Le pacte d'Omar, point de départ de la dhimmitude

Non, il ne s’agit pas du mollah Omar, taliban qui sévit en Afghanistan entre 1996 et 2001 avec le titre de Prince des Croyants, mais d’Omar ibn al-Khattab (634-644), le 2e des « califes bien guidés ». C’est sous son règne que furent envahies la Syrie, la Mésopotamie, la Perse et l’Egypte. Il mourra assassiné. C’est en Syrie qu’Omar imposa son « pacte » aux chrétiens (1). Par ce contrat, Omar accordait sa protection aux gens du Livre en assortissant ce self-conduit de conditions draconiennes. Il fixait ainsi la situation définitive de la dhimmitude. Certains historiens musulmans qualifient ce pacte de « pacte de tolérance » de la part des musulmans.
L’hypocrisie d’Omar fut telle qu’il obligea les chrétiens à solliciter eux-mêmes la protection du calife – donc sa protection – par une lettre adressée à lui, Prince des Croyants. On peut mesurer encore maintenant dans ce texte à quel degré d’humiliation ont été abaissées les populations autochtones chrétiennes de Syrie, alors très majoritaires :
« C’est une lettre des chrétiens de telle et telle ville à l’esclave de Dieu, Omar, Prince des Croyants.
Quand vous vous êtes présenté à nous, nous avons sollicité de vous la protection pour nous-mêmes, nos descendants, nos biens et tous les membres de notre communauté. Nous nous sommes imposés :
• de ne construire dans notre ville et ses alentours ni couvent, ni église, ni cure, ni cellule de moine
• de ne pas réparer ceux qui sont détruits ni de redonner vie à ceux qui ne font pas partie du plan des musulmans
• de ne pas interdire dans nos églises les musulmans qui veulent y pénétrer, tant de jour que de nuit. D’en ouvrir largement les portes pour les passants et les voyageurs
• de recevoir pendant trois jours les musulmans qui y passent, de leur offrir le couvert
• de n’abriter aucun espion ni dans nos églises ni dans nos maisons
• de ne pas agir par tromperie à l’égard des musulmans
• de ne pas enseigner le Coran à nos enfants
• de ne pas nous montrer polythéistes (2) et de ne pas inviter quelqu’un à le devenir
• de n’interdire à quiconque de notre parenté d’entrer dans l’islam s’il le souhaite
• de respecter les musulmans, de laisser nos sièges aux musulmans s’ils veulent s’asseoir et de ne pas les imiter en toute chose vestimentaire : couvre-chef, turban, sandales, raie dans les cheveux. De ne pas utiliser leur langage, de ne prendre leurs noms, de ne pas monter en selle.
• de ne porter ni glaives ni autres armes. De ne pas graver de sceaux en arabe sur les bagues
• de ne pas vendre d’alcool
• de raser le devant de nos têtes, de nous imposer la même tenue partout où nous sommes et de porter des ceintures
• de ne pas montrer nos croix et nos Livres au passage des musulmans ou dans les marchés. De ne pas mettre en vue les croix sur nos églises, de ne pas sonner les cloches en présence de musulmans
• de ne pas sortir avec des rameaux ni faire de processions de Pâques. De ne pas élever la voix lors des enterrements et de ne pas montrer de flambeaux devant les musulmans. Que nos morts n’avoisinent pas les morts des musulmans
• de ne pas prendre d’esclaves qui ont été touchés par les flèches des musulmans
• de montrer leur chemin aux musulmans qui nous le demandent, de ne pas regarder dans les maisons des musulmans. Que les toits de nos maisons ne dépassent pas ceux des musulmans (3).
Nous nous sommes engagés ainsi que les membres de notre communauté ; nous avons accepté pour eux votre protection. Si nous passons outre ces engagements, alors que nous vous avons donné nos garanties, c’est que n’avons pas d’honneur. Il serait alors de votre droit de prendre toutes les mesures contre ceux qui vous résistent et provoquent la sédition. »
Quand ce pacte a été présenté à Omar, il a fait ajouter :
• de ne pas frapper un musulman
• de ne pas racheter celui qui est fait prisonnier par les musulmans. »
Les « bénéficiaires » de la dhimma sont au 7e siècle les chrétiens et les juifs Le « dhimmi » se définit par opposition au musulman et à l’idolâtre.
Les chrétiens d’Orient sont ainsi restés des sujets de seconde zone soumis aux volontés des gouvernants musulmans. Jean-Pierre Valognes, dans son remarquable ouvrage: Vie et mort des Chrétiens d’Orient (4) précise : « Le système de la « dhimmitude », pourtant très rapidement vécu comme une insupportable sujétion, moins pour les entraves qu’il comporte que pour la signification qu’il revêt : expression même du rapport de domination créé par la conquête, enferme les non-musulmans dans une condition de vaincus sans remède, puisqu’il pérennise les clivages résultant de l’invasion au nom d’une inégalité de principe, et interdit toute fusion entre les groupes. »
L’islam, quand il est vainqueur, instaure donc une relation de subordination entre musulmans et non-musulmans.
Cette «dhimmitude » est une protection-tolérance qui s’accompagne d’un impôt ( la djizia, la capitation) pour celui qui la « réclame ». Nous devons absolument considérer que le pacte d’Omar, quoique du 7e siècle, est de nos jours parfaitement présent dans l’islam et la conscience musulmane, qu’il sera un canevas minimal le jour où les musulmans seront démographiquement majoritaires dans un pays occidental.
L’Histoire est une leçon qu’aucun ne doit négliger. L’islamisation rampante de l’Occident, de l’Europe et de la France en particulier, doivent réveiller les endormis. Le sort des chrétiens d’Orient, qui commence à secouer les esprits, en reste cependant au stade des incantations verbales chez nos politiques. Le jour où la charia sera appliquée chez nous – si elle l’est – il n’y aura plus de retour du balancier. Pourra-t-on alors prétexter qu’on ne le savait pas ? Le malheur des chrétiens d’Orient, à l’époque du pacte d’Omar ou actuellement, sera transposé en Occident si nous n’y prenons pas garde immédiatement et si nous ne prenons pas les mesures énergiques qui s’imposent.
Que les sourds entendent, que les aveugles voient, que les muets parlent …
Bernard Dick
(1) An 15 de l’hégire (vers 637). Les chrétiens de Syrie sont restés majoritaires dans le pays jusqu’au 9e siècle et représentent moins de la moitié de la population au 10e siècle.
(2) L’existence chez les chrétiens de la Trinité, d’un Dieu en trois personnes, est considérée par l’islam comme un polythéisme.
(3) http://www.facebook.com/topic.php?uid=12462001401&topic=4577. Texte arabe d’après Ibn al-Kayyem al-Djawziyya. Traduction B.D.
(4) Valognes J.P., Vie et Mort des Chrétiens d’Orient, Fayard, 1994

image_pdfimage_print