Tous les ans, à cette époque, se joue, au Stade de France, la finale de la Coupe de France de football. Généralement, le cérémonial est le suivant : on joue l’hymne national, La Marseillaise, le président de la République descend sur la pelouse serrer la main des joueurs (souvent sous la bronca des spectateurs, qui en profitent pour faire connaître leur mécontentement). Et le match peut commencer. On se souvient qu’en 2002, en présence de Jacques Chirac, des supporters corses avaient sifflé l’hymne national. Le Président de la République – c’était un an après le catastrophique France-Algérie, ou le gouvernement Jospin, tétanisé, était demeuré silencieux quand La Marseillaise fut sifflé, et l’équipe de France insultée tout le match – avait refusé que le coup d’envoi de ce match soit donné, dans un contexte hostile à l’hymne national.
Cette année, il y a une particularité : la finale oppose deux clubs bretons, Rennes et Guingamp. Aussitôt, une élue régionale de l’Union Démocratique Bretonne (qui ne représente qu’à peine 3 % des électeurs, mais a des élus grâce aux Verts et au PS), réclame qu’on diffuse l’hymne breton. Il paraît que « ce ne serait pas un message politique, mais un message civique ». Ah bon ?
Et bien évidemment, le président de la Région, le socialiste Le Drian, saute sur l’occasion, et réclame officiellement au président de la Fédération Française de Football qu’on joue l’hymne breton lors de cette finale ! Après quelques tergiversations, la FFF paraît sur le point d’accepter cette revendication régionaliste, à condition qu’elle ne concurrence pas La Marseillaise (1). Finalement, Le Drian aurait dû aller plus loin, fidèle à l’esprit des écoles Diwan, il aurait dû demander qu’on présente les équipes de Guingamp et de Rennes en breton. Peut-être a-t-il eu peur que les Rennais ne comprennent pas le Breton de Guingamp, et vice-versa…
En pleines élections régionales, le message est clair : c’est encore une fois une façon de contester l’unité de la République, bête noire des ethnicistes bretons et de leurs alliés verts et socialistes. Ils rêvent de l’Europe des régions, qui en fera des petits féodaux locaux, débarrassés de la tutelle de l’Etat français. Ce n’est pas pour rien que l’UDB appelait à voter « oui » au traité constitutionnel européen, comme le Parti socialiste et les Verts.
Les écoles Diwan sont un laboratoire de la société dans laquelle ils veulent enfermer les Bretons. Immersion, interdit de parler français, endoctrinement régionaliste donné par des professeurs militants (2)… Cela n’avait pas empêché l’ineffable Jack Lang de vouloir introduire ces écoles dans l’Ecole publique, celle de la République. Formidâââble ! Des écoles publiques où il serait interdit de parler Français, voilà qui était moderne, et avait de quoi faire vibrer notre Jack national ! Heureusement, le conseil d’Etat cassa cette loi inique, que Jean-Luc Mélenchon fut un des rares à contester (3). Totalement en faillite, elles ne doivent leur survie qu’au financement public généreusement accordé par le conseil régional, qui a allongé 100.000 euros, en 2003, et multiplie, depuis, les subventions. La gauche bretonne qui finance les écoles privées ethnicistes, qui réclame le bi-linguisme dans la fonction publique (façon de mettre bien au chaud les petits copains régionalistes), et qui continue à se réclamer de la laïcité, quelle dégénérescence !
Un ouvrage, «Monde comme si, nationalisme et dérive identitaire en Bretagne », de Françoise Morvan, montre pourtant les réalités dangereuses du nationalisme breton, dont des franges entières basculèrent dans la collaboration avec l’occupant nazi (4), pendant que la Résistance bretonne défendait héroïquement la patrie.
On pourrait ironiser, en regardant la composition des équipes de Rennes et de Guingamp, et s’interroger sur le faible nombre de joueurs bretons. On pourrait rebondir sur l’Union européenne, choyée par nos ethno-écolos-socialistes, qui, au nom de la libre circulation des travailleurs européens, s’oppose à toute politique des quotas nationaux demandés par de plus en plus de fédérations sportives (certaines pensent qu’il faudrait au moins 6 joueurs du pays sur les 11 présents sur le terrain). Si les règles libérales voulues par Bruxelles avaient été appliquées de leur temps, de magnifiques joueurs bretons comme Raymond Keruzoré, Stéphane Guivarch, Christian Gourcuff, Christophe Le Roux ou Jocelyn Gourvennec auraient-ils réussi à faire carrière ?
Mais le plus grave, dans cette affaire, est ce précédent, autorisé par la Fédération française de football, de jouer l’hymne breton, demain soir. Que diront-ils, l’an prochain, si une équipe alsacienne rencontre une équipe corse ? Faudra-t-il faire précéder La Marseillaise de l’hymne alsacien, puis de l’hymne corse ?
Mais rendons grâce à Le Drian, contrairement à Ségolène Royal, il paie bien ses collaborateurs… au point de se faire allumer par Le Canard Enchaîné de cette semaine, en page 2. On apprend, à la lecture du palmipède, que l’ex-patron du comité régional du tourisme en Bretagne a touché, à 61 ans, lors de son départ en retraite, une indemnité de 404.000 euros, payée généreusement par les contribuables. Pas mal pour un fonctionnaire territorial, cela augure bien des pratiques bananières d’une future Région bretonne, comme des autres régions d’ailleurs, débarrassée de la tutelle de l’Etat colonisateur français.
On se souvient que les députés socialistes, pour marquer leur mécontentement contre les pratiques jugées autoritaires de l’UMP au Parlement, avaient entonné La Marseillaise, au Parlement. On voit tout le crédit qu’il faut accorder aux amis de Lang et Le Drian à ce patriotisme d’un soir…
Lucette Jeanpierre
(1) http://fr.sports.yahoo.com/01052009/79/coupe-de-france-l-hymne-breton-l-honneur.html
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-05-04/finale-de-la-coupe-de-france-info-lepoint-fr-l-hymne-breton-retentira-au-stade-de-france/920/0/340303
(2) http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/bretagne/lycee-diwan-la-region-achete-tout-31-01-2009-228830.php
http://www.communautarisme.net/Diwan,-une-ecole-qui-vient-de-loin_a274.html
(3) http://contreculture.org/Jean-Luc%20M%E9lenchon%20-%20Il%20ya%20breton%20et%20breton.htm
(4) http://www.communautarisme.net/grib/Nationalisme-breton-et-collaboration-avec-les-nazis-le-colloque-de-Brest_a23.html
http://www.communautarisme.net/grib/Nationalisme-breton-et-collaboration-falsification-historique-et-memoire-selective_a14.html