La Finlande: un modèle éducatif pour la France ? de Paul Robert

L e « miracle » ou le « mirage » finlandais?
Si ce livre a le mérite de nous faire bien connaître le système scolaire finlandais, il modélise l’organisation scolaire d’une manière a-critique, offrant un panégyrique sans la moindre réserve.
Alors que j’ai commencé ma lecture sans a-priori avec l’envie d’en apprendre un peu plus et de poursuivre ma réflexion personnelle à propos du débat actuel entre les amis de « reconstruire l’école » et les pédagogues modernes, j’ai été très vite irrité par les propos de l’auteur de ce livre.
La Finlande a une population qui dépasse à peine les 5 millions d’habitants, les problèmes d’exclusion sociale sont nettement moindres que ceux que connaît la France et le lycée le plus peuplé n’a pas plus de 500 élèves… Il s’agit là de conditions particulières, minimisées par l’auteur et qui expliqueraient en partie-à mon humble avis- le « miracle » finlandais.
Si la Finlande a obtenu la première place dans l’évaluation internationale pour le suivi des acquis des élèves, c’est peut être l’effet d’une politique mais aussi le produit d’une situation spécifique.
L’organisation scolaire est originale puisque basée sur une scolarisation obligatoire à partir de 7ans, des cours optionnels à côté de cours obligatoires à partir du niveau 7 , la possibilité de faire un an de plus avant de rentrer au lycée et des redoublements exceptionnels.
Les méthodes actives seraient ici généralisées avec des professeurs cherchant à responsabiliser les élèves. « Si on y demande au professeur de maîtriser « la structure des connaissances » dans sa discipline, on attend surtout de lui qu’il facilite les apprentissages de ses élèves dans une atmosphère de tolérance et de respect. »
Nous sommes là dans le meilleur des mondes, avec des élèves heureux et travailleurs qui réussissent dans le bonheur… Un miracle !? Peut être, ou ou mirage qui masque l’essentiel:
Les professeurs sont choisis par les communes, une partie du programme est laissée au choix territorial, voici là une décentralisation poussée à l’extrême comme en rêvent certains libéraux et même certains pseudos pédagogues modernes !
L’auteur défend même l’idée qu’en France il faudrait accorder « toute latitude aux EPLE (Établissement public local d’enseignement) d’adapter les programmes au contexte local » !?
Il en profite aussi pour saluer le multiculturalisme finlandais et le fait que là-bas, “la question du voile islamique ne se règle pas par une loi de prohibition”! Le masque est tombé!
Heureusement que beaucoup d’adeptes de l’école moderne refusent cette logique quasi libérale défendue par Paul Robert et il ne faudrait pas que ceux qui dénoncent à juste titre l’appauvrissement des contenus et l’école à la carte considèrent que cet auteur représente l’archétype de la pédagogie nouvelle !
Jean-François CHALOT
« La Finlande: un modèle
éducatif pour la France?
Les secrets de la réussite »
de Paul Robert
Collection Pédagogies
dirigée par Philippe Mérieu
esf -éditeur
131 pages
22 €
mars 2008

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