Le combat contre Sarkozy justifie-t-il tous les coups bas ?

Le monde des journalistes parisiens est en ébullion. Un média est poursuivi devant les tribunaux par… le président de la République lui-même ! Résumons les faits. Le journal en ligne « le nouvelobs.com » a annoncé que Nicolas Sarkozy a envoyé un sms à Cécilia, quelques jours avant d’épouser Carla Bruni, lui disant que si elle revenait, il annulait son mariage.
Dans quel pays vivons-nous ? Quel homme pourrait accepter cela ? Si le SMS est vrai, au nom de quelle déontologie journalistique peut-on se permettre de rendre publique une telle information, avec les conséquences qu’elle peut avoir ? Qui n’aurait pas porté plainte ? La médiatisation de la vie conjugale de Sarkozy (dont les journalistes sont quand même les principaux responsables) justifie-t-elle que ces derniers puissent tout se permettre, même des contre-vérités énormes sur la vie privée du président, et nous amener petit à petit dans une conception de la presse digne des pays anglo-saxons ?
Le pire est que dans Marianne en ligne, qu’on a connu plus inspiré, Richard Malka, co-auteur de « La face karchée de Sarkozy » se lance dans un plaidoyer invraisemblable, expliquant que même si l’annonce du SMS est faux, Sarkozy n’a pas à porter plainte, sinon on tomberait dans un régime digne de l’URSS ! (1)
Ce n’est pas la première fois que des méthodes de combat contre Nicolas Sarkozy suscitent des réserves. La sociologue Liliane Kandel s’était émue, lors de la campagne, des dérives antisémites de certains sites, et s’étaient indigné qu’au nom du « Tout sauf Sarkozy », une bonne partie de la gauche laisse passer cela (2).
Que dire de certains textes qui circulaient sur la toile, attaquant le candidat de l’UMP, avec une affiche le représentant avec les mots suivants : « Il est petit, con et cocu ».
Que dire surtout de ces textes sur Carla Bruni, qui circulent abondamment, la montrant dans sa plus simple expression (jusque là pas de problème), énumérant le nom de ses amants supposés (cela devient peu élégant, aurait-on fait cela pour un homme ?) et se terminant par cette phrase graveleuse : « Il n’y a que le train qui ne lui est pas passé dessus ! ». Et dire que plein de militants font circuler cela sans vergogne.
La fin justifie-t-elle les moyens ? Croit-on surtout que c’est ainsi qu’on combat efficacement Nicolas Sarkozy, en contribuant à le victimiser, ce qu’il saura utiliser pour reconquérir l’opinion.
Il faut surtout
Il y a suffisamment de sujets où on peut attaquer le Président de la République, entre la redistribution des richesses, la violation du vote des Français sur l’Europe (3), les attaques contre la laïcité, etc. pour que certains journalistes, qui, hier étaient en adoration devant Sarkozy, se croient aujourd’hui autorisés à utiliser toutes les méthodes, même les moins ragoûtantes, pour le lyncher.
Ce ne sera jamais notre conception du combat politique.
Jeanne Bourdillon
(1) http://www.marianne2.fr/Nicolas-Sarkozy-porte-plainte-contre-nouvelobs-com_a83665.html?preaction=nl&id=2952704&idnl=25373&
(2) http://www.liberation.fr/rebonds/254309.FR.php
(3) http://www.mediaslibres.com/tribune/index.php/2008/02/12/459-sarko-m-a-dit voir en bas de page

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