injustices que subissent déjà, dans leurs quartiers, les jeunes des milieux populaires “.
Je suis issue (Fanny) du ” milieu populaire ” puisque je viens d’un village ouvrier (comme les quartiers d’aujourd’hui). Dans la rue où j’habitais, il y avait 54 enfants pour 7 familles.
Concernant notre maison/gîte, achetée en avril 2003, (ancienne colonie de vacances abandonnée depuis 25 ans), nous la restaurons seuls mon mari et moi pour créer un lieu qui se veut :
• être une maison de famille pour se retrouver avec nos enfants (29 ans qui vit à Paris, 25 ans qui vit à Aix en Provence, 12 ans et 11 ans, avec nous), leurs conjoints et nos futurs petits-enfants, tous ensemble. Ce que la vie d’aujourd’hui est loin de privilégier.
• notre activité gîte, depuis Noël 2004 seulement, être un lieu d’accueil pour des vacanciers qui aspirent au calme et à la convivialité (vous savez, ce truc, boire l’apéritif le soir accompagné d’une spécialité locale, …le terroir vosgien et son fumé, c’est dans toutes les brochures touristiques DES VOSGES !!!!
Nous pouvons donc légitimement avec tout cela, nous poser des questions sur les intentions de la famille DEMIATI envers notre famille et envers un sujet de société à part entière qu’est le port du voile.
Nous ne sommes cependant adhérents à aucun parti, nous votons à chaque élection. Les 4 enfants ne sont pas baptisés. Nous sommes profondément laïques et attachés aux libertés.
Les internautes (avec tous les mails de soutien que nous avons déjà reçu – environ 250) ne sont pas trompés, à travers nous, c’est la République et la laïcité qui avons fait l’objet d’une énième et non dernière provocation.
Aussi, continuez à nous soutenir, nous en aurons besoin pour le procès qui aura certainement lieu (date non connue).

Fanny Truchelut
Paru dans Respublica 474 du 28 septembre 2006