Vous êtes enseignant, à la fin de votre cours. Des élèves font beaucoup de bruit pour rien. Vous leur demandez le silence. L’un d’entre eux vous traite de connard. Vous le giflez. Ses parents portent plainte, vous êtes mis en garde à vue et prochainement jugé pour violence à adolescent.
Cela se passe en 2008, en douce France. Chaque jour ou presque, se déverse un flot de nouvelles concernant des profs, instits et autres qui se font régulièrement insulter, bousculer, voire tabasser par un certain nombre de fortes têtes et qui n’ont que la ressource de se taire, de faire comme si et d’accepter.
Répondre, manifester une quelconque autorité, imposer le commencement d’une punition est évidemment considéré comme relevant du plus pur fascisme : le MRAP et la Ligue des Droits de l’Homme feraient immédiatement un procès à cet horrible dégénéré qui voudrait instaurer dans sa classe la lepénisation des esprits.
Dès lors, l’analphabétisation plus ou moins rampante peut suivre son cours avec la lâche complicité de certains proviseurs et collègues, le silence assourdissant des syndicats d’enseignants, qui hurlent comme des bêtes qu’on égorge dès qu’il s’agit de toucher à un caillou de l’édifice statutaire, mais qui ne disent mot quand des hussards noirs de jurons et de coups d’une République qui se délite, demandent aide et réconfort.
Le gendarme, père du jeune homme qui traita son prof de connard, devrait tout de même réfléchir avant de lapider l’autorité scolaire, lui qui ne carbure qu’à l’autorité de l’uniforme : le laxisme accepté des salles de classes, peut se transformer, l’indifférence aidant, en servitude de plus en plus volontaire. Plus que jamais, la résistance!
André Bercoff