Débat sur la burqa sur France24, face à Tariq Ramadan et un angélique néo-socialiste

Mardi 26 janvier, j’ai été invité pour débattre sur France 24 (plateau anglais) du bien fondé de l’interdiction du voile intégral en France. J’avais en face par téléphone depuis Oxford, l’incontournable mufti Ramadan, et par satellite deux autres interlocuteurs : Laurent Chambon, sociologue français, élu travailliste à la mairie d’Amsterdam, et depuis Genève Leila Belkaid, auteur d’ « Algéroises: histoire d’un costume méditerranéen. » Tariq Ramadan ne fit que réitérer son opposition à une loi, sur la base de ce qu’il avait déjà dit devant la mission parlementaire, et que j’ai déjà analysé. (1) Il s’éclipsa au bout de quinze minutes.
La contradiction fut portée alors par Laurent Chambon, qui joua la rengaine habituelle des néo-socialistes : « il y a des discriminations, il y a mieux à faire, etc. ». Il était stupéfait que je puisse penser que l’Etat doit juger du contenu des religions. Son parti pris, c’était que la laïcité implique la totale ignorance de l’Etat de l’enseignement d’une religion.
Comme si veiller sans cesse à ce que les opinions religieuses ne portent pas atteinte à l’ordre public ne revenait pas de facto à regarder de près le contenu de toute religion.  Comme s’il n’y avait pas de surveillance des sectes en France ! Il trouvait cela trop « arrogant » à son goût.
Cela ne m’étonna guère, il avait déjà débattu avec Jacques Myard le 21 janvier, toujours sur France 24, et il avait ensuite écrit sur son blog : « J’avais plein d’arguments, mais le mec de l’UMP était tellement hystérique que je l’ai laissé se ridiculiser. À part l’adresse d’un bon psy, je crois que je ne peux plus l’aider. » (2) Dans la tête de ce néo-socialiste, la nostalgie de l’internement psychiatrique des dissidents fait bon ménage avec la lutte contre les discriminations. Pauvre Marx, il serait vite envoyé en rééducation par ses prétendus lointains épigones, lui qui écrivait que « la critique de la religion est la condition préalable de toute critique. » Quelle arrogance !

Mme Belkaid rappela à l’angélique néo-socialiste que le voile avait une signification culturelle, et qu’il ne s’agissait pas simplement d’une mode vestimentaire. Ceci me permit de citer les propos du grand mufti australien d’origine libanaise, le cheik Tak el-din Al Hilaly, indigné par les lourdes condamnations prononcées à l’encontre de violeurs musulmans : « Si vous sortez de la viande sans la couvrir et la placez dans la rue, ou dans le jardin, ou dans un jardin, ou dans une cour et que les chats viennent la manger (…) à qui la faute, aux chats ou à la viande découverte ? La viande découverte est le problème. Si la viande est dans un frigo, ils ne l’auront pas… Si la femme était dans son boudoir, dans sa maison ou si elle portait son voile et si elle se montrait modeste,il n’y aurait eu aucune catastrophe. »
Ce qui est en jeu derrière la prohibition du voile intégral, c’est l’éducation des jeunes hommes à la maîtrise de leurs pulsions sexuelles. Accepter le voile intégral, c’est accepter que l’homme, le mâle, ne peut pas se contrôler devant la tentation sexuelle que représente la vue d’un centimètre carré de peau féminine. Accepter le voile intégral, c’est accepter que dans un viol, le coupable, c’est la femme, parce qu’elle n’est pas couverte. Accepter le voile intégral, c’est faire une croix sur une composante essentielle de l’identité nationale, à savoir ce que l’on a appelé la « galanterie française » (3). C’est pourquoi, il est finalement heureux que les deux débats aient lieu en même temps : la mixité et le respect des femmes dans la société française ne sont pas le fruit unique de la lutte féministe, mais plongent leurs racines dans une conception galante des rapports entre les sexes, structurante de ce que fut la culture française, et par là, notre identité nationale. La galanterie française, c’est le strict opposé du viol en réunion : c’est la tâche que s’imposent les hommes de secourir les femmes et les chérir, dans et par leur fragilité. C’est aussi le rôle dévolu à la femme d’être plus qu’un simple objet sexuel ou une mère : elle est l’inspiratrice du bon goût et du polissage des manières masculines, elle pousse les hommes à avoir un autre honneur que celui purement sexuel : un honneur civique. Bref, contre la burqa, il y a une pédagogie à mener, qui commence avec la lecture de La princesse de Clèves !
Le voile, qu’il soit intégral ou non, est porteur d’une symbolique qui heurte une loi non écrite de la société française, selon laquelle l’homme incapable de résister aux émois sexuels éveillés par la vue d’une femme est un homme vulgaire, faible et méprisable. Cela fait partie non pas de notre corpus juridique, mais de notre culture collective, c’est une loi tellement évidente qu’elle n’a pas besoin d’être formulée. Si le voile des femmes engendre le malaise des Français, c’est qu’il remet en question cette loi non écrite, et sape de fait des siècles de polissage des hommes. Il est le fossoyeur de la galanterie, et l’affirmation péremptoire que l’homme est définitivement un prédateur sexuel, et ne saurait jamais être mû par un sentiment chevaleresque. Interdire la burqa, c’est affirmer non seulement la liberté des femmes, mais aussi surtout l’humanité des hommes !
Radu Stoenescu
http://www.ripostelaique.com/Decryptage-de-l-intervention-du.html
http://kreukreuscopie.blogspot.com/
voir le livre de Claude Habib, Galanterie française
Liens du débat en anglais
debate-law-burqa-french-parliament-ban
debate-law-burqa-french-parliament-ban-part2

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