Auprès de la mission parlementaire sur le voile intégral, le CFCM a joué son rôle habituel de marchand de tapis : obtenir le maximum de concessions de la République en faveur de l’islamisation de notre société, tout en refusant la moindre concession réciproque. Comme si notre Etat laïque devait parlementer avec des religieux !
Le CFCM, par la voie de son président Mohamed Moussaoui, n’a donc rien lâché : il se refuse catégoriquement à condamner le port du voile intégral, donnant ainsi un gage aux plus extrémistes de ses membres (UOIF et Tabligh).
En revanche, il a obtenu de la mission Gérin des préconisations parfaitement anti-laïques. Certes, celles-ci n’apparaissent pas dans les 15 conclusions présentées à l’Assemblée Nationale le 26 janvier 2010 – 3 des 18 conclusions initiales ayant été rejetées lors du vote final –, mais elles apparaissent dans le corps du rapport http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i2262.asp ; nous en citons quelques-unes :
1. Ouvrir le financement de lieux de cultes par les pouvoirs publics
« Le rapport de la commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics présidée par M. Jean-Pierre Machelon avait d’ailleurs démontré que de réelles marges de manœuvres législatives existaient en ce domaine dans la mesure où l’article 2 de la loi de 1905, qui prévoit que « la République ne reconnaît, ne salarie et ne subventionne aucun culte », n’a pas valeur constitutionnelle. Cette dernière préconisait notamment d’autoriser l’aide directe à la construction des lieux de culte. »
2. Elargir progressivement le concordat d’Alsace-Moselle à l’islam
« Le rapport de la commission de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics préconisait d’élaborer un statut particulier pour l’islam qui serait constitué étapes par étapes. La première d’entre elles serait d’instaurer des cours d’enseignement religieux musulman au sein des établissements d’enseignement secondaire et donc de créer un système de formation du personnel religieux. Or, force est de constater qu’aucune action n’a été entreprise en ce sens. »
3. Créer des jours fériés à la tête du client
« L’une des propositions les plus novatrices du rapport Stasi résidait dans la volonté de prendre en considération les fêtes les plus solennelles des grandes religions présentes sur le territoire national : « La République s’honorerait, écrivait la commission, en reconnaissant les jours les plus sacrés des deux autres grandes religions monothéistes présentes en France […] Ainsi à l’école, l’ensemble des élèves ne travailleraient pas les jours de Kippour et de l’Aïd-el-kebir. Ces deux jours fériés supplémentaires devraient être compensés. » Dans le monde de l’entreprise, de nouveaux jours fériés pourraient aussi être créés, substituables à d’autres jours fériés, selon la pratique déjà existante dans les organisations internationales. La mission estime que cette idée, qui n’a pas connu de suites, mérite qu’on l’étudie à nouveau. »
4. Donner un rôle de médiation aux religieux des CRCM entre les pouvoirs publics républicains et les voilées intégrales
« A cette fin, la mission préconise que soit envisagée la conclusion de protocoles entre les représentants locaux du culte musulman et les autres acteurs susceptibles de venir en aide aux femmes portant le voile intégral que sont notamment les services municipaux, les services de l’État et les associations de défense des droits des femmes. Ces protocoles auraient vocation à être signés dans toutes les communes où le port du voile intégral est implanté. »
Ces quatre préconisations – et sans doute d’autres –, discrètement glissées dans le rapport, ne peuvent qu’alerter tous les militants de la laïcité qui devront être vigilants auprès des représentants du peuple pour qu’elles ne donnent lieu à aucune suite.
A l’inverse de ces propositions scandaleuses, le vote final du rapport a abrogé deux dispositions écrites sous la pression des organisations musulmanes :
– Créer une Ecole nationale d’études sur l’islam ;
– Engager un travail parlementaire sur l’islamophobie et sur la lutte contre les discriminations à l’encontre des personnes de confession musulmane.
Le CFCM, lors de son audition, avait particulièrement insisté pour qu’on crée un machin quelconque contre ce qu’il appelle l’« islamophobie ». Evidemment, il mettait derrière ce terme toute l’ambiguïté déjà dénoncée dans nos colonnes, à savoir la confusion volontaire entre la critique de l’islam et des actes de discriminations ou de racisme.
Il est donc heureux que les parlementaires de la mission aient refusé d’entrer dans ce jeu, mais hélas leurs arguments sont franchement à côté de la plaque. Selon l’AFP, le président de la mission parlementaire André Gérin a dit que la proposition de mission sur l’islamophobie avait été rejetée « parce que le voile intégral n’est pas une prescription islamique, donc pas un signe religieux ». De son côté le rapporteur, Eric Raoult, a expliqué que les parlementaires n’avaient pas jugé pertinent de se pencher spécialement sur l’islamophobie plutôt que sur l’opposition à toute autre religion.
Donc pour Monsieur Raoult, l’opposition à une religion serait condamnable ! C’est la restauration même du délit de blasphème.
Quant à la réponse de Monsieur Gérin, elle manque cruellement de logique. Si le voile intégral n’a pas de rapport avec l’islam, selon lui, alors on se demande pourquoi la mission a cru bon de faire autant de concessions… aux représentants du culte musulman !
Plus que jamais, nous devrons donc être vigilants quant aux suites données à ce rapport. La mission Gérin a fait un premier pas sans doute nécessaire, mais encore trop flou, ambigu et timide pour qu’il soit réellement efficace contre les soldats et soldates de l’islam politique.
Roger Heurtebise