Un maire-adjoint socialiste : votez pour moi parce que je suis noir !

Lucien Fontaine, maire-adjoint à Amiens (Somme), s’adresse à ses concitoyens et aux responsables du Parti Socialiste dans une vidéo publiée sur le site musulman oumma.com : http://oummatv.tv/Je-ne-veux-pas-etre-le-noir-de
Pour dire quoi ? Nous allons le découvrir ensemble.
Lucien Fontaine remercie d’abord Oumma TV de lui accorder une tribune, ce qui serait selon lui une « preuve d’ouverture et de dialogue républicain ». On saura donc qu’il faut aller sur ce site musulman pour dialoguer avec les élus républicains comme Lucien Fontaine, qui qualifie d’ailleurs Oumma TV de « média républicain ». Logique. Attendons-nous à ce que le prochain conseil municipal d’Amiens se tienne dans une mosquée, une « mosquée républicaine ». On comprend désormais mieux pourquoi les contribuables français doivent financer les mosquées. Et tant qu’on y est, on peut également supprimer les écoles républicaines, puisque la plupart des mosquées républicaines ont une école coranique. Ca fera des économies à l’Etat, et ça fera également plaisir au président de la République qui trouve le curé, le rabbin et l’imam plus compétents que l’instituteur.

Lucien Fontaine nous explique pourquoi il vient causer à Oumma TV : « Je suis venu vous exprimer mon ambition et mon envie, car je me présente à la députation européenne ». Nous en sommes ravis pour lui, mais on ne saisit pas tellement pourquoi son ambition et son envie le distingueraient des autres candidats, et en quoi ça intéresse les citoyens et les électeurs. On ne vote pas pour quelqu’un parce qu’il est ambitieux ou qu’il a envie d’être élu, mais parce qu’il le mérite.
Pourquoi cette candidature ? « Est-ce que c’est juste pour faire beau, pour être le noir de service sur une liste ? Non, pas du tout ! », explique-t-il. On est rassuré. On connaît déjà deux non-raisons de la candidature de Lucien Fontaine.
Alors pourquoi ? « Cette candidature est pour moi réellement fondée car l’Europe est vraiment le lieu de l’action politique locale parce que beaucoup de décisions se prennent à l’intérieur de l’Europe. L’Europe pour moi n’est pas que quelque chose d’économique et quelque chose qui permet juste à des pays de faire de la transaction commerciale. »
Pour moi aussi, et pour vous aussi sans doute. Mais ça ne veut pas dire pourquoi Lucien Fontaine serait mieux comme candidat que vous et moi. Ce sont ses compétences à lui qui nous intéressent et qui peuvent convaincre ! Ca va peut-être venir dans la suite de l’exposé. Quel suspens !
« Mais [l’Europe] ce sont d’abord des hommes et surtout des hommes qui représentent des hommes issus de la diversité ».
Donc les hommes élus au Parlement européen doivent représenter les hommes (les autres, ceux qui ne sont pas élus), mais « issus de la diversité ». Si vous êtes un homme ordinaire (ou une femme), issu de la non-diversité (donc blanc, hétérosexuel et non-musulman), tant pis pour vous. Lucien Fontaine ne peut rien pour vous. L’Europe non plus.
Et Lucien Fontaine cite un « exemple concret » pour qu’on comprenne mieux : « Cet exemple concret, c’est Barack Obama ». J’ignorais que Barack Obama était un élu exemplaire de la diversité au Parlement européen, ou l’avait été. On en apprend tous les jours.
Lucien Fontaine compare ensuite les Etats-Unis à l’Europe, « le plus vieux continent ». C’est vrai que c’est instructif, oumma.com ! J’ignorais également que l’Europe était le premier continent. Ceci dit, on ne voit pas en quoi ces considérations géologiques concernent la candidature de Lucien Fontaine à la députation européenne.
« Cette Europe qui prône l’égalité des chances, n’a jamais rien mis en pratique autour de la représentativité politique ». Ah bon ? Pourtant je pensais que l’Europe, qui a inventé la démocratie et la représentation politique des élus, avait mis ces principes en pratique. Il faudra que je potasse mes cours d’Histoire…
Lucien Fontaine poursuit : « Vous allez me dire : mais non, Monsieur Fontaine, nous voyons beaucoup de gens noirs, arabes, jaunes, rouges, être représentatifs de la population. Mais ils sont représentatifs où ? Dans le sport ? Dans la chanson ? Dans la culture ? Mais est-ce que ça, c’est représentatif de la politique ? »
Ah OK, quand Lucien Fontaine parlait de la « représentativité politique » en Europe, il parlait de la représentativité politique par des gens noirs, arabes, jaunes et rouges. On progresse.
« Pour moi c’est représentatif d’un néo-colonialisme du vieux continent ». Là on ne comprend plus à nouveau : qui colonise qui en Europe ? Où est la métropole et où est la colonie ? Je vois mal comment on peut coloniser son propre territoire. Et en quoi les « gens noirs, arabes, jaunes, rouges » du sport, de la chanson, de la culture, représenteraient ce néo-colonialisme ? Comme colonisateurs ou comme colonisés ? Ca demanderait quelques explications supplémentaires.
« Cette Europe, si elle voulait vraiment intégrer dans son exécutif des gens issus des diversités comme moi, elle aurait pu le faire. Mais elle ne l’a pas fait. Ca en dit long sur une certaine mentalité qui n’a pas changé. »
