S'unir dans la clarté pour agir avec efficacité

Ca y est. Le premier contre-feu est allumé. 39 organisations nationales de « défense de la laïcité » ont publié, le 31 janvier, un communiqué de presse répondant fermement aux discours du président de la République mettant en danger notre République dans sa nature laïque telle qu’elle est proclamée par l’article premier de notre Constitution, et réaffirmant leur attachement à la loi de séparation des Eglises et de l’Etat (1). A « Riposte Laïque », engagés dans l’analyse des discours et dérives « anti-laïques » et communautaristes portés, aussi bien, par les responsables gouvernementaux que par de nombreux politiciens de l’opposition du « centre et de gauche », promoteurs de nombreuses répliques contre ces discours et dérives, nous ne pouvons que nous réjouir de cette (première ?) offensive se réclamant des deux premiers articles (intangibles) de la loi de 1905 et se plaçant sous l’égide de l’article premier de notre Constitution . Aussi nous sentons-nous partie prenante de ce combat que nous avons, pour une part, initié, et sommes-nous prêts à relayer tous les textes qu’il suscitera, à soutenir toutes les actions qui pourront s’engager, à participer à toutes les démarches communes qui pourront surgir, à aider à la réalisation de cette « unité des défenseurs de la laïcité » indispensable aujourd’hui. Car la menace est forte, l’offensive vigoureuse et habile, les moyens mis en oeuvre nombreux et massifs : il s’agit, en effet, pour ceux qui nous gouvernent et ceux qui les appuient sans le dire, d’effacer l’esprit et la lettre de la loi de 1905 en vidant de sa substance son article 2 avant d’assurer le retour dans et sur l’espace public des églises, de toutes les églises. Et cette visée doit être atteinte car elle participe de la construction politique de l’Europe à laquelle ils sont attachés, caractérisée par le futur « traité simplifié » qui n’est rien moins que l’ancien projet de traité constitutionnel revisité. Car les attaques sont multiples et coordonnées. Le chef d’orchestre élyséen « théorise » à travers ses discours du Latran et de Riyad (dont nous avons précédemment analysé les contenus) qui ont dû réjouir un Benoît XVI chantre de « l’espérance immatérielle » et pourfendeur du « laïcisme »! Le premier violon de l’Intérieur s’attache à concrétiser la mise en musique : 1 000 000 d’euros publics (en 2007) pour la « fondation pour les oeuvres de l’islam », l’élargissement de ce type de structure aux autres religions (et sectes ?), la transformation des « associations cultuelles » en « associations culturelles »(pour leur distribuer légalement l’argent public), la reconnaissance des diplômes délivrés par les universités religieuses, la préparation du retour des congrégations, l’acceptation des revendications communautaristes (carrés musulmans dans les cimetières, construction massive de mosquées sans besoin aucun), la mise en place d’un dialogue spécifique avec les églises (la liste n’est pas close : chacun s’emploiera à la compléter). Le hautbois du Conseil Français du Culte Musulman criaille sa demande de moratoire sur la loi de 1905 et, en écho, ses acolytes de l’UOIF déclinent lourdement les aspects de la loi coutumière qu’ils veulent imposer!Et le choeur magmatique des responsables territoriaux, de gauche et de droite mêlés, dilapide la ressource publique en baux emphytéotiques, subventions pour la construction de lieux de culte, aides au fonctionnement d’associations confessionnelles de toutes sortes. Tandis que l’évêque de Digne se fend d’un couplet sur les valeurs à proposer aux candidats aux élections municipales ( « La Provence » du 2 /02 /08) nostalgique sans doute du « bon vieux temps » où les prêtres désignaient ceux pour qui il fallait voter. Sans oublier la voix de fausset de ces trois députés socialistes qui veulent faire reconnaître par la loi les langues régionales à l’égal de la langue nationale. Face à un tel déferlement le communiqué des 39 est un début. C’est bien. Mais est-ce suffisant ? Le texte est un compromis laborieux : on devine où le bât blesse. Il y a, en signatures, des associations qui ont besoin de mesurer leurs prises de position et leurs actions à l’aune de la loi de1905 qui, en laissant l’Etat chez lui et les églises chez elles, assure la primauté de la loi générale sur toute loi religieuse, coutumière, traditionnelle, exclut