Bertrand Delanoé, maire de Paris, et Daniel Vaillant, maire du 18e arrondissement, sont des fidèles compagnons de Lionel Jospin, depuis la première heure. Le moins qu’on puisse dire est que, sur la laïcité, il y a une remarquable continuité dans leur action.
Lionel Jospin, en 1989, alors ministre de l’Education nationale, fut celui qui autorisa les signes religieux à l’école, suite à l’affaire de Creil, que le livre « Les dessous du voile » évoque longuement. C’est à cause de lui, mais aussi de tous les capitulards de gauche, politiques, associatifs ou syndicaux, qu’il a fallu attendre quinze ans, et la loi du 15 mars 2004, pour mettre fin au scandale du voile à l’école publique. Et si cette gauche avait été au pouvoir, il n’y aurait toujours pas de loi !
Bertrand Delanoé, autre grand laïque, se distingua, à la mort de Jean-Paul II, en étant le premier maire français à donner le nom d’une place publique à celui qui avait soutenu les pires dictatures d’Amérique centrale, avait tenu des propos homophobes, et avait devancé Benoit XVI dans les propos contre le préservatif. Dans la foulée, tous les ans, il cède des gymnases municipaux aux musulmans, à l’occasion de la rupture du jeûne du ramadan. Et il organise un grand raout nocturne et hallal pour l’occasion… aux frais des Parisiens !
Et aujourd’hui il se prépare à financer la construction d’une mosquée, dans le 18e arrondissement, en mettant la main à la poche (des contribuables) à hauteur de 22 millions d’euros, auxquels s’ajoute un prêt de 6 millions, dont ni les délais ni les modalités de remboursement n’ont été publiées.
Bien évidemment, nous avons droit à l’escroquerie habituelle. Le côté cultuel serait financé par une association indépendante, et la ville ne paierait que le côté culturel. Comme si, dans la religion musulmane, une mosquée n’était qu’un simple lieu de prière ! Comme si elle n’était pas en même temps une mairie, une bibliothèque, une école, et un lieu où, loin d’apprendre l’intégration, on enseigne surtout comment demeurer un bon musulman, malgré un environnement laïque !
Le maire de Paris sera aidé, lors du vote, par une intervention lamentable de Daniel Vaillant (1). Mais ce sont surtout les arguments de l’ancien ministre de l’Intérieur de Jospin qui valent le coup d’être décortiqués.
« Aujourd’hui, comme beaucoup de villes en France, Paris et le 18ème souffrent d’un manque de lieux permettant la pratique digne du culte musulman ». Ceux qui connaissent le 18e arrondissement seront surpris de voir que pour Vaillant, la priorité, ce n’est pas la montée du communautarisme, de la violence, de la délinquance, de l’islamisation du quartier, c’est le manque de mosquée !
« Le spectacle de ces centaines de fidèles priant chaque vendredi, dans la rue est à cet égard affligeant ». Pour un peu, Vaillant nous ferait pleurer sur le sort des malheureux barbus. Cet ancien ministre de l’Intérieur n’a pas un mot pour condamner l’invasion de l’espace public par des prières à Paris comme à Torcy, Strasbourg ou Montpellier. Existe-t-il des adeptes d’une autre religion qui osent agir ainsi ? Il ne comprend pas – ne veut pas comprendre ? – que c’est une stratégie islamiste pour obtenir toujours davantage de concessions de la part d’idiots utiles, dont Vaillant est des plus parfaits échantillons. Pas étonnant qu’avec un tel ministre de l’Intérieur, Jospin n’ait fait qu’une mi-temps aux présidentielles de 2002 !
« Accueilli sur deux terrains distincts respectivement de 970m2 et de 535m2, situés au 55 de la Rue Polonceau et au 56 de la rue Stephenson, l’Institut des cultures d’islam aura une surface globale d’environ 4000 m2. » L’équipe Delanoé pleurniche qu’il n’y a plus de place à Paris, et qu’il faudrait faire des grandes tours pour mettre de nouveaux habitants. Et elle utilise 1500 mètres carrés de terrain public pour faire construire une mosquée, pendant que les prix de l’immobilier dissuadent des millions de banlieusards d’aller vivre à Paris, et leur impose des heures de voyage dans les transports en commun !
« Cette laïcité, au cœur de mon engagement politique depuis toujours, en vaut bien d’autres. Elle se veut garante de l’égalité dans l’accès au culte de son choix, et garante du respect de celles et ceux qui, comme moi, ne pratiquent aucun culte.
L’athée que je suis, a d’ailleurs été le ministre des cultes de notre République de 2000 à 2002 ».
Double bonnet d’âne, Vaillant ! La laïcité, ce n’est pas l’égalité des religions, c’est la séparation du religieux et du politique. Il convient de rappeler à celui ose se dire laïque tous les trois mots qu’il n’y a pas de ministre des Cultes, en France (ce serait contraire à l’article 2 de la loi de 1905, qui affirme que la République ne reconnaît aucun culte), mais un ministre CHARGE DES CULTES. D’autre part, peu m’importe qu’il soit athée, ce qui est grave, c’est qu’il serve ainsi la soupe à l’islam.
Le reste est à l’avenant, larmoyant, compassionnel, typiquement à l’image des discours d’une gauche bobo qu’un film comme « La journée de la jupe » a brillamment pulvérisé, le 20 mars, sur Arte.
Les Parisiens seront donc ravis d’apprendre qu’ils paieront 9 % d’impôts en plus (2), pour financer la mosquée Delanoé-Vaillant. Sans oublier 51% de plus sur la taxe foncière… dont évidemment est ipso facto exonérée la mosquée à 28 millions d’euros…
Ils seront rassurés d’apprendre, dans un quartier qui illustre les « Territoires perdus de la République » que c’est avec un lieu cultuel, demandé par les plus déterminés des militants musulmans, que les élus de la République répondent à la crise sociale. Bien évidemment, on ne consultera pas les habitants du quartier, pour savoir si ce projet remporte l’adhésion d’une majorité d’entre eux, la démocratie participative, c’était un gadget de campagne, comme l’idée d’un nouveau référendum sur le traité de Lisbonne !
Cela n’empêchera pas les Tartuffes parisiens qui vont voter ce projet de crier à la défense de laïcité quand Sarkozy parle de « laïcité positive ».
On se demande bien pourquoi Delanoé n’a pas fait alliance tout de suite avec Martine Aubry, ses piscines communautaristes et ses amis de l’UOIF, au congrès du PS. Une motion commune sur la laïcité des deux duettistes n’aurait pas manqué de sel.
A la lecture du texte de Vaillant, et des projets de Delanoé, on n’a vraiment aucun regret que Lionel Jospin ait été renvoyé dans ses foyers par le peuple, en 2002, dès le premier tour. Cela aura au moins évité que ces deux-là ne soient ministres.
Lucette Jeanpierre
(1) http://www.groupe-psrga-paris.fr/intervention-de-daniel-vaillant-relative-a-linstitut-des-cultures-dislam.html
(2) http://www.lefigaro.fr/impots/2008/10/08/05003-20081008ARTFIG00453-delanoe-augmente-les-impots-locaux-a-paris-.php