Emeutes ethniques en France : le point de non-retour

Lors des trois derniers matchs de football de l’équipe nationale algérienne en Afrique, nous avons eu droit aux mêmes scènes de violence… en France. Que cette équipe gagne (contre le Rwanda, ou contre l’Egypte mercredi dernier à Khartoum), ou qu’elle perde (comme au Caire), peu importe. Parmi les milliers de supporters qui envahissent les rues de nos grandes villes pour défiler et crier leur joie ou leur peine, des dizaines de casseurs détruisent véhicules, mobiliers urbains, et commerces.
A Marseille particulièrement, on pensait avoir tiré les leçons du match Algérie-Rwanda : 500 à 600 policiers furent mobilisés pour Algérie-Egypte au Caire ; ce qui n’a pas empêché les émeutes que la presse qualifie d’une manière très politiquement correcte d’« incidents ». La porte d’Aix, le quartier Belsunce, la Canebière et le Vieux Port étaient pris d’assaut par des bandes de « jeunes ». Entre autres voitures brûlées et abribus saccagés, un Mac Do fut détruit, et les vitres de la bibliothèque de l’Alcazar volèrent en éclat. Dans le Vieux Port, six bateaux furent incendiés, dont deux coulés.

Pour le match Algérie-Egypte à Khartoum qui a eu lieu mercredi dernier, même mobilisation policière. La mairie a appelé les associations algériennes et musulmanes à contenir les supporters et à appeler au calme. En vain. On a eu encore droit aux voitures incendiées, aux vitrines brisées, aux containers à déchets réduits en cendre. A chaque fois, la presse locale ou nationale parle de « quelques incidents », alors que ces jeunes n’hésitent pas à lancer des cocktails molotov, ou des bouteilles sur les forces de l’ordre.
Autre type d’« incidents » : les agressions commises par des bandes venues des « quartiers sensibles » pour « casser du blanc » et dépouiller des citoyens. Nous l’avons vu lors de la dernière « Techno-parade » ou de la distribution annulée de billets de banque à Paris. Là encore, les médias taisent l’essentiel : il s’agit bien d’agressions racistes, évidemment tues par le Mrap ou SOS-Racisme puisque ni les agresseurs ni les agressés ne sont de la bonne couleur de peau.

Plus généralement, le « sentiment d’insécurité » augmente dans de nombreux quartiers de nos villes en proie aux bandes, aux agressions aux personnes, aux braquages de plus en plus nombreux. Après la police et les pompiers, ce sont les médecins qui se font attaquer et piller et qui refusent d’y exercer. La population ne cesse de se plaindre aux élus qui ne se contentent que de belles paroles. Les citoyens les plus courageux commencent à s’organiser en comités de surveillance, qui risquent de muter en milices.
Il faut se rendre à l’évidence : malgré quelque arrestation et mises en examen ici où là, l’Etat, avec ses outils régaliens (police et justice) n’arrive plus à endiguer cette violence endémique. Il a perdu la partie. Le bilan de Nicolas Sarkozy avec son « Kärcher » et des ministres de l’Intérieur qui lui ont succédé se solde par un échec patent que les médias et la propagande officielle n’arrivent plus à cacher. On multiplie les déclarations de principes et l’arsenal judiciaire, mais en vain. Le point de non-retour est atteint.
Roger Heurtebise

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