la « reconnaissance » des religions qui ne peuvent être « un service public », permet l’égalité et l’unité des citoyens, surtout quand ce sont des citoyennes. Il manque surtout de perspectives : l’âpreté du combat qui s’engage suppose de se doter d’armes efficaces et de tracer des projets mobilisateurs. A l’offensive « tous azimuts » lancée par l’Elysée et ses soutiens déclarés ou masqués, va-t-on se contenter d’un communiqué de presse comme riposte, voire d’une pétition, puis passer à autre chose ? Aux municipales, en particulier ? Justement : aux municipales ! Voilà un terrain sur lequel vont pouvoir s’exprimer les défenseurs de la laïcité, sur lequel ils vont pouvoir agir, sur lequel ils vont savoir qui veut maintenir et renforcer vraiment l’esprit et la lettre de la loi de 1905 !qui veut les abolir!qui fait mine de les défendre par la parole tout en les détruisant par ses actes ! « Riposte Laïque » propose un texte à adresser aux candidats qui prétendent à la direction des communes par chacun de ses lecteurs, par toutes les associations locales et nationales qui ont, au coeur, la laïcité, par tous les défenseurs de cette laïcité en fait, !Texte de base à améliorer, corriger, amender, mais texte qui permettra de faire s’exprimer clairement la position de chaque candidat, sans faux-fuyant aucun, et qui , porté à la connaissance des citoyens avec les réponses obtenues, laissera chacun juge de la réalité de l’engagement « laïque » des listes en présence. Nous encourageons nos lecteurs à nous faire parvenir des textes où une liste met la laïcité au coeur de son projet, ou d’autres montrant les graves dérives constatées dans leur commune : c’est une démarche à impulser. D’autres formes d’action sont possibles, il faut les initier toutes, en inventer de nouvelles. Et le nombre important d’ associations locales a, sur ce point, une force véritable pour peu qu’elle s’exprime. Du simple message au député local à la grande manifestation nationale (à prévoir d’ores et déjà ), en passant par l’interpellation des candidats aux différents scrutins électoraux, la diffusion massive de « Riposte Laïque »(et autres vecteurs de communication), l’intervention dense et régulière dans les média locaux et nationaux, la tenue de réunions de quartiers, de villages, de villes,!.Sur ce dernier point, après Guylain Chevrier à Saint-Denis, Brigitte Bré Bayle à Aubagne, Pascal Hilout au Perreux et Pierre Cassen à Flers, après Arles (lire agenda), tous nos intervenants sont disponibles pour animer des réunions publiques ou des débats contradictoires là où vous souhaiterez les inviter, sur des thèmes variés mettant en avant la défense et le renforcement des principes laïques fondamentaux. (2). C’est un vrai contre-feu qu’il faut allumer tout en suscitant l’ouragan qui va le pousser contre le feu présidentiel pour l’absorber et l’étouffer ! Mais cela ne pourra se faire que si chacun est convaincu que la laïcité est une et non qualifiable : foin de « laïcité positive », certes, mais pas davantage de « laïcité plurielle », « ouverte », « modernisée », « de tolérance », « du XXIème siècle » ! Mais cela ne sera possible que si se réalise le vaste mouvement unitaire de tous ceux qui fondent le principe actif de la laïcité sur la stricte rigueur des articles 1 et 2 de la loi de 1905. Mais cela n’aura de réelle efficacité que si chacun extirpe de son for intérieur les scories du communautarisme, religieux ou autre, et réaffirme dans son action quotidienne la primauté de la loi générale. M
ais cela ne pourra se réaliser que si chacun comprend qu’il n’y a pas à organiser les religions et à les réintroduire dans l’espace public de quelque manière que ce soit, ou à n’en organiser qu’une qui serait privilégiée sous des prétextes aussi divers que fallacieux : « l’Etat n’est ni religieux, ni irreligieux : il est a-religieux ». La parole de Briand est encore plus vraie aujourd’hui. Le temps presse : ce n’est pas quand le fleuve s’est répandu dans la plaine qu’il faut se lamenter sur l’inondation intervenue. C’est à la première fissure de la digue qu’il faut intervenir : nous avons laissé trop de crevasses s’ouvrir dans la digue de la laïcité ! (1) http://librepenseefrance.ouvaton.org/spip.php?article176 (2) http://www.ripostelaique.com/spip.php?page=quisommesnous

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