J’avais cru que ce sont les électeurs, et non « cette Europe », qui « intègrent » des gens dans leurs assemblées, tout simplement en votant pour eux. Comme ils l’ont fait pour Lucien Fontaine au conseil municipal d’Amiens. Non, ça ne se passe plus comme ça désormais. Si je comprends bien Lucien Fontaine, son parti politique doit retenir des gens comme lui sur ses listes parce qu’ils sont issus de la diversité, donc en fonction d’une couleur de peau ou d’une origine. Peu importe les mérites et les compétences. D’ailleurs elles ne sont d’aucune utilité à « cette Europe » à qui Lucien Fontaine trouve une « mentalité arriérée ». Normal pour « le plus vieux continent », qui heureusement, grâce à l’arrivée de Lucien Fontaine va sérieusement évoluer. Merci à ce Barack Obama picard, sans qui nous serions restés dans l’obscurantisme géologique.
Lucien Fontaine continue : « Je ne suis pas pour faire de la victimisation. » Non, ou si peu. « Mais je m’adresse à vous, citoyens, je m’adresse à vous, mon parti politique, pour que vous mettiez en pratique ces symboles que sont liberté, égalité, fraternité, et surtout re-pré-sen-ta-ti-vi-té po-li-ti-que. »
Je pensais que la République n’a pas attendu Lucien Fontaine pour appliquer ses valeurs. Mes profs d’Histoire m’auraient-ils menti ?
Lucien Fontaine explique ensuite que « des gens issus des DOM-TOM », ses « camarades guadeloupéens », « des gens issus des banlieues ne se sentent pas représentés par cette République. »
Pourtant, à ma connaissance, les habitants des DOM-TOM comme les villes des banlieues participent à des élections régulières, et rien ne les empêche de se présenter. Alors où est le problème que veut soulever Lucien Fontaine ? Il ne le dit pas clairement, mais on voit où il veut en venir : il faut des candidats et des élus noirs qui représentent les noirs d’Amiens ou d’ailleurs, il faut des candidats et des élus arabes qui représentent les Arabes, des Asiatiques pour les Asiatiques, des musulmans pour les musulmans, des homosexuels pour les homosexuels, etc.
(Et aussi des Blancs hétérosexuels pour les Blancs hétérosexuels. Mais comme eux, ils ne réclament pas de « représentativité » spéciale. Ca tombe bien parce qu’après avoir casé tous les autres il n’y aura plus de place pour eux.)
Donc voilà pourquoi Lucien Fontaine présente sa candidature, et veut que son parti la retienne, et veut que les électeurs votent pour lui : parce qu’il est noir et qu’il veut représenter les noirs de France au Parlement européen. Fallait le dire tout de suite !
Lucien Fontaine s’adresse ensuite à Martine Aubry et Benoît Hamon, donc ça ne nous regarde pas. On peut simplement espérer que ces deux responsables du Parti Socialiste lisent régulièrement oumma.com pour être au courant des candidats à la candidature européenne dans leur parti.
Et enfin Lucien Fontaine s’adresse à ses « chers concitoyens », sans qu’on sache s’il s’agit des noirs qu’il compte représenter, ou de tous les citoyens français. Mais vu qu’il avait une mauvaise opinion de la « mentalité » de la majorité d’entre eux, le fait qu’il dise « chers concitoyens » laisse penser que c’est la première hypothèse qui est la bonne.
Il dit à ces concitoyens : « Il est temps que nous mettions en pratique cette obamania que l’Europe applaudit tous les jours ».
Donc le programme électoral de Lucien Fontaine, c’est ce qu’il appelle l’obamania, c’est le fait de représenter les noirs par des noirs aux assemblées, etc. On voit donc qu’effectivement, les compétences des candidats ne comptent guère dans une telle conception de l’activité politique.
Lucien Fontaine illustre bien la « promotion de la diversité » que le Président de la république voulait même inscrire dans notre Constitution : on vote pour quelqu’un à cause de sa couleur de peau ou de son origine, et parce qu’il représente les gens de même couleur ou de même origine. Voter pour des gens en fonction de leurs compétences, de leurs qualités, de leur expérience, et de leur capacité à mettre tout ça au service du peuple, c’est une mentalité néo-coloniale et ringarde.
Adieu également, le premier article de la Constitution française : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »
Car tout cela n’est plus vrai. Quand on est « issu de la diversité », on a un droit électif supplémentaire : celui de représenter ses congénères raciaux ou ses coreligionnaires. Et évidemment de privilégier leurs demandes communautaires.
Je me pose tout de même une toute dernière question : voteriez-vous pour Lucien Fontaine et son programme d’apartheid électoral ? Sans doute pas, sauf si vous êtes noir – ou converti à la négritude – et que voulez être représentés par lui, ce qui ne serait pas forcément à votre avantage. Dans ce cas, il est un peu normal que les gens qui agissent comme lui ne gagnent mathématiquement aucune élection à scrutins majoritaires. Et en donnant cette impression aux Français de leur imposer des candidats comme Lucien Fontaine à cause de raisons – la couleur de peau ou l’origine – sans aucun rapport avec l’égalité des citoyens et leurs mérites, la « promotion de la diversité » ne va certainement pas arranger les choses.
Heureusement, tous les candidats noirs, arabes ou autres n’ont pas cette démarche clientéliste et communautariste. Ils deviennent des élus quand ils le méritent. Mais hélas, Lucien Fontaine et tous les partisans de « la promotion de la diversité » jettent le discrédit sur tous les candidats « issus de la diversité » qui n’ont pas besoin de tout ce fatras racial et victimaire pour faire valoir leurs réelles compétences et leurs réelles qualités.
Djamila GERARD

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