La Halde au secours des diseuses de bonne aventure

Notre bonne vieille HALDE va-telle encore frapper ? L’année dernière, le maire des Saintes-Maries-de-la-Mer dans les Bouches du Rhône, Roland Chassain (UMP) lassé de l’agressivité des diseuses de bonne aventure – j’en ai moins fait l’expérience, quand elles vous agrippent la main, il n’est pas toujours facile de se dégager – a pris un arrêté municipal pour interdire les pratiques divinatoires ou occultes sur la voie publique et demandé à ce que les forces de police le fasse respecter.
C’était sans compter la vigilance de l’association nationale des gens du voyage qui a porté plainte pour discrimination auprès de la HALDE. Discrimination contre les diseuses de bonnes aventures ? On attend de savoir quelle magnifique argumentation va nous livrer cette admirable institution.

Car un nouveau champs de discrimination s’ouvre à elle. J’ai lu dans de nombreux reportages que les multiples vols de métaux qui se sont multipliés depuis quelques années étaient souvent le fait de gens du voyage. Un certain nombre de trafics, vols de voitures défraient la chronique et débouchent malencontreusement également sur les caravanes de gens du voyage. Loin de moi l’idée de stigmatiser une population, attitude qui tomberait immédiatement sous le coup de la férule haldistique. Bien au contraire, je m’interroge à la suite de cette grave atteinte aux diseuses de bonne aventure, si de fait lutter contre les vols de métaux et autres trafics n’est pas une manière sournoise d’attaquer lâchement la communauté du voyage et de la priver de ses moyens de ressource. Une sorte de discrimination systémique comme aime à dire les spécialistes. C’est une grave question. Dans un rapport commis par le Conseil de l’Europe il y a quelques années sur les graves discriminations dont étaient victimes les Roms, l’expert* avait ainsi décrit les rapines commises par les enfants comme une aptitude particulière à la survie en zones urbaines et comme une forme d’adaptation.
Plus sérieusement, si la HALDE ou les pouvoirs publics avaient quelques actions à mener pour améliorer le sort des Roms, ce serait déjà d’interdire la mendicité et les formes dégradantes qu’adoptent ceux qui se figent dans des attitudes de prostration au milieu des rues parisiennes pour apitoyer les passants. Handicapés vrais ou simulés, sourds muets, femmes avec enfants, petits ou en âge d’être scolarisés, tous sont sous la coupe de chefs de clans qui les obligent à rester immobiles des heures entières et récupèrent l’argent ainsi gagné. J’ai récemment, au plus froid, de l’hiver obligé une femme, à genoux, complètement transie à regagner le métro au chaud contre une pièce de 2 euros.
Je n’aime pas la charité ni la complaisance. Il n’y aucune raison pour que l’on tolère qu’une catégorie de population soit autorisée au nom d’une culture particulière à exploiter les plus faibles , femmes vieillards enfants. Comme il n’y a aucune raison qu’une fraction de la population puisse considérer qu’elle tire ses moyens de subsistance d’actes répréhensibles. Il serait temps que ceux qui défendent les intérêts et les droits de la communauté du voyage fassent preuve de moins d’hypocrisie et de compassion et de plus d’égalité et de respect de la loi, sachant comme le disait Lacordaire « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ». Donc, faisons appliquer la loi.
*N’en déplaise à la lectrice qui me reproche de ne pas citer les sources, je n’ai pas retrouvé dans les innombrables rapports du Conseil de l’Europe celui auquel je fais référence et que j’ai eu l’occasion d’examiner.
Gabrielle Desarbres
Sources : Le Parisien 24 février 2009

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